I wanna fly, so high, and leave the world behind

Après Flight : 5 vrais crashs d'avions qui pourraient faire de bons films

Top 5 | Par Yohann Ruelle | Le 15 février 2013 à 17h03

Flight s'est posé tranquillement ce mercredi sur les écrans français. Pour composer le récit d'un pilote de ligne rongé par ses addictions, Robert Zemeckis et son scénariste John Gatins se sont inspirés de deux véritables événements.

L'occasion était trop belle : après avoir infiltré les méandres du web obscur, nous avons déniché 5 histoires incroyables de crashs aériens qui pourraient faire chanter les sirènes d'Hollywood. Embarquement immédiat !

Au cours de sa carrière exceptionnelle, Robert Zemeckis a enfanté une ribambelle d'oeuvres ayant profondément marqué son temps et notre âme de spectateurs. Citons Retour vers le futur, Roger Rabbit ou Forrest Gump, dont la simple évocation suffit à imposer le respect absolu. Son goût pour les effets visuels (dont on parle d'ailleurs cette semaine dans Le Bon Plan) lui ont fait prendre une direction particulière dans les années 2000. En vieux routier du divertissement, Robert Zemeckis a ainsi passé la dernière décennie à créer le cinéma de demain. On lui doit en 2004 Le Pôle Express, premier film intégralement tourné en performance capture, cette technique de synthèse permettant de reproduire virtuellement les mouvements et expressions faciales des acteurs. Une expérience technologique qui ouvrira au réalisateur la voie pour la mise en chantier de La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge.

Le retour de Bob sur un tournage en live action est un petit évènement en soi. Le réalisateur le confie à qui veut l'entendre : « C'est le fabuleux script de Flight qui m'a fait revenir au cinéma traditionnel ». Un scénario signé John Gatins (Real Steel, le futur Need for Speed) qui a commencé à écrire son script en 1999 et s'est inspiré de deux accidents arrivés en cours d'écriture.

En 2000, le Vol 261 Alaska Airlines s'écrase avec ses 88 passagers au large de Los Angeles à cause d'une défaillance du contrôle directionnel de l'avion. En 2001, l'exploit des pilotes du vol 236 Air Transat est très médiatisé au Canada, pays d'origine du pilote Robert Piché. Tombé en panne de kérosène en plein milieu de l'Océan Atlantique avec 306 personnes à bord, l'avion perdit successivement un puis deux moteurs. Avec sang froid, l'équipage entreprit un atterrissage d'urgence dans les Açores, après un vol plané sans électricité de plus de 20 kilomètres ! Détail d'importance : après son geste héroïque, Robert Piché s'est retrouvé en cure de désintoxication pour vaincre ses problèmes liés à l'alcool...

Solidaires comme nous sommes, nous avons donc décidé de donner un coup de main aux scénaristes férus de catastrophes aériennes. Cinq récits incroyables, cinq sujets en or, cinq films potentiellement démentiels.

You're welcome, Hollywood.

Les Saigneurs : droit au but

6 février 1958, crash de Munich. Parlez donc à un vieux mancunien de cette date fatidique et vous aurez droit au même spectacle : mine tourmentée des jours sombres, trémolos dans la voix, larmichettes de désespoir et regard divaguant vers l'horizon. Car en ce jour maudit, la foudre divine s'abattit sur l'équipe de foot de Manchester United (enfin, plus précisément une tempête de neige).

Ce matin-là, les Red Devils dansent la salsa du démon : la veille, ils se sont qualifiés pour les demi-finales de la Coupe d'Europe, grâce à un match nul dantesque 3-3 arraché sur la pelouse de Belgrade. Accompagnés d'une nuée de supporters et de journalistes, les « Busby Babes » rentrent victorieux à la maison par le vol 609 British European Airway. Il est 15 heures lorsque l'avion fait une escale à Munich pour se ravitailler en carburant. Problème : ils ne parviennent pas à redécoller. Après deux tentatives infructueuses, le pilote décide avec son co-pilote de tenter un troisième décollage - fatal. L'avion roule, et bien, sur la piste mais ne daigne pas s'élever dans les airs. A cause de la neige alourdissant les ailes ? Hélas, ayant pris trop de vitesse, il finit sa course encastré dans une maison et un entrepôt de carburant (c'est ce qu'on appelle faire le plein).

Ok. Dis comme ça, c'est pas très réjouissant. On imagine un drame larmoyant à souhait, centré sur le prodige Duncan Jones, attaquant vedette de l'équipe et considéré par beaucoup comme le futur meilleur joueur du monde. Mais soyons créatifs et novateurs : osons l'adaptation française avec Les Saigneurs ! C'est tout bénef : de la bouillie comique signée Dahan, faisons un slasher bien gore avec décapitations. Carton assuré.

L'homme qui murmurait à l'oreille du Mont Fuji

5 mars 1966, crash d'un Boeing 707 sur le Mont Fuji. Voilà une histoire assez mortelle que n'aurait pas renié le très bucolo-écolo-oniro-prosélytiste Terrence Malick. En 1966, Bernard Dobson, 45 bougies au compteur, allume les gaz du Boeing 707 du vol 911 de la British Overseas Airways Corporation et décolle de l'aéroport de Tokyo Haneda. Pilote expérimenté manoeuvrant ce type d'avion depuis 1960, Nanar aime son job. C'est un rêve de gosse, a lifetime achievement, le phare dans son brumeux quotidien, le sel de son couscous merguez, la sucrette qu'il ajoute dans chacune de ses tasses de café. La tête dans les nuages, il se sent libre, apaisé, en communion avec les éléments et le divin.

Attentionné et bienveillant, les yeux rieurs, le visage joufflu, Bernard a toujours le petit mot pour mettre à l'aise les passagers ! Ce matin-là, dans un élan de sympathie et de générosité (c'est tout lui ça), il se dit qu'il va faire admirer le splendide Mont Fuji d'un peu plus près à ses voyageurs. Qui n'a pas rêvé d'un cliché perso du volcan assoupi, berceau sacré des fantasmes populaires, pour ramener une part d'exotisme chez soi ?

Bon, l'ennui, c'est qu'approcher une montagne avec un avion de ligne peut parfois, exceptionnellement, dans de rares occasions, conduire à une mort certaine. Un climat instable, trop de perturbations et PAF ! 124 morts. Nanar au tapis.

Bien entendu, s'il veut décrocher une nouvelle Palme d'or, l'ami Terrence doit retracer toute la vie du bougre : de la naissance du monde à cette fatale et féconde moisson du ciel.

Quand le ciel tombe...

1er novembre 1955, crash dans le Colorado. Les relations conflictuelles entre parents et progénitures n'ont que très rarement été traitées sur le tempo haletant du film d'espionnage. Cinéastes de l'impossible, voici un défi de taille pour vous : transmettre à l'écran l'histoire rocambolesque de John Gilbert Graham, ce jeune américain qui fit exploser une bombe dans le sac à main de sa mère, entrainant le crash de 44 passagers et un Douglas DC-6B, dans le but honorable de toucher une petite prime d'assurance de 37.500$.

Quoi, tout ça pour l'argent ? Non, il faudrait un twist. La mère de John, Daisie Eldora King, serait en réalité... une espionne russe du nom de Natasha, qui a dérobé les plans de la zone 51. Ah, la sale pourriture communiste !

Mais John, brillant membre la BEJMC (Brigade d'Espionnage Juvénile du MacCarthisme) n'est pas né de la dernière pluie et découvre vite le sombre secret de sa mère (qui finalement, s'avérera être son père dans un autre twist final phénoménal). S'ensuit alors après mille péripéties une course-poursuite (utilisation outrageuse des ralentis à prévoir) chorégraphiée par les Yamakasi, débouchant sur une intervention de la police qui arrête John. Tout espoir semble perdu mais notre coquin de héros a prévu son coup : d'un interrupteur caché sur son téton, il active le C4 qu'il a placé dans le sac à main de sa mère et désintègre toute menace qui pesait sur la sécurité nationale. GG, John !

(Luc Besson toi qui me lis et a déjà acheté les droits d'adaptation de ce pitch, je te conseille d'occulter la partie où John est exécuté un an plus tard pour son acte. Faudrait pas se saper la possibilité de développer une franchise !)

Panic ! at the croco

25 août 2010, crash de Bandundu. Des serpents dans l'avion, c'est trop has been. Je propose qu'on passe un cran au dessus et qu'on réalise un spin-off bien plus carnassier, hmm disons avec des crocodiles. Pas très crédible me direz-vous ? Ben tiens, allez dire ça aux vingt passagers du vol Kinshasa-Bandundu, en République démocratique du Congo.

Le 25 août 2010, 19 personnes décèdent dans le crash d'un appareil de la compagnie congolaise Filair, à 500 mètres de l'aéroport régional de Bandundu. Les premières raisons officielles invoquées font état d'une panne de carburant. Mais un rapport d'enquête commandé par le Conseil professionnel des transporteurs aériens (CPTA) évoque une toute autre raison, basée sur le témoignage de l'unique survivant.

L'un des passagers avait dissimulé un crocodile, qu'il comptait revendre, dans un gros sac de sport dont le reptile s'est échappé alors que l'avion amorçait sa descente. L'hôtesse, effrayée, s'est précipitée vers le cockpit, aussitôt imitée par les passagers. Déséquilibré, l'appareil est parti en vrille, malgré les efforts désespérés du pilote pour le redresser.

C'est certain : tourner une scène avec un crocodile-roi tacheté « dissimulé » sous une robe deviendra, pour le coup, moins efficace. Mais le potentiel horrifique est là : arrachage de sièges et de passagers, démembrements sanglants d'hôtesses, tension dramatique centré autour d'une famille de trois enfants (lequel des gosses se fera croquer en premier ?). Si l'on rajoute à ça une sombre histoire de virus mutant qui décuplent la capacité meurtrière de ces bêbêtes : pas de lézard, la machine fera recette.

Un peu comme ça mais dans un A380 quoi :

Hatch, la mélodie du bonheur

Septembre 2003/24 juin 2011, double crash de la famille Hatch. Il n'est pas rare lorsque qu'on admire, impuissant, le bus qu'on ne devait à tout prix pas manquer démarrer - sans nous - à moins de trois mètres, de lever le poing vers le ciel et dans un excès de rage teinté de désespoir, de chanter la complainte du malheureux : « Pourquoi le sort s'acharne-t-il sur moi ? »

Austin Hatch vous rosserait à coups de bâton édenté s'il vous entendait. Ce jeune américain, brillant étudiant et sportif émérite de 18 ans, n'a pas la baraka - et c'est peu de le dire. En 2003, alors âgé de 8 ans, le garçon grimpe dans le petit coucou de son père pour une virée familiale en altitude. Manque de pot, papa oublie de faire le plein avant et le GPS indique un mauvais itinéraire. Un plan de vol foireux, une panne d'essence et patatra, l'appareil se crashe, tuant sur le coup la maman, la soeur de 11 ans et le frère de 5 ans. Pas cool.

Huit ans plus tard, le 24 juin 2011, le soleil est radieux et papa décide à nouveau d'offrir une vue aérienne à son fils et sa nouvelle femme. Manque de pot, papa n'a plus tous ses réflexes et pointe trop vite au moment d'atterrir sur l'aéroport municipal de Charlevoix dans le Michigan. Premier essai, premier fail, alors M. Hatch décide de faire demi-tour et se poser sur la piste en sens inverse. Et finit sa trajectoire dans un garage, se tuant sur le coup avec sa deuxième femme. Austin s'en sort miraculeusement indemne (again ?) de même que Brady, son jeune chien.

A partir de là, plusieurs théories sont avancées :

- Austin est un Terminator envoyé du futur pour exterminer la race humaine en crashant tous les appareils volants. (Bon, il est long à la détente mais il a le temps, c'est un robot.)

- Austin est victime d'une malédiction ancestrale ouzbek causant irrémédiablement la mort de tous ceux qui osent monter dans un avion en sa compagnie.

- Austin est un fucking lucky guy, peut-être un archange envoyé par la force divine pour faire renaître l'espoir dans le coeur des humains noircie par les prévisions des mayas.

C'est un peu l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein tout ça. Mais quoi qu'il en soit, ça ferait un excellent sujet de biopic avec un happy ending genre « fasse à l'adversité, crois en tes rêves » : le jeune homme vient de décrocher une prestigieuse bourse pour intégrer l'équipe de basket de l'Université du Michigan.

Bonus

Pour les adorateurs de Flight et les accros du making-of, Paramount a eu la brillant et sympathique idée de dévoiler sur internet les coulisses du tournage de LA grande scène du fim : le crash aérien. C'est un poil court mais bigrement instructif. On en redemande !

Finalement, après lecture de cet article, on est assez d'accord avec Marcel Dassault : « Un bel avion est un avion qui vole bien »

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