Bin oui Burt, au cinéma faut donner de sa personne... aïe !

Délivrance de John Boorman, un film sauvage

Dossier | Par Anastasia Levy | Le 31 août 2010 à 10h30

Courant majeur dans l'histoire du cinéma américain, le Nouvel Hollywood a marqué les années 70 et profondément renouvelé la manière de faire des films. Nous vous proposons de découvrir les films et les auteurs phares de ce mouvement via une série d'articles détaillés...

Quoi de plus sympa que de partir en week-end entre potes, au beau milieu de la nature ? Cette descente d'une rivière en canoë par quatre trentenaires va pourtant se transformer en véritable cauchemar. Si la nature est elle-même un danger, nos compères vont vite s'apercevoir qu'il y a encore plus sauvage dans le coin. Mais les quatre amis, conscients de fouler une terre qu'ils ne connaissent pas, et qui ne leur appartient pas, veulent croire qu'ils peuvent bien s'entendre avec les locaux, ou au moins se comprendre.

Dans cette scène aussi culte que troublante, Ronny Cox trouve un terrain de communication universel avec un enfant. Tout le monde sait que les enfants sont charmants, et que la musique adoucit les moeurs :


Banjos battle extrait de Délivrance

John Boorman, jeune réalisateur traumatisé par une précédente expérience avec les studios sur Duel dans le Pacifique dont la fin avait été complètement transformée à son insu, ne demande qu'une seule chose : un droit de regard total sur son film. Il adresse alors le scénario de Délivrance, co-écrit avec James Dickey, à John Calley, directeur de production de la Warner, connu pour laisser les artistes faire leur travail. « Il m'a dit "C'est OK !". Il n'y a eu ni contrat, ni assurance, ni discussion », se souvient Boorman. De cascadeur et d'acteur non plus d'ailleurs. A part les acteurs principaux, les autres personnages sont joués par de vrais habitants du coin, près de la rivière Chattooga, en Georgie (renommée Cahulawassee dans le film). Par ailleurs les acteurs doivent réaliser leur cascades eux-mêmes, c'est à dire grimper une falaise à pic pour Jon Voight ou se jeter dans les rapides pour Burt Reynolds, qui se retrouve avec un coccyx cassé en plein tournage. Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère ?


Why are you going on this trip with me? extrait de Délivrance

A une époque où les hippies prônent le retour à la nature, John Boorman la dépeint dans toute sa violence. Cette nature primitive est censée apporter aux quatre citadins la liberté, la délivrance du monde matériel. Alors que la rivière doit bientôt être engloutie pour la construction d'un barrage alimentant la ville en électricité, l'Homme veut lui rendre un dernier hommage. Mais le retour aux sources n'est pas chose aisée, et la rencontre avec ses habitants va ici mener au pire. Personne ne sort indemne de cette expérience, et la nature qui était belle est paisible devient menaçante et agressive, faisant exploser la bestialité de l'Homme.


Squeal like a pig extrait de Délivrance

Avec son petit budget et son sujet compliqué, le film obtient pourtant trois nominations aux Oscars dans des catégories prestigieuses : Meilleur film, réalisateur et montage. Il tombe malheureusement face aux deux raz-de-marées que sont Le Parrain (à venir très vite dans cette rubrique) et Cabaret, et repart donc bredouille. Mais ceux qui ont tout perdu, ce sont les "héros" du film. Et John Boorman, en nous offrant ce chef d'oeuvre, ce coup de génie, nous a aussi livré une peur de la nature immuable et qu'on peut, Délivrance à l'appui, trouver rationnelle. La peur du banjo, elle, est un cadeau de la maison :


Enterrement extrait de Délivrance
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