Sur la route d'un nouveau cinéma...

Easy Rider de Dennis Hopper, le film fondateur du Nouvel Hollywood

Dossier | Par Anastasia Levy | Le 10 août 2010 à 11h00

Courant majeur dans l'histoire du cinéma américain, le Nouvel Hollywood a marqué les années 70 et profondément renouvelé la manière de faire des films. Nous vous proposons de découvrir les films et les auteurs phares de ce mouvement via une série d'articles détaillés...

En 1969, Easy Rider, le film considéré comme le premier du Nouvel Hollywood, s'ouvrait sur un deal de coke, suivi par un générique mythique : Dennis Hopper et Peter Fonda sur leur chopper, traçant sur les routes des États-Unis les lignes d'un ballet musical rock. Born to be wild.

Ce film, né du désir de deux allumés, Hopper et Fonda, appuyés par d'autres inconscients, passe de manière admirable le relais entre le cinéma des studios et celui des artistes. Et comme toutes les révolutions, celle-ci fut douloureuse. Dennis Hopper, réalisateur tout puissant, est aussi drogué que talentueux, aussi caractériel qu'inspiré. Ce film s'est fait au détriment de dizaines de techniciens démissionnaires excédés, mais a offert à une génération de réalisateurs un modèle et un message accueillis avec méfiance par le « vieil » hollywood.

Dans le film comme dans la société de l'époque, la vieille Amérique est dépassée et effrayée par ces hippies et leur inquiétante liberté :

Cette vieille Amérique veut faire avaler aux jeunes des films comme Beach Blanket Bingo, « qui n'ont aucun rapport avec ce que nous avons vécu dans les années 60 », commente Hopper. Elle se trompe, et il faut lui dire haut et fort : les jeunes ne rêvent pas de passer leurs étés sur les plages californiennes à danser et chanter.

Ce qu'ils vivent c'est la guerre du Vietnam, les prémices de Woodstock, se faire arrêter pour avoir manifesté sans autorisation. Sex, drugs and rock'n'roll. En défenseur de ces beatniks, Jack Nicholson incarne un avocat alcoolique ? vice bien évidemment plus noble que la drogue ? rencontré en prison :

Ce qui fait avancer nos motards rebelles ? La drogue qu'ils veulent aller refourguer quelques milliers de kilomètres plus loin. Il n'en faut pas plus pour justifier ce road movie déjanté, ce western moderne (les personnages s'appellent Billy pour The Kid et Wyatt pour Earp).

Dennis Hopper veut filmer l'Amérique, et profite de mardi gras pour s'immiscer dans une parade à la Nouvelle-Orléans. Il y filme tout et n'importe quoi, sans chef-opérateur. Si Laszlo Kovacs, directeur de la photographie de New York, New York de Scorsese, n'avait pas récupéré les images, elles auraient été inutilisables. Les scènes des acteurs ont d'ailleurs principalement été tournées après la parade : on ne les voit presque jamais dans la foule :

Hopper est prêt à tout, dans sa course à l'excès. Il va jusqu'à utiliser les pires peurs de son ami Fonda pour réussir une bonne scène. Pendant la scène finale du trip à l'acide dans le cimetière, il demande à son co-équipier de parler à la statue comme si c'était sa mère, qui s'est suicidée quand il avait 10 ans. Fonda refuse catégoriquement, n'ayant jamais affronté ses démons, jusqu'à ce qu'Hopper lui donne un argument imparable. « Pourquoi est-ce que je devrais faire ça ? » « Parce que je suis le réalisateur et que je te le demande. ». Fonda se met à parler à sa mère, et à pleurer comme jamais dans sa vie il n'a pleuré. Et l'acteur trouve ainsi la légitimité de demander à son ami Bob Dylan d'utiliser une de ses chansons, It's alright Ma (I'm only bleeding), illustrant selon lui parfaitement la relation compliquée à sa mère : « Cette chanson était écrite pour moi ».

"

Suicide remarks are torn

From the fool's gold mouthpiece the hollow horn

Plays wasted words, proves to warn

That he not busy being born is busy dying.

"

« I wanted America to kill their own son », expliqua ensuite Hopper. Son fils est mort, assurément. Ou alors, peut-être, s'est-il perdu au Vietnam, drogué et fou, cherchant toujours un sens à la vie :

À ne pas rater...
8 commentaires
  • simopath
    commentaire modéré Cool, c'est sur quel film le prochain dossier ? Faces de Cassavetes ?
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré C'est un peu violent la technique d'Hopper pour faire ressortir les émotions de Fonda, mais c'est vrai que le résultat peut parfois valoir le coup. D'autres réals comme Kubrick ou Clouzot étaient aussi connus pour « maltraiter » leurs interprètes...
    Quand on voit la descendance de Fonda on peut aussi se dire qu'ils vont puiser leur tallent dans les relations familiales.
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • simopath
    commentaire modéré Cool, c'est sur quel film le prochain dossier ? Faces de Cassavetes ?
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré C'est un peu violent la technique d'Hopper pour faire ressortir les émotions de Fonda, mais c'est vrai que le résultat peut parfois valoir le coup. D'autres réals comme Kubrick ou Clouzot étaient aussi connus pour « maltraiter » leurs interprètes...
    Quand on voit la descendance de Fonda on peut aussi se dire qu'ils vont puiser leur tallent dans les relations familiales.
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • simopath
    commentaire modéré Cool, c'est sur quel film le prochain dossier ? Faces de Cassavetes ?
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré C'est un peu violent la technique d'Hopper pour faire ressortir les émotions de Fonda, mais c'est vrai que le résultat peut parfois valoir le coup. D'autres réals comme Kubrick ou Clouzot étaient aussi connus pour « maltraiter » leurs interprètes...
    Quand on voit la descendance de Fonda on peut aussi se dire qu'ils vont puiser leur tallent dans les relations familiales.
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • simopath
    commentaire modéré Cool, c'est sur quel film le prochain dossier ? Faces de Cassavetes ?
    10 août 2010 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré C'est un peu violent la technique d'Hopper pour faire ressortir les émotions de Fonda, mais c'est vrai que le résultat peut parfois valoir le coup. D'autres réals comme Kubrick ou Clouzot étaient aussi connus pour « maltraiter » leurs interprètes...
    Quand on voit la descendance de Fonda on peut aussi se dire qu'ils vont puiser leur tallent dans les relations familiales.
    10 août 2010 Voir la discussion...
Des choses à dire ? Réagissez en laissant un commentaire...
Les derniers articles
On en parle...
Listes populaires
Télérama © 2007-2024 - Tous droits réservés - web1 
Conditions Générales de Vente et d'Utilisation - Confidentialité - Paramétrer les cookies - FAQ (Foire Aux Questions) - Mentions légales -