Vision prothétique

Gérard Depardieu, la bouche de l'Enfer du cinéma français

Buzz / Promo | Par Alexandre Hervaud | Le 21 décembre 2012 à 12h40

Philippe Torreton, Fabrice Luchini, Catherine Deneuve... Les esprits s'enflamment autour du cas Gérard Depardieu. Le pire reste pourtant à venir.

Grosse actualité pour Gérard Depardieu, à l'affiche dès la semaine prochaine de L'Homme qui rit - qui semble être aux films de Tim Burton ce que Maguy était à Seinfeld - et dès aujourd'hui présent au casting de tous les médias de France pour son rôle (de forte composition) de l'exilé fiscal, du traître à la patrie, du punching ball/sac à vin et surtout, ô oui surtout, du gros fouteur de merde dans le monde merveilleux du cinéma français.

C'est bien simple, depuis le génial sketch (censuré) de Valérie Lemercier aux Césars moquant Juliette Binoche, on n'avait pas senti pareille odeur de pet foireux dans les coulisses du 7e art franchouillard. Les choses se sont précipitées : Depardieu qui traverse la frontière belge, Torreton qui l'insulte, puis Luchini qui insulte Torreton, suivi de près par Catherine Deneuve, et Libé dans tout ça qui s'apparente de plus en plus au mur d'un profil Facebook mal configuré. Vu les profils des protagonistes de l'histoire, on se permet de glisser que si excuses il devait y avoir, c'est plutôt au public français que Depardieu, Deneuve et Luchini devraient les adresser compte tenu de leurs affligeantes prestations dans Astérix 4, mais c'est une autre histoire.

La fin d'un monde

On nous brise les roustons avec la fin du monde depuis des plombes, mais la vérité, c'est que le cinéma français est peut-être en train de sombrer devant nous, comme englouti par le trou noir causé par l'absence de Depardieu, basculant (grosse) tête la première dans une sorte de vide cosmique, un anti big bang façon bouche de l'Enfer à Sunnydale dans Buffy. Et c'est Depardieu qu'il faut remercier pour ce bukkake de pus post-crevage d'abcès. Au rythme où se succèdent les clash entre stars, il y a fort à parier qu'en 2013, pour remplir le Châtelet aux prochains Césars, Canal+ sera réduit à inviter tout le casting de Scènes de ménage. Et encore, ce serait là un moindre mal, car on peut s'attendre à pire. Bien pire.

A l'image du personnage de Joseph Gordon-Levitt à la fin de Looper, on a vu l'avenir défiler devant nous, ce matin, en buvant notre café peinard et en suivant les dernières saillies de Catherine Deneuve sur l'affaire. On a failli s'étouffer en lisant son point Godwin révolutionnaire (« Qu'auriez-vous fait en 1789, mon corps en tremble encore ! »). Ce qu'on a vu, c'est un avenir bien sombre, carrément dark même si on n'opte pas dès que possible pour une solution radicale : en l'espèce, la décapitation publique de Gégé entre le KFC et le Quick de la place de la République. Avant d'opter pour une solution aussi radicale (et salissante), vous aimeriez peut-être en savoir plus sur ce futur alternatif merdique vers lequel ces brouilles depardiesques nous entraînent à grand pas ? C'est votre droit.

Les clashs du futur

Voici donc un résumé chronologique des échanges inter-célébrités qui nous pendent au nez :

- 24/12/2012, Edouard Baer, réplique dans La Croix par un texte intitulé Madame Deneuve :

« Catherine ma belle, Catherine ma douce, mais enfin tu t'égares, tu t'échappes, reviens-nous ! Philippe Torreton a tout de même le droit de s'exprimer, certes crûment, certes avec véhémence mais n'est-ce point là signe de passion, cette passion virile, tellement latine, que la société moderne tend à réprimer ! (?) Je t'en conjure, ma Catherine, ma Cathou, ma Caca, ne t'abaisse pas à la défense de ce monument qu'est mon Gérard, mon Gégé, mon Gé. Allez je suis fou, j'ose et te l'écris comme je le pense, pète un coup, Deneuve, et faisons la paix ! »

- 26/12/2012 Dany Boon, en duplex téléphonique sur France Bleu Nord :

« C'est...c'est triste, toute cette bassesse avec laquelle les comptes se rendent dans ce milieu. Moi, depuis Los Ang...depuis Lens, je vois ça avec des yeux effarés, vraiment. Et puis on s'est quand même vachement éloigné du point de départ de cette histoire là, qui reste la fiscalité hallucinante que la gauche nous a sorti de son chapeau !

- V'trouvez les impôts trop élevés en France, heeein, m'sieur Boon ?

- Bien entendu ! Et faut voir aussi le gaspillage de l'argent public, merci bien.

- Vous dîtes çô, mais en 2008, Bienvenue chez les Ch'tis avait reçu 600 000 euros non remboursables d'la région Nord-Pas-de-Calais, est-ce que çô vous...

- tut..tut...tut...

- Han, çô ô coupé. »

28/12/2012, Jean Rochefort prend la plume pour Le Nouvel Obs :

« Alors ça y est, que la fête commence, la chasse est ouverte, la cartouche prête pour cette cible émouvante. La foule s'agite, il faut tirer le diable par la queue et couvrir de ridicule notre (depar)Dieu national. Courage, fuyons ! Et bien moi, face aux calomnies, je dis calmos »

29/12/2012, Alain Delon envoie un texto à l'AFP qui fustige le texte de Jean Rochefort, l'accusant « de parodier le style inimitable de son monologue autoréférentiel du chef d'oeuvre Astérix aux Jeux Olympiques »

30/12/2012, Jean-François Blanchard, un anonyme cinéphile de 46 ans originaire de Mayenne excédé par la bêtise de l'acteur assassine en bas de son domicile Alain Delon d'une balle de fusil de chasse en chantant à tue-tête « PAROLES, PAROLES ».

31/12/2012 : Bernard Henry-Levy signe dans l'édito de Libération (qu'il a par ailleurs racheté entre Noël et le réveillon pour un euro symbolique et quelques tickets restaurant) l'ouverture du dossier nécrologique de 42 pages consacré à Alain Delon :

« Alain, tu es mort pour rien. Je garde de toi l'image d'un homme beau, qui ne m'a jamais abandonné, même quand les attaques pleuvaient contre moi. Sur le tournage du Jour et la Nuit, tu as eu cette phrase immense entre deux scènes : « Bernard, il fait chaud, et je t'avoue que je transpire ». Cet aveu, qui venant de toi était déchirant, restera à jamais gravé au fond de mon coeur. »

01/01/2013 : Libération met en vente le tee-shirt tiré de sa Une spéciale Delon de la veille (avec ce beau titre : « Alain, fini »). Dix-huit exemplaires seront vendus en l'espace d'à peine 14 mois.

02/01/2013 : Gérard Depardieu, caché depuis dans une abbaye belge connue pour son activité de brasserie, prend enfin la parole, interviewé en direct à Bruxelles sur le plateau de la RTBF :

«Fran...Françaises...Fr...hips...Français...je suis...enfin je...je vous emmerde, ahaha, je vous chie à la gueule, je vous [BLEEEEEEEURGH] » un torrent de vomi mauve s'échappe alors de l'acteur emmené d'urgence au CHU Saint Pierre de Bruxelles où il décédera dans la nuit, et avec lui Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners emportés à son chevet par l'explosion causée par un funeste concours de pets flambés.

29/01/2013 : les chiffres de fréquentation du cinéma français n'ont jamais été aussi faibles depuis 1940.

10/02/2013 : Arnaud Montebourg annonce la nationalisation de Gaumont-Pathé.

11/02/2013 : Jean-Marc Ayrault récuse toute idée de nationalisation de Gaumont-Pathé.

12/02/2013 : Lakshmi Mittal rachète Gaumont-Pathé.

30/08/2013 : Gaumont-Pathé-Mittal sort son blockbuster estival avec Catherine Deneuve, Mathilde Seigner et Catherine Frot. La chose s'appelle les Trois Gazelles, c'est une comédie musicale « dans le style de Bollywood » réalisée par Fabien Onteniente d'après un scénario de Norman et Monsieur Dream.

Après, c'est un peu flou donc autant arrêter là. Vous savez désormais ce qui nous attend. Si quelqu'un peut discrètement amener Gérard entre le KFC et le Quick de la place de la République le plus vite possible, on s'évitera bien des malheurs.

Si vous aimez les récits d'anticipation, découvrez notre saga sur l'après Hadopi.

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