l'ennui porte conseil

Le Cheval de Turin : pourquoi ça vaut le coup de se faire chier au cinéma ?

Dossier | Par Raphaël Clairefond | Le 30 novembre 2011 à 11h47

« C'est long, c'est chiant, il se passe rien? » Les travers d'un certain cinéma d'auteur dit « contemplatif » sont archi-connus et reviennent régulièrement dans les discussions de comptoir, même dans la bouche de cinéphiles à la science illimitée (comme la carte). Ces derniers temps, trois films doivent faire l'objet de ce type de rejet : Hors Satan (Bruno Dumont), Il Etait une fois en Anatolie (Nuri Bilge Ceylan) et Le Cheval de Turin de Bela Tarr qui sort aujourd'hui (dans seulement une dizaine de salles en France), et qui nous servira ici de cas d'école.

Allons droit au but : on peut aller au cinéma, se faire chier et aimer ça.

Le récit : persona non grata

Alors, entendons nous bien, il n'est pas question d'affirmer que personne n'est capable d'apprécier les deux (« les films contemplatifs » et « les films d'action » pour schématiser), loin de là, mais ils sont nombreux, les chantres du blockbuster survitaminé et du découpage « MTV » [1]. Pourfendeurs du temps mort et de la digression, ils répètent inlassablement comme une prière, « show must go on ». Personne ne pense encore sérieusement que le cinéma n'est qu'un art forain et rien d'autre, un divertissement qui entretient notre âme d'enfant et nous fait vivre par procuration des rêves trépidants sans avoir à compter les moutons. Dieu sait qu'il y a mille et une raisons d'aller au cinéma et surtout mille et une manières d'y trouver du plaisir.

Il faut d'emblée jouer le jeu et accepter que la lenteur du rythme étire le récit jusqu'à le réduire à la portion congrue. Prenons donc Le Cheval de Turin. Dès l'incroyable séquence d'ouverture, le style est posé : le cocher rentre avec son cheval à la maison. C'est un plan d'amorce qui pourrait durer une poignée de secondes, histoire de terminer le générique et planter le décor, mais Bela Tarr le fait durer plusieurs minutes, il suit la voiture en travelling, tourne autour du cheval et il s'en dégage un souffle épique, comme si l'homme et l'animal tentaient de fuir, d'échapper à une catastrophe mystérieuse. C'est la composition plastique (et musicale) qui s'impose à nous et transfigure la banalité de la scène.

Mais forcément, si vous considérez que dans les salles obscures, l'ennui devrait être interdit et si vous cherchez un portrait-robot de cet ennemi public numéro un imaginaire, alors Bela Tarr peut sans problème vous en proposer un croquis fidèle. L'ennui, ça ressemblerait à un vieil homme filmé en noir et blanc en train de manger avec sa fille une patate chaude, en silence, dans une modeste baraque au milieu de nulle part. La scène revient en plan fixe et à plusieurs reprises. Plutôt que de monter un seul champ contrechamp classique, le cinéaste hongrois consacre une scène entière à chaque angle de prise de vue : on ne voit d'abord que la fille, puis que le père, puis les deux en plan large, etc. Un tel acharnement à filmer la répétition d'un quotidien terriblement triste a fasciné une partie des festivaliers lors la présentation du film à Berlin, mais nul doute que le reste ne l'a pas supporté. Les plus impatients n'ont certainement pas eu la chance de voir les deux protagonistes manger leur patate crue (plus d'eau pour les faire cuire) dans le dernier plan.

Bela Tarr, un peintre en mouvement

Le geste du cinéaste s'apparente à celui du peintre, qui réalise une série de tableaux de la même scène. On pourrait également imaginer qu'il peint la même image à grands coups de pinceau répétés, jusqu'à lui donner le volume et l'épaisseur nécessaire afin qu'elle s'imprime durablement dans l'esprit du spectateur. La musique participe également de cette impression de subtiles variations construites comme autant de couches superposées. Mélange de cordes graves et d'orgue mélancolique, elle vient se mêler aux plaintes ininterrompues du vent pour distiller une tension sourde qu'aucune menace précise ne vient jamais confirmer.

La caméra flottante et virtuose de Bela Tarr (qui n'a rien à envier à Ruiz ou Malick sur ce point) cisèle des plans-séquences mouvants d'une fluidité absolue. On pense à cette séquence durant laquelle le cinéaste dirige notre regard sur le paysage à la fenêtre, puis recule pour faire apparaître l'homme assis devant elle, pivote vers le décor de la maison? comme si l'artiste nous faisait zoomer, dézoomer, et nous guidait ainsi tranquillement dans sa toile. Le plan devient une sorte de tableau animé, une fresque soignée jusque dans les moindres détails. Dans Le Cheval de Turin, on jurerait que l'arbre sur la ligne d'horizon à été planté à la main par le cinéaste, qu'il devait être là, et pas ailleurs. Si la référence à la peinture crève les yeux, c'est qu'il s'agit du même type d'émotion qu'on peut éprouver devant un tableau, tout en restant encore absolument du cinéma.


Dehors les forains ! extrait de Le Cheval de Turin

Une autre expérience de la durée

Mais alors, me direz-vous, si le cinéaste est un peintre, même en mouvement, pourquoi n'exposerait-il pas ses plans dans des installations de 5 minutes au musée ou dans une galerie branchée du Marais, au lieu de nous les resservir sans vergogne jusqu'à ce que sommeil s'ensuive ? Comme ça, on pourrait passer vite devant et on aurait pas à se retaper la même scène ad nauseam. En plus, avec un peu de chance, il y aurait une notice pour « comprendre » ce que le mec a « voulu dire ». Le problème c'est que pour réussir ça, cette construction d'un grand tableau par couches successives, il a besoin tout simplement de temps. Après, libre à nous, d'accepter ou non à ce laborieux travail d'artisan. La lenteur, la durée des plans, l'absence d'action font que l'esprit vagabonde, se perd dans l'image, on pense parfois à tout autre chose, on peut même s'endormir devant. Un autre rapport, plus volatile, plus rêveur, se noue entre le film et le spectateur. En sortant de la salle, le retour à la réalité peut être difficile. Dans la rétine, persiste une atmosphère, des sensations, des visages, des gestes? un univers entier contenu dans une petite maison en bois au milieu de nulle part. Il nous reste aussi dans les oreilles ce vent, ininterrompu, menaçant au premier abord, mais qui ne fait rien d'autre que balayer encore et encore un paysage désertique dans lequel disparaît inéluctablement la silhouette de l'homme.

Un Artiste avec un grand A

Bela Tarr se pose avec arrogance en visionnaire, en Artiste démiurge avec un A énorme qui écrase tout sur son passage et on peut trouver que cette pose est lourde, empreinte d'un esprit de sérieux quasi-monastique. Surtout, comme Sokurov, il fait des films qui donnent l'impression de se dérouler et d'avoir été réalisés il y a cinquante ans. On peut ne pas goûter ce cinéma-là, le trouver réactionnaire, misérabiliste, mortifère, plat, pompeux, se complaisant dans la boue et de sordides existences. Seulement voilà, Bela Tarr a annoncé qu'il ne ferait plus de films. On peut s'en foutre, se dire tant mieux si ce vieux con arrête de nous ennuyer, et continuer à aller au cinéma pour suivre une histoire bien ficelée, je n'y vois pas d'inconvénient. Mais quand on aime se plonger dans le noir pour voir le monde à travers d'autres yeux et « sortir de nous-mêmes », c'est quand même un peu triste. Heureusement, si les hommes passent, les oeuvres restent, n'est-ce pas Marcel ?

« Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini, et qui bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont ils émanaient, qu'il s'appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial. » (Le Temps retrouvé)

PS : si vous êtes (très) convaincu par cet article, rendez-vous le 18 décembre, 14h pour découvrir les 435 minutes de Satantango ! Et si l'auteur de ces lignes n'a pas été assez persuasif, vous pouvez toujours tenter le livre de Jacques Rancière sur Bela Tarr : Le temps d'après (Éditions Capricci).

[1] Cette formule quasiment passée dans le langage courant correspond à un montage extrêmement rapide, comprenant un grand nombre de plans (généralement multipliant les échelles et les angles) pour capter l'attention du spectateur jusqu'à l'épilepsie.

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41 commentaires
  • Cladthom
    commentaire modéré L'ennui restera toujours subjectif de toute façon, moi je m'ennuie énormément devant certains blockbusters en ce moment (Timeout dernièrement..une épreuve), pourtant le film reste relativement rythmé.
    Je pense qu'on peut faire un film passionnant sur n'importe quel sujet avec n'importe quel rythme du moment que c'est bien mis en scène.
    Les mecs qui arrivent à m'intéresser, à me happer en filmant des choses "banales", ils ont tout gagné. Mais c'est pas facile vu qu'il faut du talent.
    1 décembre 2011 Voir la discussion...
  • Teddy_Devisme
    commentaire modéré Se faire chier au cinéma c'est s'ennuyer devant un film, presque à s'endormir dans la salle. Cela peut-être dû au manque d'intérêt du film, que le sujet n'apporte rien, que l'histoire ne montre rien de spécial. Et même avec cela, certains réalisateurs arrivent à le faire tourner à leur avantage. Mais c'est bel et bien rare ce genre de film. L'ennui vient surtout quand un film manque cruellement de travail lors du tournage. Si cela vient du fait que le film soit totalement un nanar, autant sortir de la salle au bout d'une heure, même si c'est déconseillé. Je ne sais pas ce qui vaut le coup entre s'endormir / s'ennuyer tout le long de la séance ou alors sortir en pleine séance car on trouve qu'on a perdu déjà assez de temps. Ca nous fait porter un autre regard sur le film, sur l'attente qu'on avait sur un tel film. Il est certain, et moi même l'ai déjà dit, il y a des films qui sont fait pour être diffusé plutôt au petit écran, à voir une ou deux fois dans son salon, avec un bon verre à la main pour éviter de s'endormir sur le canapé. Ce n'est pas pour autant qu'un film est d'abord fait pour être vu en salle, avec tous les avantages que cela offre. Mais un film sort en dvd et en bluray, alors il faut savoir s'adapter aux supports. Mais il y a un point que le spectateur a du mal à effectuer : essayer de voir le film tel que le réalisateur a voulu le faire voir. La musique, le scénario, les acteurs, les plans, les actions, la gestuelle, (...) constituent l'ambiance ressortie par un film. Et il n'y a pas à dire, l'ambiance est l'élément fondamental pour capter le spectateur dans le film. Et je suis tout à fait d'accord avec @hugo, un film "chiant" est par définition un film dont on a rien tiré de positif, donc que tout ce qui a été montré a été inintéressant. Même si un film est lent, poussif, simple, il peut être un film bien et intéressant. Quand on regarde 'Drive', j'ai failli m'endormir au début. Et ensuite, le rythme monte en puissance et m'a fait interprété le film de la façon dont j'aurais dû le voir. Quand j'ai vu 'Transformers 3', je me suis ennuyé en tout point. La 3D y est magnifique, d'accord. Mais me concernant, ce n'est pas l'action qui me fait aimer un film, c'est ce qu'il apporte. Autrement dit, le scénario et les interprétations m'ont tellement fascinées de leur vide total que je qualifies ce film de navet. Mais quoi
    que l'on puisse dire, le débat "s'ennuyer au cinéma" reste différent selon les personnes...
    1 décembre 2011 Voir la discussion...
  • yvestenret
    commentaire modéré http://www.derives.t...-ai-tue-la-troisieme
    1 décembre 2011 Voir la discussion...
  • ElmerHunter
    commentaire modéré Merci pour le lien @yvestenret , j'avais déjà croisé quelques-uns de vos textes chez les copains de Dérives, mais votre livre m'avait échappé. Il a l'air à la fois intéressant et drôle, ce qui assez rare de nos jours pour être souligné, surtout pour parler de gens qui se prenaient très au sérieux. Au plaisir de vous lire par ici.
    1 décembre 2011 Voir la discussion...
  • yvestenret
    commentaire modéré la tonalité de l'article sur le cheval de turin m'a semblée (avec son style à lui) assez proche de ce je faisais quand je faisais de la critique (impressionniste) de cinéma.
    là je suis un peu à la bourre mais d'ici peu je vais vous lire et... mes archives :
    http://www.derives.tv/tenret
    1 décembre 2011 Voir la discussion...
  • zigzagtouch
    commentaire modéré Je suis d'accord avec tout ça mais je suis étonné que l'on n'aborde pas plus la dimension politique du film.
    Issue d'une société de consommation opulente,l'image qu'il nous renvoie de la condition humaine est d'une violence incroyable,un geste cinématographique pour moi admirable.
    5 décembre 2011 Voir la discussion...
  • ringomitraillette
    commentaire modéré Zigzagtouch merci, ton commentaire tombe à point nommé. Après m'être envoyé 37 commentaires hors-sujets ou superficiels, enfin quelqu'un dépasse la forme pour approcher du fond. En attendant que quelqu'un les lie d'une façon plus développé. Et surtout ce concentre sur ce film au lieu de rabâcher sur l'ennui ou le format. L'ennui n'est que subjectif, et renvoie à l'incapacité d'émoi de celui qui l'éprouve, à son vide intérieur. Quand à la projection en salle, je vois que certains n'ont rien compris, à ceux-là je dirai de réduire disons au grand hasard "la chute des anges rebelles" de Bruegel au format timbre poste, soit un rétrécissement peut-être équivalent à celui de la castration du grand au petit écran. Et je ne parle là que d'image fixe.. Bref...
    Pourquoi ne s'attarde sur le lien entre l'épisode nietszchéen et le reste du film? Pourquoi personne n'interroge le statut d'Illiade du film, cet enfermement à ciel ouvert? Et directement sur la nature de cet espace diégétique, décontextualisé temporellement et géographiquement? Du rapport au hors champ? De l'état du cérémonial dans ce film? De sa trajectoire par la mise en scène? Des incursions fantastique? Des récurrences dans les constructions de cadre? Et là encore des stratégies plastiques misent en place par les divisions verticales du champ menant juqu'à l'obstruction totale de la profondeur de champ, de la visibilité, du devenir et là encore de façon graduelle? Comment ne pas penser à l'indécrottable marcheur moustachu et allemand et tresser un lien avec "par delà bien et mal"?
    Et les personnages? L'animal? Le titre du film, donc plus ou moins impérieux... Le vieil homme, son bras calcifié et son oeil anormalement fixe, ouvert mais inerte, mort, un "eye wide shut" en somme... Et donc l'instabilité, le non équilibre de ce personnage?... Les gitans, leur rôle? J'en passe mais y en a des sacs... Arrivons tout de suite au final... PERSONNE NE PARLE DE CE JAILLISSEMENT DE LA COULEUR!!!! avec entrée et sortie en lente fondu au noir. Evanescence terne, caravagienne de quoi toasté un buffet de réveillon rien qu'avec cette fin. Un dernier plan est-il à considérer avec cette légèreté, qui plus est lorsqu'il se mue en épitaphe? Sens unique ou équivoque? Noirceur définitive, dernier cou du cercueil par le contre-emploi du motif,. Ou lueur après la destruction? L'espoir d'un cycle nouveau succédant à... Oh et je zappe l'établissement de lien avec les autres films de sa biographie ou avec des films récents pouvant aborder les mêmes thématiques... On s'en fout non?
    D'un coup, mettre ça sur la table, ne serait-ce qu'aussi bordéliquement et amputé que je viens de le faire ça met dans le contexte, dans le film. LE FILM. Je te retourne aux titres en gras de ton article. A quoi nous renvoient-ils? A rien et à tout. A des réflexions que l'on pourrait appliquer à beaucoup de cinéastes (le peintre en mouvement, l'artiste avec un grand A, l'autre expérience de la durée) en les tordant tranquille. Mais sans rien dire de propre à ce film, à ses enjeux, à sa mise en scène.. Mais c'est peut-être pas le but.
    20 décembre 2011 Voir la discussion...
  • zigzagtouch
    commentaire modéré Merci à toi, @ringomitraillette c'est dingue je n'avais même pas fait attention à ce "jaillissement de la couleur" dont tu parles.On vit dans une culture de l'instantané où tout semble aller de plus en plus vite.On prend de moins en moins le temps de la reflexion et c'est pour ça que le film suscite autant l'ennui, voir le rejet.Mais c'est un film qui j'en suis sûr vieillira bien et qu'il faudra prendre le temps de le voir à tête reposé.
    20 décembre 2011 Voir la discussion...
  • RaphaelClair
    commentaire modéré Hello @ringomitraillette,

    C'est dingue ce jaillissement de la couleur a complètement disparu de mon souvenir du film, enfoui sous les couches de noir, de blanc, de gris...

    Il y a beaucoup à dire sur le film et à l'évidence tu pourrais en tirer un bel article. Celui que j'ai signé n'avait pas vocation à être une véritable analyse du film en bonne et due forme puisqu'il revient avant tout sur ces histoires d'ennui, de lenteur, qui ne sont pas toutes neuves, je te l'accorde.
    20 décembre 2011 Voir la discussion...
  • peepingtom21
    commentaire modéré Bonjour

    j'ignore si "ce faire chier" est le bon angle pour aborder ce film magistral. Certes, il n'est pas facile, mais qui a dit qu'un artiste se devait d'être abordable. Nietzsche lui, même, poète contrarié, malgré l'apparente facilité de ses écrits n'était pas abordable, loin s'en faut.
    Même si j'adhère pleinement à ce que dit Zigzag, quand à la dénonciation de la société de consommation, et sans doute une certaine conception du cinéma, plus proche du Barnum que de l'art, il me semble qu'une phrase Nietschéenne, connue de tous, résume assez bien le propos du film : l'affirmation selon laquelle dieu est mort.
    Bela Tarr nous le confirme en noyant littéralement ses personnage dans un monde hostile et post apocalyptique, ce, sans artifice aucun, sans détour, comme le philosophe l'aurait fait en regardant la réalité en face avant de voir sa raison chanceler lentement, à l'image des maigres lampes que les protagonistes du cheval de Turin vont essayer en vain d'allumer à la fin du film. cette déréliction, sentiment ultime d'abandon est, me semble-t-il l'expérience ultime à laquelle Tarr nous confronte à travers ce film.
    La référence à Nietzsche n'est pas anodine, et d'une certaine manière, le propos est également une métaphore de ce que peut ressentir le cinéaste en annonçant qu'il s'agissait certainement de son dernier film, tant il se sentait fatiguer de lutter pour le financement de ses films.
    L'abandon, sentiment pesant, presque dérangeant dans une société du tout ludique ou la notion d'effort est presque évacuée, dont la durée s'inscrit dans la douleur est ici pleinement retranscrite. D'ailleurs, qui, mieux que Bela Tarr pouvait filmer l'abandon, l'extrême isolement de l'homme, quand il a cesser de croire ou qu'il voit ses certitudes s'effondrer ?
    La notion de répétition me rappelle un autre mythe, celui de Sysyphe, si bien évoqué par Camus : sysyphe condamner à rouler une pierre au sommet d'une colline, pierre qui, immanquablement retombe en bas, le condamnant à ce geste jusqu'à la fin des temps.
    Il y a dans cette perception de la répétition, la notion de perte de sens, d'inutilité qui revient à conclure : à quoi sert il de vivre dans ces conditions ?
    Je pense que le film de Tarr aborde toute ces dimensions, dimensions qui n'invitent pas à la plaisanterie.
    20 février 2012 Voir la discussion...
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