holy molly

Molly Ringwald, l'icone des teen movies des années 80, décrypte ses films sur le web

Sur le web | Par Virginie A. | Le 27 avril 2012 à 12h40

Adepte du réseau social Reddit, qu'elle dit, selon ses termes, « lurker depuis un certain temps », Molly Ringwald s'est lancée, quelques jours après l'ouverture d'un compte Twitter finalement assez plat, dans la création d'une page AMA (Ask Me Anything) lui permettant d'interagir directement avec les usagers du réseau.

L'exercice est un brin galvaudé, passant par force secrets de tournages et « mon actu du moment / mais non je suis pas has-been », à ceci près que la décontraction de Ringwald et son évidente maîtrise des codes de Reddit rendent l'échange plutôt savoureux, et, à défaut de révélation fracassante, décodent avec un humour très pince-sans-rire le parcours d'une teen-idol devenue intemporelle.

Un regard attendri sur ses années de teen-idol.

Si elle reconnaît s'être plus amusée sur le plateau de Sixteen Candles, Molly dit préférer Breakfast Club, ajoutant d'ailleurs un récit de son anecdote de tournage préférée. « Quand on a tourné cette scène où je fume un pétard en disant 'Je suis si populaire, tout le monde m'adore dans ce lycée,' en gros, tout était improvisé, et John Hughes avait simplement laissé la caméra tourner pendant vingt minutes. Il était si content de ce qu'il en a tiré qu'il a trainé ma mère dans la salle où on visionnait les rushes pour qu'elle puisse admirer le talent de sa fille. Forcément, ma maman a été horrifiée. »

J'avoue, j'aurais préféré savoir si elle avait mis la langue avec Judd Nelson, sachant qu'elle sortait avec Anthony Michael Hall à l'époque - mon côté midinette, sans doute... Parlant de Nelson, elle revient sur cette rumeur selon laquelle Hughes l'avait viré du tournage et avait envisagé de recaster le personnage de Nelson, John Bender, pour la protéger.

« Oui, c'est vrai. Je crois que Judd était très method pendant ses répétitions. Il portait les vêtements de Bender, et il essayait de m'emmerder. Ca ne me dérangeait pas mais John Hughes était très protecteur avec moi. (...) Je crois qu'une partie d'entre nous, moi incluse, ont appelé John et lui ont demandé de revenir sur sa décision. Heureusement qu'il l'a fait. »

S'amusant vraiment de son expérience, elle s'épanche plus sur Pretty In Pink. On savait notoirement que Molly ne s'entendait pas trop avec Jon Cryer, l'acteur qui fait Duckie, ce qui a en partie justifié un changement important du scénario (et si vous ne le saviez pas, voilà de quoi rattraper ce retard, mais le mieux consiste encore à vous caler une soirée DVD en or). « I would have picked Duckie » est ainsi devenu un meme de la pop culture avant même que la notion de meme soit cool. Quand un fan lui pose la question fatidique « Team Duckie » ou « Team Blane », « Alors déjà, je suis team James Spader » (James Spader jouait le douchebag « belle gueule grosse bite » du film, le némésis, mais bon sang qu'il était belhomme, du haut de ses 23 ans), expédiant au passage la question de son entente avec Cryer (et préférant mettre en avant son amitié avec Bret Easton Ellis).


Le sens du playback, extrait de Rose bonbon

Plus important, Molly indique que son look dans ses films était largement informé par son style personnel et sa fascination pour l'époque de F. Scott Fitzgerald. Ca a l'air d'un détail, mais, d'une part, le sens du style des héroïnes de John Hughes était un peu sa marque de fabrique, en plein momentum new wave et en ces temps de vintagerie frénétiques, les personnages interprétés par Ringwald sont l'objet d'un culte des fashionistas les plus pointues de ce bas monde. D'autre part, c'est très révélateur d'une façon de faire les teen-movies à une certaine époque, où pour jouer des adolescents, on castait de vrais adolescents en Menu Best-Of, avec leurs goûts musicaux & vestimentaires, leurs chamailleries, une frite et un grand Coca. Indépendamment du method acting, la frontière entre l'acteur et son personnage était assez poreuse. C'était beau. Cela étant : « Je me dégage de toute responsabilité quant à la robe de promo d'Andie. » (faut imaginer le truc, rose layette, sans taille, mi-mollet, propre à faire passer Miss America pour un Culbuto).

De la reine du lycée à la reine mère, l'humour en plus

Twitter regorge de ces stars déchues n'ayant jamais réussi à vraiment passer à autre chose et vivant de leurs gloires passées (je pense notamment à Ralph Macchio ou encore à William Zabka - le bad guy de Karate Kid), et Molly Ringwald fait preuve d'un certain humour vis-à-vis de ce statut, signalant combien, 20 ans après, on lui ressert encore et toujours les mêmes rengaines... « On me sort souvent des répliques de mes films, en général, c'est surtout 'ça gaze, poupée?' [un des liners culte du Chinese exchange student]. De grâce : abstenez-vous. »

... et comment, également, on lui ressert les mêmes projets...

Quid de la suite de Breakfast Club et de Sixteen Candles ? Réponse classique: il y a régulièrement eu des projets, mais John Hughes était contre, donc ça me mettait mal à l'aise, yada yada yada... Mais alors comment, de toutes façons, faire une suite, 20 ans plus tard, à ces films ? « Je me souviens plus trop, mais en fait le projet a donné Avatar. »

... comment, finalement, par un malheureux hasard, elle a salement raté le coche :

« Je crois me souvenir d'un premier jet du scénario, intitulé '3000 $'. Je l'ai pas particulièrement refusé, je crois. C'était pas mal, mais je dois reconnaître que c'est Julia Roberts qui fait le film. Ce rôle était pour elle. » - à propos du script de Pretty Woman, qui fut ensuite proposé à Julia Robert and the rest, as they say, is history.

Du politiquement correct pour « ouais je sais, j'ai complètement foiré mon coup sur cette affaire... » Car, si nous voulons désormais voir Molly Ringwald, outre les sempiternels caméos « en tant qu'elle-même », comme dans Family Guy, dont elle parle, ou encore Not Another Teen Movie (filon qui s'épuise de plus en plus, maintenant, le créneau est monopolisé par James Van Der Beek), il faut se tourner vers le petit écran, où Molly officie dans Secret Life of the American Teenager, un... teen-show, donc, relativement mauvais et diffusé sur une chaîne conservatrice, ABC Family. Là encore, Molly n'est pas complètement dupe, puisqu'elle s'amuse de la teneur pudibonde et lisse du produit, aux antipodes de l'image de l'adolescence qu'elle avait contribué à construire.


I can't believe I gave my panties to a geek, extrait de Seize bougies pour Sam

« Tu connais le jeu à boire de Secret Life? Tu prends un shot à chaque fois que tu entends le mot 'sexe'. » Comme sa série est nulle, Molly se doit d'avoir un avis sur des shows plus quali, comme Mad Men, où elle dit préférer le personnage de Peggy Olson.

Et histoire de montrer que les 80s sont bel et bien révolues, la plus belle saillie de Molly : « Molly, comment tu fais pour être de plus en plus bonne avec l'âge? - C'est parce que je bois le sang de Kristen Stewart. » Telle une reine mère bienveillante qui, sur son trône, désigne celle qui, à l'heure actuelle, incarne le plus efficacement l'adolescence américaine. Elle qui joue une MILF dans un teen-show sans saveur est et restera surtout le modèle de toutes celles qui, d'Alicia Silverstone à Emma Stone, en passant par Lindsay Lohan, ont prétendu au titre de teen-idol.

Et en plus elle parle le langage Reddit. #crowdgoeswild

Images : © Universal Pictures France

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6 commentaires
  • FilmsdeLover
    commentaire modéré Ca fait un peu Stone et Charden qui font un album de reprises de Voulzy ce truc. Difficile de déterminer la ligne entre le pathétique et le désintéressement de la manoeuvre.
    27 avril 2012 Voir la discussion...
  • Virgo
    commentaire modéré Selon moi, c'est désintéressé. Ca me fait un peu penser à cette vidéo pour Funny or Die faite par Ralph Macchio : ces gars savent qu'ils sont finis, mais le prennent avec humour, je trouve ça toujours plus attendrissant qu'un Corey Haim qui meurt d'OD après 800 rehabs et 36 saisons d'une mauvaise téléréalité.

    Et par ailleurs, je trouve que ça contribue à installer ces icônes passées dans une certaine intemporalité: ils/elles acceptent les règles du jeu, d'être maintenant dans le hors-champ de l'histoire, après le "happily ever after", mais on se souvient d'eux/elles, malgré tout, et c'est finalement le vrai truc qui compte.
    27 avril 2012 Voir la discussion...
  • FilmsdeLover
    commentaire modéré Tu penses vraiment pas qu'il y a un chouia d'opportunisme dedans ? C'est une façon comme une autre de dire "Hé, je suis là, j'existe encore, contactez-moi pour faire des films". A la limite, les vrais acteurs finis ne tentent pas de revenir sur le devant de la scène par quelque façon que ce soit (Hello Michael Schoeffling). Je préfère ça à la limite, ils ont eu leur aventure d'acteur, c'est passé et ils ont avancé dans leur vie. là, t'as l'impression qu'ils sont bloqués dans cet entre-deux nostalgico-opportuniste qui m'ennuie assez...
    27 avril 2012 Voir la discussion...
  • Virgo
    commentaire modéré Je suis sans doute naïve, mais je crois pas qu'elle ait beaucoup à gagner à se complaire dans un passé révolu de 25 ans d'âge et à jouer la carte de la gloire has-been. Macchio l'a fait, ça lui a juste rapporté une saison de Dancing With the Stars. Pécho des rôles ? des caméos dans des films ? C'est le cas. Des rôles un peu plus important dans des teen-shows? Same. Et elle n'a pas besoin d'une comm' Reddit pour ça. En fait, ce genre d'exercice ne contribue qu'à rappeler que tout ça est derrière et que si elle venait à être embauchée pour un nouveau projet, on verrait quand-même John Hughes au fer rouge sur son front.

    En revanche, qu'elle fasse ça pour voir si les gens se souviennent d'elle, oui, il y a clairement de ça. Ca a un côté ancien combattant, mais je pense pas qu'il y ait de calcul au-delà de ça. Ca me rappelle un peu Mila Kunis qui disait jouer à WoW en identité masquée et s'était dit "bon sang et si je leur avais dit qui j'étais" - Ringwald l'a fait (même si ça a plus tout à fait le même enjeu). Du reste, j'ai un peu fait mon marché: les gens lui ont posé des questions sur d'autres trucs, mais revenaient régulièrement sur Breakfast Club et Pretty in Pink, et c'est ce qui m'intéressait le plus, en fait...
    27 avril 2012 Voir la discussion...
  • marivaudage
    commentaire modéré "les personnages interprétés par Ringwald sont l'objet d'un culte des fashionistas les plus pointues de ce bas monde.": est-ce ainsi que tu te définis @Virgo ? :)
    27 avril 2012 Voir la discussion...
  • Virgo
    commentaire modéré Oooh I wish! Blague à part, Tavi Gevinson et Lourdes Leon, la fille ainée de Madonna, ont toutes les deux rendu hommage au look d'Andie Walsh. Et Tavi ne dit que la vérité (je l'aime)
    27 avril 2012 Voir la discussion...
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