Même pas honte

Venise 2011 : Le sexe dans les festivals de cinéma ? Dévoilons le réel !

Festival / Récompenses | Par Chris Beney, Hendy Bicaise | Le 6 septembre 2011 à 17h05

Même si on a décidé de ne pas se reproduire, aujourd'hui il sera question de sexe. Sur Vodkaster, le sexy, c'est le mardi. À Venise durant la Mostra, c'est tous les jours, mais pas forcément dans les salles. Fut un temps où les festivals de cinéma offraient l'occasion de se repaître sans rougir de films naturistes suédois, simplement parce qu'ils étaient estampillés art et essai. Cette époque est depuis longtemps révolue, mais peu importe. La seule et unique chose qui nous intéressait dans ces films naturistes suédois, c'était leur traitement à fleur de peau de la désacralisation ontologique de la société de consommation, cette manière de débarrasser les personnages de leurs sous-vêtements pour mieux marquer leur affranchissement de la morale bourgeoise, coller à la nudité afin d'être au plus près du réel, à ces poitrines qui fièrement se... Mais nous nous égarons.

Cette année, à Venise, le seul film vaguement suédois, c'est La Taupe de Tomas Alfredson, et dans cette histoire de traître à démasquer, tout le monde garde ses vêtements, pour cause de Guerre Froide. C'est triste, car les plus lubriques des festivaliers n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent, à part la Scarlett Johansson géante de la place Saint Marc.

Ailleurs, à l'écran, la chair reste désespérément triste. Les couples de paysans ne peuvent copuler sans que les enfants ne débarquent (et dans Le Petit Poucet, ils sont cinq lardons), les amants de Love and Bruises de Lou Ye procèdent à des emboitements bien glauques, les personnages de Contagion sont trop occupés à mourir et ceux de Carnage, à s'engueuler, pour penser à la bagatelle. Seuls A Dangerous Method et Alpeis du grec Giorgos Lanthimos osent ce dévoilement que nous, intellectuels avertis, recherchons. Dans le premier, Michael Fassbender donne la fessée à Keira Knightley, qui aura plus tard l'audace de dévoiler un sein. Dans le second, Ariane Labed expose son corps de gymnaste nu, à tous ceux qui, comme nous, sont avides de métaphores sur la crise grecque. C'est intéressant, mais c'est trop peu. Surtout au regard de ce qui se passe parmi les festivaliers en proie à de grosses poussées de naturalisme.

Du coup c'est en dehors des salles que ça se passe. Entre deux projections, une jeune femme soulève sa jupe et change de culotte sous nos yeux ébahis. C'est frais, nature. Des couples de journalistes, eux, se bécotent lascivement sur les grandes banquettes qui occupent la salle de presse, pendant qu'une Américaine aussi élégante que Gérard Depardieu pris d'une forte envie d'uriner dans un avion fait un croisé-décroisé des jambes façon Sharon Stone, en parlant fort, pour qu'on se bouche les oreilles plutôt que la vue.


Mmmh...La choucroute extrait de La Cité de la peur

Ce dévoilement du réel n'est toutefois rien à côté de celui des torses de toutes sortes. Pour certains Casanova, fidèle à la tradition italienne, la chemise reste ouverte et un pendentif repose sur leur torse velu, comme la palourde sur le varech. Pour certaines séductrices, la fameuse « cravate de festivalier » est de rigueur. Cette adaptation de la célèbre cravate de notaire consiste à poser son badge sur son décolleté pigeonnant. Elle n'a rien d'accidentelle, puisqu'elle nécessite de raccourcir abusivement le cordon de son accréditation. Le but d'un tel bricolage ? Franchir sans encombre tous les points de contrôle tenus par des hommes, trop occupés à observer les qualités humaines ainsi promises pour fouiller quoi que ce soit. Vous l'aurez compris : Venise est chaude et moite. Elle colle aux doigts et excite encore plus les sens qu'un DVD de L'empire des sens trempé dans du Nutella. Pour preuve, ces graffitis sur notre lit.

Beaucoup de prénoms et autant de conquêtes, ce qui a le don de nous étonner, puisqu'en vérité, avec ses lits superposées, notre chambre risque à tous moments de finir comme ça :


Chambre de grands enfants extrait de Frangins malgré eux

Et puis est arrivé Shame de Steve McQueen, dans lequel Michael Fassbender et Carey Mulligan donnent de leur personne. Plans pénis pour l'un, full frontal pour l'autre : il y en a pour tous les goûts. Et tout le temps, parce dans Shame, Fassbender interprète un obsédé de première qui cherche par tous les moyens à dévoiler le réel, en solo, à deux ou à trois, en live ou sur Internet, dedans ou dehors, payant ou gratuit. Un vrai rôle de cinéphile, en somme, comme on les aime.

Pour suivre toute la Mostra de Venise 2011
Chris & Hendy, nos envoyés spéciaux à Venise 2011

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