one happy family

Quand Will Ferrell et Adam McKay reconstruisent la famille américaine

Dossier | Par Hugues Derolez | Le 13 décembre 2011 à 13h20
Tags : comédie, duo, frères

Troisième Thursday Night Live de la saison avec, ce jeudi 15 décembre, la projection de Frangins malgré eux, mettant en scène les trublions Will Ferrell et John C. Reilly en demi-frères immatures et odieux. C'est toujours à 20h30 au Studio des Ursulines ! L'occasion de revenir sur une collaboration de longue date, celle entre le showman Will Ferrell et le producteur / réalisateur Adam McKay.

Deux en un

On identifie encore assez mal l'icône Will Ferrell en France, la faute à une distribution malheureuse pour des comédies qui ne rencontrent que rarement le succès escompté. Son premier avatar sous la caméra d'Adam McKay a pourtant gagné en réputation avec le temps, jusqu'à devenir culte dans le cercle des fervents défenseurs de la comédie post-2000 : Ron Burgundy, le présentateur vedette de San Diego, a les idées courtes mais un charme moustachu immense. Déjà s'établissent les codes et les références qui fonctionneront sur les trois films à venir du duo : s'attarder sur un milieu très sérieux qu'on phagocyte par la comédie, faire de Will Ferrell un bouffon quasi-lunaire, fou et hors de toutes normes, et lui donner du répondant avec un acolyte exubérant mais légèrement en retrait. On retrouvait alors Paul Rudd face à Will Ferrell mais surtout le grand Steve Carell, ayant depuis fait ses armes dans la version américaine de The Office, confirmant son talent chez Judd Apatow dans 40 ans, toujours puceau, pour devenir l'un des acteurs les plus prisés d'Hollywood aujourd'hui (il apparaissait dernièrement dans Crazy Stupid Love).

Dans Very Bad Cops, Ferrell se payait le luxe de côtoyer Samuel L. Jackson et Dwayne « The Rock » Johnson, bien qu'étant le partenaire du très contenu et bouillonnant Mark Wahlberg qui s'essayait alors à la comédie. Même s'il semblait de prime abord totalement incompétent et indigent, Ferrell s'avérait plus malin que tout le monde, marié à la superbe Eva Mendes, et un policier particulièrement brillant. Une nouvelle tendance dans la comédie américaine (comme dans The Green Hornet) de permettre au jeune spectateur trentenaire de s'amouracher et de se reconnaître en ces héros geeks azimutés d'abord rejetés mais toujours vainqueurs.


Si j'étais un lion... extrait de Very Bad Cops

Génération perdue

S'il est question de faire de ces films des buddymovies pour déployer le potentiel comique d'un sidekick qui sublimera celui de Ferrell, il faut aussi remarquer que la créature Will Ferrell revient régulièrement sous la même forme. Dans ces chemins de croix que forment les films de McKay, Ferrell est toujours le même loser brillant qui se croit génial, presque incompris. Souvent le mal est pourtant profond : sans repères familiaux solides, de Ricky Bobby au frère tâcheron de Frangins malgré eux, le solide socle prétentieux bâti par les personnages de Ferrell va devoir vaciller pour mieux se reconstruire. Souvent, pour retrouver sa confiance, et cette sorte de croyance le poussant à toujours essayer de s'améliorer, Ferrell devra recadrer son identité au sein de son noyau familial.

Dans Ricky Bobby, on s'échange les maris, les enfants ne respectent rien, surtout pas les aînés, pour le plus grand plaisir de leurs parents. Les repères sont dynamités, on s'amuse de la déliquescence de vieilles valeurs traditionnelles poussiéreuses, qui vont finalement s'avérer salutaires. Il faudra que Ricky retrouve son père, espère créer un lien avec lui, ne serait-ce qu'autour d'un repas à la sauvette, pour que se réactive son courage et sa ténacité.


Notre belle famille extrait de Ricky Bobby : roi du circuit

Be Bad !

Will Ferrell et John C. Reilly sont donc, dans Frangins malgré eux, deux quarantenaires qui vivent encore chez papa-maman. Au moment où leurs parents tombent fous amoureux l'un de l'autre et décident d'emménager ensemble ils seront obligés d'emporter les deux trublions dans leurs bagages. On y aperçoit la triste réalité des moeurs américaines selon McKay : l'épanouissement des sexagénaires, toujours motivés par l'énergie de reconstruire leur vie, et la frustration des quadra', encore puceaux ou boutonneux, trop longtemps bercés et incapables de se prendre en mains. Le malaise côtoie l'auto-dérision lorsque les deux grands enfants vont se découvrir des passions communes, s'adorer puis se manipuler, se battre pour l'amour de modèles parentaux aussi dévoués qu'avilissants. La revitalisation passe encore une fois par l'auto-destruction, des codes, des moeurs, de la bonne conduite ; mettre à plat le vieux caveau de la famille pour y assembler quelque chose de nouveau, inspiré des parents, mais quelque chose d'unique, qui soit bien à nous.

Une trajectoire qui en passe physiquement par un humour de cascade et de bascule, de petites destructions enfantines qui amèneront inévitablement à des compromis entre les personnages, à trouver la paix avec l'autre. Des accidents de voiture de Ricky Bobby aux bastons homériques entre gangs de présentateurs télé dans Ron Burgundy, en passant par les fusillades et les explosions de Very Bad Cops, tout commence par une bousculade, une petite blessure qui fait rire avant de s'avérer terriblement plus mélancolique. Monter un lit à étage pour pouvoir cohabiter avant que celui-ci ne s'effondre, c'est tout aussi tragique qu'amusant.


Chambre de grands enfants extrait de Frangins malgré eux

Jeudi au Thursday Night Live

Comme tous les mois, le Thursday Night Live vous fait donc découvrir ou redécouvrir certaines des comédies qui ont marqué les quelques décennies passées. On vous retrouve donc dans la joie et la bonne humeur, à 20h30 au Studio des Ursulines (près du métro Luxembourg). Le film sera suivi d'un débat qu'on espère de haute volée, grâce à votre participation et vos avis toujours bien sentis. En attendant, on vous conseille de réviser votre Will Ferrell avec ce quiz dédié :

MovieQuiz : Will Ferrell
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