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Festival de Cannes 2012 : compte-rendu de la 65ème édition en avant-première

Festival / Récompenses | Par Raphaël Clairefond | Le 6 avril 2012 à 17h28

On a vu récemment sortir sur internet la soi-disant sélection du prochain festival de Cannes, immédiatement démentie par les zinstances zofficielles. Inutile de vous fatiguer plus longtemps, nos précogs (plongés dans un bac de Vodka-Pomme) nous ont livrés un aperçu détaillé du prochain festival. Découvrez en exclusivité notre compte-rendu en direct d'un futur proche.

Sus au « bling-bling ! »

Pour ces dix jours de gueuleton cinéphilique, le nouveau président Jean-Luc Mélenchon a sonné la fin du « bling-bling » en demandant à Thierry Frémaux de placer cette nouvelle édition sous le signe de la sobriété afin que la France de la culture témoigne de sa solidarité face à la crise économique qui touche « ceux qui suivront l'événement à la télé ». Frédéric Beigbeder, toujours prêt à suivre la mode, a réagi en troquant son scooter de marque pour un solex tournant à l'huile de palme. Agnès Varda n'est pas en reste et ne s'est déplacée qu'en stop sur la Croisette. Ravie, elle aurait déclaré que « ça lui rappelait Sans toit ni loi ». Moins radicales, de nombreuses stars américaines ont quant à elles opté pour le covoiturage? en limousine. Monsieur Frémaux a quant à lui carrément proposé de retirer le tapis rouge des célèbres marches. D'après plusieurs sources proches du dossier, le nouveau Président de la République aurait répondu : « Non. Le rouge, j'aime bien ». En revanche, les costumes noirs, noeuds papillons et robes de soirée furent proscrits pour la première fois dans l'histoire du festival, à la demande du nouveau président de la République, jugeant « indécents » ces défilés de haute-couture. Jean-Luc Mélenchon a également proposé aux organisateurs de soirées de reverser leur budget alcool à un fond de soutien aux artistes de la région. La plupart se sont exécutés, d'où le développement d'un gigantesque commerce de flasques de vodka et de whisky à la sauvette autour des plages privées. En dépit des mauvaises langues accusant la mafia russe de faire régner la terreur sur ce business juteux, la presse locale a salué cette décision qui « encourage à la bonne heure l'esprit d'entreprise d'une jeunesse désoeuvrée » (Nice Matin).

Une ouverture sexy et politique

La cérémonie d'ouverture fut marquée par la sensuelle prestation de la maîtresse de cérémonie, Léa Seydoux, qui fit complètement oublier la médiocrité de Mélanie Laurent l'an passé. Vêtue d'une robe transparente qui rendit Paz de la Huerta folle de jalousie (selon les dires de Perez Hilton), elle clama sa fierté d'ouvrir un festival qui célèbre le cinéma « sous toutes ses formes ». En réaction, certains twittos n'ont pas manqué de célébrer la générosité des formes cinématographiques de l'actrice. Sérieux et enjoué, le président du jury Nanni Moretti a conclu la soirée en saluant la victoire de Jean-Luc Mélenchon : « Ciao Sarkossi-lé-pétit ! » s'est-il exclamé, face à un public hésitant entre les applaudissements et les huées. Pour le reste, le festival s'est déroulé comme à son habitude, c'est-à-dire dans un mélange bouillonnant d'excitation, de sueur et d'attente, entre rumeurs de comptoir, buzz éphémères et polémiques éthyliques.

Juste avant la cérémonie de clôture, la frénésie était à son comble. Tout le monde annonçait vainqueur Terrence Malick (avec Burial) pour la deuxième fois d'affilée. Sa supposée présence sur la Croisette était même sur toutes les lèvres. A tel point qu'un fan le confondit avec Harvey Weinstein qui sortait tranquillement du Martinez. D'après plusieurs témoins, l'illuminé l'aspergea d'eau bénite en se jetant à ses pieds, le remerciant de lui avoir montré « la voie de la grâce ». Passablement agacé, le producteur lui aurait envoyé un bon coup de pied aux fesses en lançant : « I only drink whisky. No ice. No water ».

Cérémonie de clôture : la folle montée des marches

La montée des marches aura également réservé son lot de surprises. Elle fut marquée par l'arrivée de Marion Cotillard en pull à col roulé C&A, poussée en fauteuil roulant par Jacques Audiard, en hommage à son personnage dans De rouille et d'os. Denis Lavant fit également sensation, débarquant aux bras d'Eva Mendes et Kylie Minogue pour Holly Motors. Vêtu de guenilles et manifestement ivre, il se lança dans de langoureux french kiss avec les deux stars, qui arboraient des maillots de bain une-pièce Go Sport du plus bel effet. Les marches furent ensuite encombrées un long moment par quelques vétérans : Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Michael Haneke, en lice pour Amour, suivis de près par Michael Lonsdale, Jeanne Moreau et Claudia Cardinale accompagnant Manoel de Oliveira pour Gebo et l'ombre. Les glorieux anciens mirent de longues minutes à gravir les marches manifestement trop hautes pour leurs vieux os. Arrivé en haut, le cinéaste portugais, sourire aux lèvres, déclara : « je pensais que les maisons de retraite du sud de la France étaient mieux équipées que ça ». Plus fringuant, Ken Loach débarqua avec un drapeau rouge et un fumigène pour fêter « la victoire du peuple français » contre Nicolas Sarkozy. Il fut suivi de Maïwenn, en robe rose Pimkie, présente pour son film-surprise, Minou, un documentaire sulfureux tourné à l'iPhone sur la relation passionnelle et violente entre sa jeune cousine et son chat. Hélas pour elle, la belle fut éclipsée par Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm qui s'élancèrent sur le tapis rouge, comme dans leur film, « Main dans la Main », improvisant un numéro de danse endiablé que d'aucuns comparèrent à la performance de Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Manifestement jalouse, Maïwenn aurait bousculé Valérie Donzelli dans les toilettes du palais en lui lançant : « retourne t'occuper de ton gosse ». A noter enfin que, pour ne pas reproduire la série d'évanouissements d'adolescentes lors de la montée des marches de Cosmopolis, Robert Pattinson a évité le tapis rouge. Il aurait pénétré le palais déguisé en employé de ménage par une porte dérobée.

Un palmarès pour le moins inédit

Le palmarès mitonné par le cinéaste italien aura été à la hauteur de cette édition révolutionnaire. La Palme d'or est revenue au film chanté-enchanté-et-enchanteur de Valérie Donzelli. On suppose que Nanni Moretti, grand amateur d'excentricités musicales dans ses propres films, a été séduit par le charme décomplexé de la jeune française. Autre surprise de taille, Melvil Poupaud remporte la palme de la meilleure actrice pour son rôle de transsexuel dans Laurence Anyways. Une décision polémique pourtant saluée par Jean-Luc Mélenchon comme « symbole fort » pour les minorités transgenres. Furieux, Eric Neuhoff du Figaro a fustigé cette « apologie de la décadence esthétique et morale ».

Autre petit tremblement de terre sur la Croisette, Moretti a remis le prix d'interprétation masculine à son ami Michel Piccoli pour son second rôle dans Holly Motors, arguant qu'il « aurait du l'avoir pour Habemus Papam ». Gêné, Piccoli a déclaré qu'il « renonçait à cette charge trop lourde pour lui » et a regagné les coulisses en laissant son prix sur scène. On ne sait pas encore s'il sera attribué à un autre acteur ou non.

Le prix du Jury est quant à lui allé à A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence de Roy Anderson. D'après nos informations, le jury se serait endormi devant le film du suédois mais aurait beaucoup apprécié « l'originalité méditative de son titre ». De son côté, Jacques Audiard s'est contenté du prix de la mise en scène pour Un goût de rouille et d'os, Nanni Moretti ayant vanté un style virtuose « métallique et carnassier ». Enfin, Hong Sang-Soo était ravi de récolter le prix du scénario grâce à un pitch « super chelou mais génial » dixit son interprète, Isabelle Huppert. Jugez-en par vous-même : « une jeune femme et sa mère s'enfuient vers la ville balnéaire de Mohang pour échapper à leur endettement croissant. La jeune femme commence à écrire un scénario pour un court-métrage afin de calmer ses nerfs. Dans ce court-métrage, il y a trois femmes nommées Anne. Chacune d'elles visite la ville balnéaire de Mohang. Chacune rencontre la fille du propriétaire qui lui apporte de l'aide, et chacune s'aventure sur la plage où elles rencontrent un maître-nageur sauveteur ».

Paul Thomas Anderson, visiblement très déçu de repartir bredouille avec The Master voit dans cet échec le résultat d'une intense campagne de lobbying menée par l'église de Scientologie contre son film. Après quelques verres à la soirée de clôture, il aurait clamé son intention de « couper les couilles à Tom Cruise ». De même, Robert Pattinson ne cachait pas sa déception et a tenu à rappeler que Michel Piccoli ne faisait plus s'évanouir les jeunes filles depuis bien longtemps.

Bref, des prix-chocs, la fin des paillettes, des déclarations sulfureuses? Attendez-vous à un festival de Cannes comme vous ne l'aurez encore jamais vu.

Image : © Reuters

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