La compétition au jour le jour

Cannes 2014 : Timbuktu d'Abderrahmane Sissako

Festival / Récompenses | Par David Honnorat | Le 15 mai 2014 à 10h40

Ça commence bien. Passé un film d'ouverture sur lequel il n'y a finalement pas grand chose à dire, la compétition, la vraie, s'est ouverte de fort belle manière avec Timbuktu d'Abderrahmane Sissako. L'omission momentanée du film par Thierry Fremaux lors de l'annonce de la Sélection Officielle n'était donc pas du tout mauvais signe.

Dans un patelin proche de Tombouctou, les djihadistes font la loi et terrorisent la population. Kidane, qui vit seul dans les dunes avec sa femme et sa fille Toya, élève quelques vaches en tentant de rester à l'écart de la fureur ambiante. Mais son destin bascule quand il tue accidentellement le pêcheur Amadou qui s'en était pris à sa vache préférée. Timbuktu raconte l'horreur de la justice improvisée par des hommes se disant investis par Dieu.

De manière assez curieuse, Timbuktu évoque un autre film vu en compétition l'année dernière : Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières. S'il s'agit là d'un autre dépaysement, on retrouve les thématiques juridiques et l'attachement aux bêtes, un certain sens de l'honneur et l'éclatement de la cellule familiale par la justice des hommes. Mais tandis que des Pallières plaçait son récit du strict point de vue du héros et de ses tiraillements, Sissako traite davantage de la communauté et de ses interactions. Une tragédie violente mais subtile dans laquelle le groupe a tendance à oppresser, mais aussi, parfois, libère.

Déjà présent à Cannes en 2006 pour son précédent long-métrage, Sissako revient ici dans un registre sensiblement différent. Bamako qui mettait en scène avec une grande intelligence le procès imaginaire de la société civile africaine contre la Banque mondiale restait, en dehors d'une mémorable séquence chantée, un peu trop théorique. Porté par d'excellents interprètes et une BO magnifique, Timbuktu atteint une haute intensité dramatique.

Reste à savoir si, en dépit de sa présentation en tout début de festival, il saura marquer suffisamment la mémoire du jury. Jury dans lequel Sissako a d'ailleurs peut-être des alliés puisqu'il avait réalisé en 2007 un segment du film choral 8 aux côtés de Gael Garcial Bernal et d'une certaine... Jane Campion ! 

 

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3 commentaires
  • louetdad
    commentaire modéré .. en tout cas tu donnes vraiment envie de le voir !
    15 mai 2014 Voir la discussion...
  • elge
    commentaire modéré Le festival ne commence pas comme d'habitude ... il fait beau... et il y a un film largement aimé dés le 1er jour !
    15 mai 2014 Voir la discussion...
  • cath44
    commentaire modéré Oui, cela donne vraiment envie
    17 mai 2014 Voir la discussion...
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