Tamoul frites

Cannes 2015 : Dheepan de Jacques Audiard

Festival / Récompenses | Par Florent Dufour | Le 23 mai 2015 à 17h45

Quinzième film présenté en compétition à Cannes 2015, Dheepan permet à Jacques Audiard de traiter d'une communauté totalement délaissée par le cinéma français : celle des Tamouls du Sri Lanka. Suffisant pour convaincre le jury ?

Film français de 1h49. C'est une habitude pour Jacques Audiard : un film = une sélection à Cannes. Pourtant, en 4 présences en Compétition, seul Un Prophète lui a valu un prix... Trois ans après être reparti bredouille avec De Rouille et d’Os, le cinéaste multi-césarisé revient avec Dheepan : l'histoire de trois immigrés Sri Lankais qui, afin d'entrer en France, se font passer pour une vraie famille alors qu'ils se connaissent à peine, et se retrouvent à devoir construire un foyer au sein d'un quartier sensible. Un nouveau drame pour Audiard, sans vedette, mais on fait confiance au cinéaste pour révéler les jeunes talents, comme il l'a fait avec Tahar Rahim.

Une scène : Elephant Man

De par la présence de comédiens principalement amateurs et la plongée brute au coeur d'une cité de banlieue, Dheepan a parfois des airs de docufiction. Pourtant, et c'est une des forces du cinéma d'Audiard, le cinéaste parvient à insérer quelques instants de pure grâce au milieu de la violence et du chaos. Et c'est le cas sur les quelques brèves séquences de rêves qui parsèment le film. Dheepan est nostalgique de son pays d'origine, et celui-ci lui apparait par bribes, telles des images hallucinatoires, à travers quelques plans au ralenti d'un éléphant dont on ne discerne que la trompe, le crâne ou les pattes. Tout ceci conjugué à une musique (voire du sound design) éthérée, et on se croirait presque chez David Lynch, lui qui avait déjà utilisé ce type de procédé lors des courtes séquences de rêve dans le bien nommé Elephant Man.

Open Bar

Cannes peut aussi se consommer tranquillement à la maison. Découvrez nos cocktails cinéphiles, spécialement concoctés pour se substituer aux films sélectionnés...

Un soupçon de Taxi Driver pour le personnage qui sombre peu à peu dans la folie au fur et à mesure que le film progresse, ainsi qu'une bonne rasade de Ma 6-T va crack-er pour la description d'une cité en fusion commandée par des hordes de voyous. Pour rendre le tout encore plus réaliste donc fort en bouche, verser 3 cuillères à soupe de A History of Violence pour la reconstruction (même s'il est davantage question ici de construction) de la cellule familiale par le biais de la violence. Enfin, n'hésitez pas à rajouter quelques pincées du Hérisson pour le focus sur le métier de concierge d'immeuble.

Cinémojis

Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :

Le juste prix

On connait le goût qu'a Jacques Audiard pour le film sombre, le polar, le thriller violent. Alors quand il s'attache à dépeindre la viedans les cités, il n'y va pas de main-morte. On se demande même si tout ça n'est pas un poil exagéré (on y tire en l'air à balles réelles, quand même). Du coup, on a un peu envie de décerner à Audiard le Prix Fox News de l'exagération et de la barque un poil chargée concernant les supposées "no go zones".

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