Le film a-t-il les jambes pour la Palme ?

De rouille et d’os Palme d'or ? Très peu probable...

Festival / Récompenses | Par Brice Lahaye | Le 25 mai 2012 à 14h36

En compétition dans ce 65e Festival de Cannes, le film du réalisateur français Jacques Audiard, De rouille et d'os, rencontre un bon succès critique ainsi qu'un excellent démarrage en salle. Peut-il, pour autant décrocher la Palme d'or ?

De rouille et d'os, c'est d'abord l'histoire d'une rencontre. Une rencontre entre Ali (Matthias Schoenaerts), un ex-détenu un peu paumé, et Stéphanie (Marion Cotillard), dresseuse d'orques dans le Marineland d'Antibes. Suite à un accident la privant de ses deux jambes, la jeune femme va devoir réapprendre à vivre, et les deux personnes apprendre à se découvrir. De rouille et d'os, c'est aussi une vision brute de parcours compliqués, voire chaotiques, qui luttent contre un avenir incertain. Un film bouleversant qui mérite sans aucun doute une récompense. Mais le film réussira-t-il à obtenir le prix ultime cette année ? La Palme avait échappé de peu à Un Prophète en 2009.

Un air de déjà vu...

Le réalisateur est un de ces passionnés de portraits d'hommes et femmes aux personnalités vulnérables, aux destins allant souvent dans le sens contraire d'un avenir qu'on imagine (et qu'on souhaiterait) paisible. Son nouveau film, qui en est le parfait exemple, est non sans rappeler l'un de ses précédents. Sur mes lèvres montrait en effet également la rencontre entre deux personnes aux parcours similaires. L'histoire de Carla, secrétaire pratiquement sourde, et Paul, ancien repris de justice ressemble étrangement à celle d'Ali et Stéphanie.

Sans toujours forcément s'intéresser à la rencontre de deux personnes aux vies difficiles, le réalisateur garde néanmoins le même intérêt pour ces profils qui semblent atypiques mais qui sont finalement nombreux. Les personnages de Tahar Rahim dans Un prophète et de Romain Duris dans De battre mon coeur s'est arrêté l'illustrent bien. Deux hommes que tout opposent mais qui verront eux aussi leurs avenirs bouleversés par une rencontre. Une rencontre qui présage une descente aux enfers pour le premier et une renaissance pour le second. Les films d'Audiard, De rouille et d'os compris, pourront donc, par un certain manque d'originalité ou du moins de prise de risque, en lasser quelques-uns...


Un videur baraqué et galant, extrait de De rouille et d'os

... qui ne laisse pourtant pas indifférent

Pourtant, si le film peut être accusé de manque d'originalité, le résultat est très réussi, parfaitement traité. Le réalisateur nous offre même l'un de ses meilleurs films. Sans chercher à attiser la compassion, Jacques Audiard nous montre avec une émotion forte, et en même temps une grande simplicité, deux vies fragiles, deux personnes que tout auraient pu opposer mais qui vont finalement choisir de faire, ensemble, un bout de chemin. Le handicap y est évoqué sans trop de lourdeur, laissant place à la naissance d'une relation entre cette femme blessée et cet homme brisé dont la compassion n'est pas le fort, qui possède ses propres démons à affronter. Certains diront que le film n'a pas la prétention d'une Palme, l'histoire n'étant peut-être finalement pas assez marquante, en n'étant ni polémique, ni politique, ou simplement pas assez surprenante. Le film fait pourtant partie de ceux qui ne vous laisse pas complètement indemne en sortant de la projection. La violence de certaines scènes et quelques passages vraiment poignants font de ce long métrage un film sur lequel on peut compter. Sans compter sur les prestations magistrales de ses deux acteurs, Marion Cotillard (qui réussit même à nous émouvoir sur une musique de Katy Perry) et l'acteur belge Matthias Schoenaerts, véritable révélation du film.

De vrais concurrents ?

Audiard est donc bien en lice pour recevoir la Palme, mais la concurrence est rude. Face à lui, les films de Michael Haneke ou Leos Carax semblent avoir davantage marqué l'esprit des festivaliers. Audiard pourrait par ailleurs payer les frais d'une projection très tôt dans le festival. Si les notes très élogieuses de nos insiders en faveur du Carax n'indiquent en rien le choix potentiel du jury, De rouille et d'os pourrait être oublié. Le nouveau et très attendu film de David Cronenberg, Cosmopolis, projeté ce matin, a toutefois reçu un accueil mitigé (attention, nos envoyés spéciaux aiment beaucoup et vous en parlent bientôt), ce qui ouvre potentiellement la porte à un prix.


Allez chez le coiffeur, extrait de Cosmopolis

S'il est donc peu probable qu'Audiard obtienne la Palme dimanche, Marion Cotillard (qui est l'une des rares femmes tenant un rôle principal dans l'un des films en compétition) pourrait tirer son épingle du jeu. On sait en tous cas que Nanni Moretti aime le cinéma français, lors de la cérémonie d'ouverture, il évoquait ainsi : « ce pays qui, contrairement à d'autres, réserve toujours un rôle important au cinéma dans la société ».

Image : © UGC Distribution

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