« un film plus personnel, focalisé sur la réalité des jeunes »

Entretien avec Kim Chapiron : les inspirations de Dog Pound...

Rencontre | Par David Honnorat | Le 24 juin 2010 à 16h37
Tags : interview

5 ans après Sheitan, un film de genre survolté porté par Vincent Cassel et la musique de TTC, Kim Chapiron signe avec Dog Pound son second long-métrage. Changement de style radical, le film nous immerge dans une prison pour mineurs de l'Amérique profonde. On suit l'itinéraire de trois jeunes : Butch (17 ans) Angel (15 ans) et Davis (16 ans) qui doivent affronter en même temps l'enfer de la taule et l'âge crucial de l'adolescence.

Nous avons rencontré Kim Chapiron pour lui parler de son film, mais aussi du cinéma qu'il aime et des inspirations de Dog Pound. Le personnage est à l'image de son film : d'un calme trompeur, on le sent bouillonnant et passionné. Après Sheitan, pour lequel l'influence de Kourtrajmé était très forte, il revient cette fois-ci avec « un film beaucoup plus personnel, focalisé sur la réalité des jeunes ».

L'immersion dans cette réalité a été totale puisque le réalisateur a passé près d'un an auprès de jeunes détenus pour préparer son film. Le projet ? à l'origine une idée du producteur George Bermann (Be kind rewind, La Science des rêves...) ? a ainsi trouvé une dimension presque documentariste. Une large place a été laissée à l'improvisation et à l'inattendu (plusieurs acteurs étaient de véritables délinquants rencontrés lors des repérages) : « Ça a été minutieusement préparé, mais sur le tournage, en permanence, le scénario était réinventé par les acteurs, par nous et les événements inattendus qui arrivaient. ». Dans ses moments de climax, le film puise ainsi une force surprenante. A peu près tout peut arriver : « Arrive tout le temps au moment de la scène, la possibilité que ça change pour plein de raisons. On laisse les choses arriver et on les prend comme elles arrivent. »

En dépit de son réalisme le film est emprunt de références et d'inspirations cinématographiques. On peut en tout premier lieu penser à Scum d'Alan Clarke dont le film est librement inspiré (Kim Chapiron avoue avoir vu le film sur le conseil de son producteur au moment d'accepter le projet).On retrouve dans ce film de 1979 se déroulant dans une maison de correction britannique, plusieurs scènes très similaires comme ce passage à tabac nocturne :

Mais, pour Kim Chapiron, Dog Pound est avant tout un film sur l'adolescence. Il cite alors des références comme L'enfance nue de Maurice Pialat ou Sa Majesté des mouches de Peter Brook...

On aborde alors la nette influence de Larry Clark et en particulier Kids qu'il cite pour sa scène d'ouverture et pour l'ambiance générale du film. On retrouve dans Dog Pound le mélange trouble de maturité et d'innocence ainsi que la sensualité des corps propres aux films du réalisateur américain.

Aux influences conscientes et assumées du cinéastes on peut en ajouter d'autres, plus diffuses mais perceptibles. On pense notamment à la première partie de Full Metal Jacket de Kubrick, à If... de Lindsay Anderson ou encore à la violence langoureuse d'Elephant de Gus Van Sant :

Plus généralement, s'il dit être un assez gros consommateur de films : « Quelques nouveautés quand je peux, sinon je vois de tout. », difficile de dessiner un portrait net du cinéma qu'affectionne Kim Chapiron. Il avoue pourtant aimer particulièrement dénicher des raretés : « Récemment j'ai vu de la GROSSE référence ! La Comédie de Dieu de Joao César Monteiro. Grosse, grosse référence ! C'est l'histoire d'un collectionneur de poils pubiens... qui fait des glaces. J'essaye de rechercher des petites perles. J'aime bien le cinéma en marge mais les grands classiques aussi, beaucoup. ».

On revient alors à Dog Pound et aux scènes qu'il affectionne particulièrement. Deux se dégagent : l'ouverture du film et la présentation express des trois personnages principaux dont on apprend l'arrestation par de sobres cartons : « Les arrestations sans flics, j'aimais bien cette idée... », et la séance d'hanger-management inspirée d'une scène à laquelle il a réellement assisté et dont il a cherché à faire reproduire des gestes et des répliques. Et puis vient une autre scène, excellente, au coeur du film, qui réussit avec brio le délicat exercice d'aborder le sexe en prison via le fantasme raconté par l'un des jeunes détenus :

L'entretien se termine par quelques mots sur Balmorhea, un groupe texan assez cool qui s'est chargé de la musique (plutôt discrète : 8 minutes au total dans le film) et des infos concernant son prochain projet : une histoire d'amour produite par Vincent Cassel (qui devrait assurer le rôle titre) entièrement tournée au Brésil pendant le carnaval de Rio.

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