Quand les réalisateurs sortent leur gros matos

Rétro 2011 : les 5 prouesses techniques les plus marquantes de l'année cinéma

Top 5 | Par Hugues Derolez, Julien Di Giacomo | Le 27 décembre 2011 à 10h30

On le sait, 2011 fut frappé d'un mal qui ronge le cinéma depuis peu mais qui inquiète toujours autant : l'utilisation systématique de la 3D, partout, tout le temps, pour le cinéma d'animation, la danse, les films d'action. Heureusement pour nous, quelques braves réalisateurs réussissent à utiliser cet outil avec talent et délicatesse. Et quelques autres résistent encore et toujours à l'appel de cette nouvelle technologie, pour peaufiner leur art et nous subjuguer de bien d'autres façons.

1. La cavalcade de Milou (en performance capture) dans Tintin

Certains râleurs pensaient que nous avions complètement oublié l'existence du facétieux Milou lors de notre concertation pour élire les animaux les plus marquants de 2011. Il n'en est rien. Nous avons décidé de prendre notre temps et de le garder précieusement pour l'élire au premier rang d'un top d'exception : celui des performances techniques les plus marquantes de l'année. Ce fier représentant de la race canine, en plus d'oeuvrer pour le bien de son maître et du Capitaine Haddock, est un illustre exemple des possibilités offertes par la performance capture. Vous apprendrez ici en détails en quoi consiste cette nouvelle technologie. Vous apprendrez aussi que Milou était incarné par une peluche. C'est donc d'autant plus classe de voir ce dont une peluche est capable. Et si on élit Milou meilleure performance technique de l'année, c'est aussi à l'ensemble du travail de Steven Spielberg que nous tirons notre chapeau.


Kidnapping extrait de Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

2. L'explosion du train dans Super 8

Le film de JJ Abrams ne cache pas ses modèles : bercé par le cinéma de Steven Spielberg, il lui rend clairement hommage avec son Super 8 tendre et daté. Nourri au sein de son maître qui le produit ici, Abrams prend conscience des enjeux du cinéma de son enfance, les prend à bras le corps, pour en tirer un salmigondis sur les brisures inévitables de l'enfance, et la porte de sortie de l'imaginaire, celle du cinéma en l'occurrence. L'intention est louable mais, dans son envie de compilation et de témoignage, Abrams laisse de côté l'essentiel : l'émotion, malheureusement dosée avec pingrerie et beaucoup de facilité. Pour ce qui est des courses et des explosions, par contre, il livre un travail admirable, où les soubresauts de l'enfance sont figurés par l'image : on évite les pièges et les coups du sort, en les frôlant de près, mais on finit par s'en tirer.


Les enfants sauvés des flammes extrait de Super 8

3. Le prologue de Melancholia

Lars Von Trier nous avait déjà fait le coup du ralenti artistique sur fond de musique classique à plusieurs reprises dans Antichrist il y a 3 ans, d'abord lors d'une mémorable scène de pénétration hygiénique (avec doublures corporelles), puis plus tard lors d'une rencontre mystique entre la tête de Willem Dafoe et une armée de glands. Et pourtant, lorsqu'il remet le couvert dans le prologue / épilogue de Melancholia, force est de constater que le procédé est toujours aussi époustouflant, presqu'assourdissant de majesté. Kirsten Dunst ententaculée par des racines venues des profondeurs, en robe de mariée, sur fond de Wagner, ça a quand même de la gueule. Facile, peut-être, mais finalement assez rare, et assez magnifique à contempler. Sa présence dans notre top 5 est absolument indiscutable.


Prologue extrait de Melancholia

4. Les peintures rupestres en 3D dans La Grotte des rêves perdus

La 3D s'est insinuée dans le cinéma dit « d'auteur » depuis cette année : Wim Wenders y allait de son hommage à Pina Bausch, Werner Herzog rencontre lui nos ancêtres en infiltrant la grotte Chauvet et en la filmant au plus près. S'enchaînent ensuite les rencontres avec les conservateurs de la grotte, et leurs explications parfois un peu trop longues et d'un mysticisme sirupeux. Reconnaissons qu'une chose au moins est ébouriffante : le vertige obtenu en observant les peintures rupestres datant d'il y a plusieurs milliers d'années, l'impression de pouvoir les caresser par le biais de la 3D, et de voir s'animer devant nous ces animaux comme dans un antique film, vestige de nos origines. C'est con, vous pourrez pas le voir en 3D, mais ça vaut quand même le coup.


Paintings and shadows extrait de La Grotte des rêves perdus

5. Les plans interminables dans Le Cheval de Turin

Plus qu'une scène en particulier, c'est en fait Le Cheval de Turin tout entier qui constitue pour nous une des 5 plus grosses performances techniques de l'année. Pas de 3D relief giclant hors de l'écran, pas de performance capture donnant vie aux pixels, pas d'explosions à faire jouir Michael Bay, mais, au lieu de tout ça, l'une des plus vieilles figures de style de l'histoire du cinéma, qui ne perd pourtant rien de son intensité : le plan-séquence. En fait, tout le film n'est qu'une suite de plans-séquences, 30 au total, comme souvent chez Béla Tarr, pour une moyenne de presque 5 minutes par plan. De quoi bien prendre le temps de comprendre ce qu'est exactement la beauté du cinéma, quitte à se faire un peu chier.


Dehors les forains ! extrait de Le Cheval de Turin

Et n'oubliez pas, si certaines performances, plans-séquences ou effets spéciaux vous ont marqué mais ne se trouvent pas ici (coucou Tree of Life !), dites vous qu'il reste encore un top « meilleures séquences de l'année », un top transversal donc qui prendra en compte la qualité technique, plastique des extraits sélectionnés. Vos poulains ne seront donc (peut-être) pas définitivement oubliés.

Retrouvez toute la rétrospective 2011

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