Cet article n'est pas un article sur les mangas et les comics

Les Schtroumpfs au cinéma : la BD n'a pas fini d'inspirer le cinéma...

Dossier | Par Isabelle Monteil | Le 4 août 2011 à 11h24
Tags : dessin, adaptation, BD

Avec la sortie ce 3 août du film Les Schtroumpfs et celle, très attendue, des Aventures de Tintin, force est de constater que nos BD d'enfance n'ont pas fini de prendre vie au cinéma pour le meilleur, mais hélas plus souvent pour le pire. Alors, à quand un film qui pourrait surpasser l'attente des lecteurs ? Les Schtroumpfs, crées par le dessinateur belge Peyo et transposés au cinéma sous la direction de Raja Gosnell (Scooby-Doo, Le Chihuahua de Bervely Hills), vont relancer les débats.

Touche pas à ma BD !
Tintin et Les Schtroumpfs démarrent tout deux avec un problème de taille : la langue, question déjà soulevée et qui promet effectivement d'en désarçonner plus d'un fan. En effet, dans Tintin, pratiquement tous les noms changent au profit du public anglophone : Thompson & Thomson pour Dupont & Dupond ou Snowy pour Milou (seuls épargnés : Tintin et le capitaine Haddock). De plus, le public américain, moins baigné dans le "Tintinisme" que nous, aura-t-il le même attrait pour le film ? Les réactions mitigées face aux premières images du film laissent déjà présager cette difficile promotion du héros belge. Même problème pour le film Les Schtroumpfs qui se décline en Smurfs et qui prend place dans le trop connu New York, un topos lassant, victime de sa propre notoriété. On aurait préféré à cela le développement d'un monde imaginaire et inconnu où les Schtroumpfs ne parleraient pas anglais et ne feraient pas de références ridicules au monde actuel comme la Schtroumpfette qui a le bon goût de citer Katy Perry (sa voix en anglais) avec « I kissed a Smurf and I liked it ». Pour l'adaptation fidèle on repassera.

Les Schtroumpfs et Tintin entre prise de vue réelle et animation
Prise de vue réelle
Le choix du type d'adaptation est souvent déterminé par deux choses : la faisabilité de reproduction d'un univers et la compatibilité parfaite entre un acteur et son personnage. Ces deux cas cohabitent justement dans l'adaptation très réussie des célèbres Astérix et Obélix par Alain Chabat dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre où la reconstitution des décors égale en justesse le choix du casting. Le défi réussi du film est d'avoir retrouvé et même amélioré l'univers et les personnages d'Uderzo. Évidemment cette recette n'est pas sans faille et le contre-point parfait à ces deux films reste Lucky Luke, qui bénéficiait pourtant d'un budget conséquent et du très bankable Jean Dujardin. Pari réussi en revanche pour la bande dessinée Largo Winch qui s'adapte complètement à la réalisation d'un film d'action emmené par le charismatique et dynamique Tomer Sisley qui évolue dans un univers contemporain et facilement transposable à l'écran :


Suspendu extrait de Largo Winch

Animation et prise de vue réelle
Au milieu de ces deux tendances certains choisissent d'animer en images virtuelles sur prise de vue réelle, comme c'est le cas pour Les Schtroumpfs. Effet plus ou moins réussi puisque les arrières plans sont pratiquement toujours flous et quelques approximations laissent un peu trop imaginer l'absence des acteurs 3D face à ceux de chairs et de sang. Cependant il faut dire que les rondeurs des schtroumpfs se prêtent assez bien à cette technique d'animation qui en fait d'improbables peluches bleues que les enfants s'arrachent, à l'image de la scène d'hystérie qu'ils provoquent dans un magasin de jouets. On peut tout de même regretter le placement de produits intempestifs dont le film fait montre. Tous les plans sont prétextes à mettre en valeur les marques, aussi Les Schtroumpfs peut-il fatiguer par cet incessant matraquage publicitaire. De plus, le film tombe trop souvent aux mains des humains, interprétés par Neil Patrick Harris et Jayma Mays qui compliquent inutilement l'intrigue initiale et infantilisent les schtroumpfs (qui malgré leur petites tailles ne sont pas des enfants). Un peu abêtissant donc.

La motion (ou performance) capture
La méthode, mise au point par Robert Zemeckis avec Le Pôle Express permet la capture informatique de chaque mouvement et expression de l'acteur grâce à une batterie de capteurs lumineux qui intègrent ensuite ces données à des personnages et des décors en 3D. C'est donc la méthode choisie par Steven Spielberg dans Tintin, et c'est là où le bât blesse. La motion capture flotte dans un entre-deux : trop réaliste pour un dessin mais pas assez pour prétendre égaler la prise de vue réelle. Où est donc l'intérêt de cette technique ? Le point positif indéniable est qu'elle renouvelle et sans doute révolutionne les méthodes de tournage (l'acteur peut évoluer librement sans élément de décor ou encore jouer plusieurs rôles sans point commun physique). Mais le rendu reste encore très décevant et rigidifie ces visages quasiment "humain" faisant de cette technique une entreprise de naturalisation extrême, presque de taxidermie, comme si un pantin s'était glissé dans une enveloppe charnelle morte. Morbide.

Verdict sur Les Schtroumpfs
Parmi toutes ces tendances, Les Schtroumpfs apparaît hélas comme un produit superflu, qui s'éloigne des meilleurs aspects de la BD, par peur sans doute de rebuter un public jeune ou non initié. Ainsi où sont passé les tics vocaux des schtroumpfs ? Trop frileux pour suivre jusqu'au bout le parti pris de Peyo qui remplaçait avidement les mots compréhensibles par "schtroumpfs", Raja Gosnell ampute les petits bonshommes bleus version cinéma de cette distinction linguistique qui est reléguée au rang d'anecdote. De plus, la transposition à New York aurait peut être été judicieuse pour une suite, mais voilà que les lecteurs européens se retrouvent directement à Manhattan, au coeur d'une intrigue amoureuse digne des comédies romantiques US bas de gamme. On n'échappe pas aux dialogues mielleux et moralisateurs qui finissent franchement par schtroumpfer pour rester polie. Néanmoins on peut saluer la qualité de l'animation des personnages et souligner que la transposition à New York permet aussi de focaliser l'attention sur un petit groupe de Schtroumpfs, sans doute les plus connus (Le Grand Schtroumpf, le Schtroumpf à lunette, Le Schtroumpf maladroit, le Schtroumpf grognon et la Schtroumpfette) et bien sur de donner toute sa place à Gargamel qui, avouons-le, est parfaitement interprété par Hank Azaria.

Retrouvez une liste de 20 adaptations de bandes-dessinées au cinéma

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