Oscars 2012 : statistiques et prévisions
A l'approche de la cérémonie des Oscars, comme pratiquement tous les ans, de courageuses personnes ont planché sur une analyse méticuleuse des récompenses passées pour en tirer des statistiques qui, si elles ne garantissent évidemment aucun résultat, permettent au moins de désigner le film qui possède objectivement le plus de chances de remporter le prestigieux trophée cette année. A Vodkaster, on n'est pas très doués pour tripoter les chiffres, mais Collider s'en est chargé pour nous. Voici le résultat de leurs recherches.
Une question de taille
Mettez-vous à la place du juré moyen : sur une période de temps très réduite, vous devez vous taper un grand nombre de films, toujours en les voyant avec un oeil très critique (il faut une certaine concentration pour juger quel film a le meilleur mixage sonore, par exemple), tout en vous laissant emporter pour pouvoir juger lequel est le meilleur dans l'absolu. Alors, évidemment, quand vous voyez un gros pâté dramatique de plus de 2h40 (Le Dernier empereur, Titanic, Danse avec les loups, La Liste de Schindler et autres choucroutes de ce genre), il a plus de chance de vous mettre en état d'immersion, de vous impressionner et, surtout, de vous rester en mémoire ; plus, en tout cas, que cette petite comédie romantique toute douce et légère d'1h20 que vous avez vu juste avant. On apprend donc sans surprise que, depuis 1960, 80% des Oscars du meilleur film font plus de 2h, et 41% des vainqueurs étaient les films les plus longs des nommés de l'année. C'est donc plutôt mal parti pour The Artist (1h40), et plutôt bien parti pour La Couleur des sentiments, Incroyablement machintruc et Cheval de guerre, qui font chacun plus de 2h25 (s'ils sont nommés, évidemment, mais les Golden Globes sont un premier marqueur en général assez précis des tendances des Oscars).
Une histoire de genre
La question des genres est évidemment plus délicate, puisqu'il s'agissait de données plus arbitraires et moins objectives, d'autant que les données récoltées sur les films proviennent de l'IMDB. Néanmoins, on peut tout de même les évoquer, car elles sont assez révélatrices. On y apprend sans grande surprise que les « drames » sont les plus récompensés, mais de toute manière tout film est plus ou moins un « drame », tant le terme semble fourre-tout. Ce qui est plus intéressant, en revanche, c'est de jeter un oeil au pourcentage de chance qu'à un film de gagner l'oscar lorsque son genre est représenté. Le concept est un peu compliqué à expliquer, mais l'idée, c'est que certains genres ne sont pas forcément représentés tous les ans, mais que quand ils le sont, ils ont plus de chances que les autres d'être élus. Ainsi, on découvre que les films préférés de l'Académie sont les films de guerre, même si leur présence est plutôt rare. Là encore, ça sentirait plutôt bon pour Cheval de guerre, d'autant qu'un certain Andrew B. Bernard notait en 2004 qu'avoir dans son film un personnage principal qui monte à cheval est un facteur de succès?
Il y a des gens qui aiment vraiment beaucoup les chiffres :
J'aimerai bien savoir compter comme ça extrait de Las Vegas 21
Peu de temps avant les derniers Oscars, Slate avait donné ses prévisions, selon les études des statisticiens Ian Pardoe et Andrew B. Bernard, et avait vu juste en désignant Le Discours d'un roi comme le grand favori de la cérémonie, mais ils avaient déjà pour eux des informations supplémentaires non négligeables : la liste des nommés, et les résultats des Golden Globes, qui servent souvent de baromètre pour pronostiquer les Oscars. Chiffres ou pas chiffres, ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que les votants sont des êtres humains comme vous et moi. Personne n'est jamais à l'abri d'une monstrueuse surprise. C'est aussi ce qui fait l'intérêt de la compétition. Et d'ailleurs, peut-être que ça serait un peu trop facile et évident de récompenser un film de guerre réalisé par Steven Spielberg, non ? Car même si c'est a priori Cheval de guerre que les chiffres désignent, le buzz internet voudrait que le favori réel soit The Artist. Là encore, mieux vaut attendre l'inattendu?
