Jorge Semprún

Scénariste, acteur, réalisateur
Né à Madrid le 10 décembre 1923, mort le 7 juin 2011
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Biographie de Jorge Semprún

Jorge Semprún est issu d'une famille de la grande bourgeoisie espagnole. Sa mère, Susana Maura (décédée en 1932) est la fille de l'homme politique libéral des années 1880-1925, Antonio Maura, président du gouvernement espagnol, et la soeur de Miguel Maura. Son père, José María Semprún (1893-1966), avocat et professeur de droit, a occupé des fonctions de gouverneur civil de province (Tolède, Santander) ; quoique catholique pratiquant, il soutient la République et reste loyal au gouvernement de Front populaire en 1936.
Pendant le déclenchement de la Guerre d'Espagne, en juillet 1936, la famille se trouve en vacances à Lekeitio, près de Bilbao ; elle gagne Bayonne en bateau, séjourne d'abord à Lestelle-Betharram (Pyrénées-Atlantiques) dans la maison de Jean-Marie Soutou, un proche d' Esprit, revue dont José María Semprún était correspondant en Espagne ; puis dans la région de Genève, où il se voit offrir un poste diplomatique : du début de 1937 à février 1939, il représente la République espagnole aux Pays-Bas. Jorge et ses six frères et soeurs passent donc deux ans dans ce pays ; Jorge est scolarisé dans un lycée local et maîtrise, à cette époque, le néerlandais.
Après la fermeture de la légation républicaine à La Haye, la famille s'exile en France ; Jorge termine ses études secondaires au lycée Henri-IV, à Paris ; il participe à la manifestation patriotique du 11 novembre 1940 ; en 1941, il obtient le 2e prix de philosophie au Concours général et est reçu au baccalauréat, puis commence des études de philosophie à la Sorbonne.
Il rejoint aussi la Résistance. Il entre en contact avec le réseau communiste des Francs-tireurs et partisans-Main-d'oeuvre ouvrière immigrée (FTP-MOI) et entre au Parti communiste d'Espagne (PCE) en 1942. Mais il intègre, avec l'accord de la MOI, le réseau Jean-Marie Action, qui relève de l'organisation Buckmaster, c'est-à-dire la section France des services secrets britanniques (SOE). Ce réseau, dirigé par Henri Frager, opère en Bourgogne (réception de parachutages d'armes et répartition de ces armes dans les maquis de l'Yonne et de la Côte-d'Or).
En septembre 1943, Jorge Semprún est arrêté par la Gestapo à Joigny et, après un séjour à la prison d'Auxerre, déporté au camp de concentration de Buchenwald. Après la période de quarantaine dans le Petit Camp, il est affecté par l'organisation communiste clandestine du camp à l'Arbeitsstatistik (l'administration du travail), sans toutefois entrer dans la catégorie des détenus privilégiés (Prominenten). Dans cette organisation, il a pour supérieurs de futurs cadres des démocraties populaires : Josef Frank, Ladislav Holdos, Ernst Busse, Walter Bartel, Willi Seifert (kapo de l' Arbeitsstatistik). Pour le compte du PCE, dont le leader dans le camp est Jaime Nieto (dit « Bolados »), il est chargé d'organiser des activités culturelles pour les déportés espagnols. Par ailleurs, il a l'occasion (pendant la demi-journée de repos du dimanche après-midi) de fréquenter le sociologue Maurice Halbwachs ainsi que le sinologue Henri Maspero, eux aussi détenus à Buchenwald, jusqu'à ce qu'ils y meurent.
Peu avant l'arrivée des troupes américaines du général Patton, il participe au soulèvement des déportés. Le camp est libéré le 11 avril 1945 ; Jorge Semprún est évacué le 26 et est de retour à Paris à la fin du mois.
Le retour à la vie civile va être très difficile, avec notamment l'incident de sa chute de train à l'arrivée en gare de Saint-Prix (où habite son père) en août 1945. Il commence ensuite à mettre par écrit ses souvenirs de Buchenwald mais, séjournant dans le canton suisse du Tessin avec la famille de sa soeur Maribel (d'octobre 1945 à janvier 1946), il se rend compte que la poursuite de ce travail le met en danger. Il prend alors la décision non seulement d'y mettre fin, mais encore de ne plus repenser à ce qui s'est passé durant ces années (il parle d'« amnésie volontaire »). En 1947, il a un fils, Jaime, avec la comédienne Loleh Bellon. Jaime Semprun est décédé en août 2010.
Il reste un membre actif du PCE. Pendant quelques années, il milite tout en travaillant, principalement comme traducteur à l'UNESCO. En 1952, il devient permanent du parti affecté au travail clandestin en Espagne.
De 1953 à 1962, il coordonne la résistance communiste au régime de Franco, faisant plusieurs longs séjours en Espagne sous différents pseudonymes, notamment celui de Federico Sánchez. Il est plus particulièrement chargé des relations avec les milieux intellectuels. Il entre au Comité central du PCE en 1954 puis au Comité exécutif (Bureau politique) en 1956. Il effectue aussi plusieurs missions dans les pays de l'Est, en particulier auprès de Dolores Ibárruri, Secrétaire général du parti : en janvier 1956, à Bucarest ; et de nouveau en 1959, à Ouspenskoie (URSS), avec Santiago Carrillo : c'est à ce moment que Dolores Ibárruri annonce à ses visiteurs sa démission du poste de Secrétaire général.
En 1962, Santiago Carrillo, devenu Secrétaire général, décide de le retirer du travail clandestin en Espagne.
Il est exclu du parti en 1964, en même temps que Fernando Claudín. La raison invoquée est : « divergence de point de vue par rapport à la ligne du Parti ». À partir de ce moment, il se consacre principalement à l'écriture.
En 1966, il demande aux autorités espagnoles un passeport officiel, qui lui est accordé, bien qu'avec réticence, compte tenu de son passé. Il peut ainsi circuler librement entre l'Espagne et la France où il continue de résider. En 1969, Jorge Semprún participe à la création des éditions Champ Libre aux côtés de Gérard Lebovici.
Un épisode important est la période 1988-1991 : Jorge Semprún occupe le poste de ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González. Dans cette fonction, il se trouve très vite en conflit larvé avec Alfonso Guerra, le leader en second du PSOE ; en 1991, il est amené à quitter le gouvernement, Felipe González ayant décidé de couvrir des pratiques discutables d'Alfonso Guerra.
En 1989, il participe à la veillée funèbre de Dolores Ibárruri, ainsi que Fernando Claudín.

Filmographie de Jorge Semprún

  • 1
    Le Temps du silence
    un film de Franck Apprederis
    Manuel a passé 18 mois à Buchenwald. Peu avant son retour à Paris, déjà il s'interroge sur la façon dont il pourra parler de l'expérience des camps. Mais qui pourra entendre ? Qui...
    1h41
    Ma note :
  • 2
    Les Chemins de la mémoire
    Espagne, 1975 : mort du dictateur Franco, au terme de 40 ans d'un régime répressif qui a fait des centaines de milliers de victimes - orphelins, prisonniers, exilés, déportés, tort...
    1h32
    Ma note :
  • 3
    K
    Taux de satisfaction de la communauté
    28%
    (1997)
    un film de Alexandre Arcady
    Paris, 1990. Sam est inspecteur de police judiciaire. Ce matin là, sous ses yeux, Katz, un vieux brocanteur qu'il aime comme son père, abat de sang froid un touriste allemand entré...
    2h15
    Ma note :
  • 4
    L'Affaire Dreyfus
    Taux de satisfaction de la communauté
    40%
    un film de Yves Boisset
    Durant l'été 1894, l'Etat-Major français découvre l'existence d'un traître. Alsacien et juif, l'officier français Alfred Dreyfus fait un coupable idéal. Par manque de preuves perti...
    3h20
    Ma note :
  • 5
    Les Trottoirs de Saturne
    un film de Hugo Santiago
    Fabian Cortes, musicien latino-américain, virtuose du bandonéon, disparaît de son domicile parisien où il vit depuis douze ans. Sa femme, Danielle, jeune avocate, se décide à préve...
    2h20
    Ma note :
  • 6
    Les Routes du Sud
    un film de Joseph Losey
    Un homme quinquagénaire, vieux militant de la lutte antifranquiste, vient de perdre sa femme dans un accident de voiture et connaît des rapports difficiles avec son fils.
    1h37
    Ma note :
  • 7
    Le Fond de l'air est rouge
    Taux de satisfaction de la communauté
    86%
    un film de Chris Marker
    Film en deux parties : "Les mains fragiles" et "Les mains coupées". Les espoirs et les déceptions suscités par les mouvements révolutionnaires dans le monde entier : Le Viet-nam, C...
    3h00
    Ma note :
  • 8
    Une Femme à sa fenêtre
    Taux de satisfaction de la communauté
    46%
    Rico et Margot Santorini ne s'aiment plus. Lui, play-boy vaguement diplomate, collectionne les aventures féminines; Margot, belle, riche, courtisée, est dans l'attente d'un grand a...
    1h45
    Ma note :
  • 9
    Section spéciale
    Taux de satisfaction de la communauté
    94%
    un film de Costa-Gavras
    A Paris, en août 1941. Un militant communiste assassine un officier allemand dans une station de métro. Le soir même, à Vichy, le gouvernement accorde les pleins pouvoirs au minist...
    1h58
    Ma note :
  • 10
    Stavisky
    Taux de satisfaction de la communauté
    54%
    (1974)
    un film de Alain Resnais
    Évocation de la vie de Stavisky, escroc assassiné en janvier 1934 dans un chalet de Chamonix après avoir émis de faux bons de caisse au Crédit municipal de Bayonne.
    2h35
    Ma note :

Avis sur les films de Jorge Semprún

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