Samuel Johnson

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Samuel Johnson
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Né à Lichfield le 18 septembre 1709, mort le 13 décembre 1784
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Biographie de Samuel Johnson

Il existe de nombreux biographies de Samuel Johnson, mais la vie de Samuel Johnson par James Boswell (The Life of Samuel Johnson) est celle qui est la mieux connue du grand public. Au XXe siècle pourtant, l'opinion des spécialistes de Johnson comme Edmund Wilson et Donald Greene est qu'on peut difficilement appeler biographie un tel ouvrage : « Ce n'est qu'un recueil de ce que Boswell a pu écrire dans ses journaux à l'occasion de ses rencontres avec Johnson au cours des vingt-deux dernières années de la vie de celui-ci... avec seulement un effort bien négligent pour combler les lacunes. » Donald Greene assure aussi que Boswell, avec l'aide de ses amis, a commencé son travail par une campagne de presse bien organisée, avec grosse publicité et dénigrement de ses adversaires, en se servant pour la stimuler d'un des articles les plus mémorables de Macaulay qui n'est que du boniment de journaliste. Il lui reproche aussi des erreurs et des omissions, affirmant que l'ouvrage relève plus du genre des Mémoires que que la biographie au sens strict.
Sarah Ford accouche le 18 septembre 1709 de Samuelqu'elle a eu avec son mari Michael Johnson ; l'enfant naît dans la maison de ses parents, située juste au-dessus de la librairie de Michael, à Lichfield, (Staffordshire, Angleterre), et les quarante ans de Sarah obligent le couple à faire appel à un maïeuticien et chirurgien de renom nommé George Hector. L'enfant ne pleure pas, et dubitative à propos de la santé du nouveau-né, sa tante déclare « qu'elle n'aurait pas ramassé une telle pauvre créature dans la rue » ; comme la famille craint pour la survie de l'enfant, elle fait appel à un pasteur pour le baptême. Deux parrains lui sont choisis : Samuel Swynfen, médecin diplômé du Pembroke College d'Oxford et Richard Wakefield, juriste et secrétaire de mairie de Lichfield.
La santé de Samuel s'améliore, et Joan Marklew lui sert de nourrice. Il est rapidement atteint de scrofules, connu alors sous le nom de « Mal du Roi », car on pensait qu'un toucher du roi pouvait en guérir. John Floyer, ancien physicien de Charles II d'Angleterre suggère alors que le jeune Johnson devrait recevoir le toucher du roi, que Anne de Grande-Bretagne lui accorde le 30 mars 1712. Le rituel se révèle toutefois inefficace et une opération est pratiquée qui laisse à vie des cicatrices sur le corps et le visage de Samuel. Avec la naissance du frère de Samuel, Nathaniel, quelques mois plus tard, Michael n'est plus en mesure de payer les dettes qu'il a accumulées au cours des ans, et sa famille est contrainte à changer de mode de vie.
Enfant, Johnson fait montre d'une grande intelligence et ses parents, à son grand grief, avaient pour habitude de faire valoir ses talents nouvellement acquis. Son éducation commence à ses trois ans, et sa mère lui fait mémoriser et réciter des passages du Livre de la prière commune. À l'âge de quatre ans, il est envoyé à une école voisine puis, à six ans, chez un cordonnier retiré afin de poursuivre son éducation. Un an plus tard, Johnson est envoyé à la Lichfield Grammar School (« École de grammaire de Lichfield »), où il excelle en latin. À ce moment, Johnson commence à montrer les tics qui influenceront par la suite la façon dont on le voit, et qui permettront après sa mort de diagnostiquer le syndrome de Tourette. Il est un excellent élève et est présenté à l'école secondaire à neuf ans. Il se lie d'amitié avec Edmund Hector, neveu de son maïeuticien George Hector, et John Taylor, avec qui il restera en contact toute sa vie.
À ses seize ans, Johnson a l'opportunité de vivre chez ses cousins, les Ford, à Pedmore, Worcestershire. Il devient un ami proche de Cornelius Ford, qui met sa connaissance des classiques à profit pour donner des cours particuliers à Johnson lorsque ce dernier ne va pas à l'école. Ford est un universitaire talentueux, mais aussi un alcoolique notoire que ses excès amenèrent à la mort six ans après la visite de Johnson. Après avoir passé six mois avec ses cousins, Johnson retourne à Lichfield mais M. Hunter, le directeur, que l'impertinence de cette longue absence a énervé, refuse qu'il poursuive ses études à l'école. L'accès à la Lichfield Grammar School lui étant interdit, Johnson se fait inscrire à l'école King Edward de Stourbridge. Du fait de la proximité de l'école avec Pedmore, Johnson peut passer plus de temps avec ses cousins, et il commence à écrire des poèmes et à traduire des vers. Toutefois, il ne passe que six mois à Stourbridge avant de retourner une fois de plus chez ses parents à Lichfield.
À ce moment, l'avenir de Johnson est très incertain, car son père est très endetté. Afin de gagner un peu d'argent, il commence à brocher des livres pour son père. Il est probable qu'il a alors passé beaucoup de son temps dans la librairie paternelle à lire diverses oeuvres et à approfondir ses connaissances littéraires. La famille vit dans la pauvreté jusqu'à la mort, en février 1728, de cousine de Sarah qui leur laisse assez d'argent pour pouvoir envoyer Samuel à l'université. Le 31 octobre 1728, quelques semaines après son dix-neuvième anniversaire, Johnson entre au Pembroke College, à Oxford. L'héritage ne permet pas de couvrir toutes ses dépenses à Pembroke, mais Andrew Corbet, un ami et condisciple, lui offre de combler le déficit.
À Pembroke, Johnson se fait des amis et lit beaucoup. Plus tard, il racontera des histoires sur son oisiveté. Plus tard, son professeur particulier lui demande de produire un thème de Messiah (« Messie ») de Alexander Pope en tant qu'exercice de Noël. Il en effectue la moitié en un après-midi et finit le lendemain matin. Bien que cela attire les éloges sur lui, Johnson ne reçoit pas le bénéfice matériel escompté. Le poème apparaîtra plus tard dans Miscellany of Poems (1731 ; « Anthologie de Poèmes »), édité par John Husbands, professeur particulier de Pembroke, et est la première publication de Johnson qui soit encore en état. Johnson passe le reste de son temps à étudier, et ce même pendant les vacances de Noël. Il ébauche un « plan d'étude » nommé « Adversaria » qu'il laisse inachevé, et utilise son temps à l'étude du français pendant qu'il approfondit sa connaissance du grec.
Après treize mois, la pauvreté contraint Johnson à quitter Oxford sans diplôme, et il retourne à Lichfield. Vers la fin de son séjour à Oxford, son professeur particulier, Jorden, quitte Pembroke pour être remplacé par William Adams. Johnson l'apprécie, mais en décembre, il ne peut plus payer ses frais de scolarité et doit retourner chez lui. Il laisse derrière lui de nombreux livres empruntés à son père, ne pouvant les transporter et comme un geste symbolique : il espère en effet retourner rapidement à l'école.
Il reçoit finalement un diplôme : juste avant la publication de son Dictionnaire en 1755, l'Université d'Oxford décerne à Johnson le diplôme de Master of Arts. Il se voit également attribué à titre honorifique un doctorat en 1765 par le Trinity College de Dublin et un autre en 1775 par l'Université d'Oxford. En 1776, il retourne à Pembroke avec James Boswell et visite l'université avec son dernier professeur, Adams, qui est alors son Maître. Il se sert de cette visite pour raconter ses études à l'université, son début de carrière, et pour exprimer son attachement pour Jorden.
On sait peu de choses sur la vie de Johnson entre la fin de l'an 1729 et 1731 ; il semblerait qu'il ait vécu avec ses parents. Il a des crises d'angoisse et souffre pendant des années de maladie ; ses tics et ses gesticulations associés au syndrome de Tourette deviennent de plus en plus évidents et on les commentait souvent. En 1731, le père de Johnson est très endetté et a perdu de sa réputation à Lichfield. Johnson espère obtenir un poste de portier alors disponible à Stourbridge Grammar School, mais son diplôme ne le lui permet pas et sa candidature est repoussée au 6 septembre 1731. C'est environ à ce moment que le père de Johnson tombe malade et développe une « fièvre inflammatoire » qui entraîne sa mort en décembre 1731. Johnson trouve finalement un emploi de sous-maître à Market Bosworth, dirigée par Sir Wolstan Dixie, qui autorise Johnson à enseigner sans diplôme. Bien que Johnson soit traité comme un domestique, il prend plaisir à enseigner malgré le fait qu'il trouve l'activité ennuyante. Après une dispute avec Dixie il quitte l'école, et en juin 1732, est de retour chez lui.
Johnson continue à chercher un poste à l'école de Lichfield. Après avoir été refusé à Ashbourne, il passe du temps avec son ami Edmund Hector, qui vit chez l'éditeur Thomas Warren. Ce dernier commence à ce moment - là son Birmingham Journal, et s'assure l'aide de Johnson. Ce lien avec Warren grandit, et Johnson propose une version du compte rendu de Jeronimo Lobo (missionnaire jésuite portugais) sur les abyssiniens. Johnson décide, après avoir lu la traduction de l'Abbé Joachim le Grand en français, qu'une version plus courte pourrait être « utile et profitable » . Plutôt que de tout écrire lui-même, il dicte à Hector qui amène ensuite la copie à l'imprimeur et procède à des corrections. A Voyage to Abyssinia (« Un voyage en Abyssinie ») est publié un an plus tard. Johnson retourne à Lichfield en février 1734 et commence une édition annotée des poèmes en latin de Poliziano, accompagnée d'une histoire de la poésie latine de Pétrarque à Poliziano ; on commence bientôt l'impression de Proposal, mais un manque d'argent avorte le projet.
Johnson reste avec son ami intime Harry Porter pendant une maladie en phase terminale, dont il décède le 3 septembre 1734, laissant sa femme Elizabeth Jervis Porter (alias « Tetty ») veuve à l'âge de 41 ans, avec trois enfants. Quelques mois plus tard, Johnson commence à la courtiser. Le Révérend William Shaw affirme que « les premières avances venaient probablement d'elle, comme son attachement à Johnson était en opposition avec les avis et les désirs de toutes ses relations ». Johnson est inexpérimenté dans de telles relations, mais la veuve nantie l'encourage et lui promet de pourvoir à ses besoins grâce à ses économies considérables. Ils se marient le 9 juillet 1735 à l'Église de St Werburg, à Derby. La famille Porter n'approuve pas, en partie parce que Johnson a 25 ans et Elizabeth, 42, et le mariage dégoûta son fils à un tel point que Jervis décide de couper les ponts avec Elizabeth. Toutefois, sa fille Lucy a depuis le début accepté Johnson, et son autre fils, Joseph, acceptera le mariage plus tard.
En juin 1735, alors qu'il travaille comme professeur particulier avec les enfants de Thomas Withby, Johnson se porte candidat pour le poste de directeur de Solihull School. Bien que Walmesley lui apporte son support, Johnson est ignoré car les directeurs de l'école pensent qu'il est « un homme très hautain et désagréable » et que « il a une telle manière de déformer son visage que l'on croit qu'il peut toucher les enfants » . Avec les encouragements de Walmesley, Johnson pense qu'il pourrait être un professeur très talentueux s'il gérait sa propre école. En automne 1735, il ouvre Edial Hall School, école privée, à Edial près de Lichfield. Il n'a alors que trois élèves : Lawrence Offley, George Garrick et David Garrick (18 ans) qui deviendra l'un des acteurs les plus célèbres de son époque. L'entreprise est un échec et coûte à Tetty une importante partie de sa fortune. Plutôt que de continuer à faire marcher l'école proche de la faillite, Johnson commence à écrire sa première oeuvre majeure, la tragédie historique Irene. Le biographe Robert De Maria croit que le syndrome de la Tourette empêchait Johnson de se livrer à des occupations telles que le directorat d'école ou l'enseignement particulier ; sa maladie a pu mener Johson à « l'occupation invisible de l'écriture » .
Le 2 mars 1737, jour du décès de son frère, Johnson, désargenté, quitte Lichfield pour Londres avec son ancien élève David Garrick ; il est pessimiste en ce qui concerne leur voyage, mais heureusement, Garrick a des relations à Londres et tous deux peuvent séjourner chez Richard Norris, lointain parent de l'élève. Johnson déménage bientôt à Greenwich, près du Golden Hart Tavern où il termine Irene. En 1736, Johnson trouve un emploi auprès d'Edward Cave et fait venir sa femme à Londres : il écrit des articles pour The Gentleman's Magazine ; le 12 juillet 1737, il lui écrit pour lui proposer la version de Istoria del Concilio Tridentino (« Histoire du Concile de Trente » , History of the Council of Trent en anglais) de Paolo Sarpi (1619), que Cave n'accepte que des mois plus tard. Ses missions pour le magazine et d'autres éditeurs à ce moment sont « presque sans précédent en étendue et en variété » et « si nombreuses, si variées » que « Johnson lui-même n'aurait pas pu en faire une liste complète ».
En mai 1738, sa première oeuvre majeure, le poème London, est publiée anonymement. Basée sur la troisième Satire de Juvénal, elle décrit le personnage Thales, partant pour Wales afin d'échapper aux problèmes de Londres, représentée comme un lieu de crime, de corruption, et de négligence envers les pauvres. Johnson ne s'attend pas à ce que le poème soit pour lui une source de renom. Alexander Pope déclare que l'auteur sera bientôt projeté sur les devants de la scène (en anglais, "will soon be déterré"), mais cela n'arrivera que 15 ans plus tard.
En août, le manque d'une Maîtrise es arts décernée par Oxford ou Cambridge fait qu'il se voit refuser un poste de professeur à l'Appleby Grammar School. Souhaitant mettre fin à ces refus, Pope demande à Lord Gower de se servir de son influence pour obtenir que Johnson se voit décerné un diplôme. Gower pétitionne Oxford pour qu'un diplôme soit accordé à Johnson à titre honorifique, mais on lui répond que c'est « trop demander » . Il demande alors à un ami de Jonathan Swift de convaincre ce dernier à demander à l'Université de Dublin de décerner une Maîtrise à Johnson, dans l'espoir qu'il pourrait alors justifier une Maîtrise es arts de la part de Oxford, mais Swift refuse d'agir en faveur de Johnson.
Entre 1737 et 1739, Johnson se lie d'amitié avec Richard Savage. Se sentant coupable de vivre de l'argent de Tetty, Johnson cesse de vivre avec elle et consacre son temps à son ami. Ils sont pauvres et ont pour habitude de séjourner dans des auberges ou des « caves de nuit », exception faite des nuits où ils errent dans les rues, manquant d'argent. Ses amis essayent d'aider Savage en essayant de le persuader de partir pour le Pays de Galles, mais il finit à Bristol et s'endette à nouveau. Il est envoyé en prison et meurt en 1743. Un an plus tard, Johnson écrit Life of Mr Richard Savage (1744 ; « Vie de M. Richard Savage »), une oeuvre « émouvante » qui, selon le biographe et critique Walter Jackson Bate, « reste un des ouvrages innovants dans l'histoire de la biographie » . C'est aussi à ce moment-là que Johnson rencontre George Psalmanazar, l'imposteur repentant, en qui il voit « le meilleur homme qu'il eût jamais rencontré » .
En 1746, un groupe d'éditeurs approche Johnson pour lui parler de la création d'un dictionnaire de langue anglaise qui fasse autorité ; un contrat avec William Strahan et ses associés, d'une valeur de 1 500 guinées, est signé le 18 juin 1746 au matin. Johnson affirme qu'il peut terminer le projet en trois ans. En comparaison, l'Académie française a disposé de quarante savants, travaillant quarante ans pour compléter son dictionnaire, ce qui pousse Johnson à affirmer que « Telle est la proportion. Voyons voir ; quarante fois quarante égale seize-cent. Trois pour seize-cent, telle est la proportion d'un français à un anglais » . Bien qu'il ne parvienne pas à finir le travail en trois ans, il y parvient en neuf ans, justifiant sa fanfaronnade. Selon Bate, le Dictionnaire « compte facilement comme l'un des plus grands exploits de l'érudition, et est probablement le plus grand qui ait été accompli par un individu en un tel laps de temps » .
Le dictionnaire de Johnson n'est ni le premier, ni le seul ; il est, toutefois, le plus utilisé et imité pendant 150 ans, entre la première publication et l'apparition de l'Oxford English Dictionnary en 1928. D'autres dictionnaires, comme le Dictionarium Britannicum de Nathan Bailey, comportent davantage de mots, et pendant les 150 années précédant le dictionnaire de Johnson, près de vingt autres dictionnaires « anglais » ont été édités. Cependant les dictionnaires de cette période laissent beaucoup à désirer. En 1741, David Hume affirme : « "The Elegance and Propriety of Stile" (« L'Élégance et la propriété du Style ») ont été très négligées parmi nous. Nous n'avons aucun Dictionnaire de notre langue et à peine une Grammaire tolérable » . Le Dictionnaire de Johnson offre un aperçu du XVIIIe siècle et « un rapport fiable de la langue que l'on utilisait » . Plus qu'un simple ouvrage de référence, c'est une véritable oeuvre littéraire.
Pendant une décennie, le travail constant de Johnson sur le Dictionnaire perturbe sa vie et celle de sa femme Tetty. Il a recours à de nombreux assistants pour la copie et le travail manuel, ce qui emplit la maison d'un bruit et d'un désordre incessant. Il est toujours occupé et garde des centaines de livres à portée de main. John Hawkins décrit la scène : « Les livres qu'il utilisait à cet usage étaient ceux de sa propre collection, importante mais en piteux état, ainsi que tous ceux qu'il pouvait emprunter ; lesquels, s'ils sont jamais retournés à ceux qui les avaient prêtés, étaient dégradés à un tel point qu'ils valaient à peine qu'on les possède » . Johnson est également distrait par l'état de santé de sa femme, alors qu'elle commence à montrer les signes d'une maladie en phase terminale. Pour pouvoir s'occuper à la fois de sa femme et de son travail, il déménage à Gough Square, près de chez son imprimeur William Strahan.
Pendant la préparation de son oeuvre, Johnson écrit un Plan pour le Dictionnaire, qui est développé, à son grand déplaisir, par Lord Chesterfield. Un épisode resté célèbre met aux prises Johnson et Lord Chesterfield, qui le fait éconduire par ses laquais. Chesterfield n'est pas élogieux, mais est intéressé par les capacités de Johnson. Sept ans après leur première rencontre pour l'organisation du travail, Chesterfield écrit deux essais anonymes dans The world recommending the Dictionary. Il se plaint que la langue anglaise manque de structures et écrit en faveur du dictionnaire. Johnson n'apprécie pas le ton de l'essai et estime que Chesterfield n'a pas rempli son rôle de directeur. Il écrit une lettre pour exprimer son point de vue à ce sujet, critiquant sévèrement Chesterfield (il reprend notamment l'épisode vieux de plusieurs années durant lequel il s'est fait chasser de chez le comte). Ce dernier accepte la lettre et, impressionné par son style, la garde sur une table de sorte que tout le monde puisse la lire.
Pendant son travail sur le dictionnaire, Johnson fait de nombreuses demandes d'aide financière sous forme de souscriptions : les souscripteurs obtiendraient un exemplaire de la première édition dès sa sortie en compensation de leur soutien ; ces appels durent jusqu'en 1752. Le Dictionnaire est finalement publié en avril 1755, sa première page informant qu'Oxford a décerné à l'avance à Johnson une Maîtrise es arts pour l'oeuvre. Le dictionnaire est un ouvrage volumineux. Ses pages font près de 46 cm (18 pouces) de haut, et l'ouvrage fait 51 cm (20 pouces) de large quand on l'ouvre ; il contient 42 773 entrées, auxquelles très peu seulement seront ajoutées dans les éditions ultérieures. Il est vendu au prix exorbitant de 4£ 10s, l'équivalent aujourd'hui de 280£ environ (ou 340 EUR).
Une innovation importante dans la lexicographie anglaise est le fait d'illustrer le sens des mots par des citations littéraires. Il y en a 114 000 environ. Les auteurs les plus cités sont Shakespeare, Milton et Dryden ; le « Dictionnaire de Johnson » , comme on l'appellera ensuite, n'est rentable que des années plus tard. Les droits d'auteur n'existant pas, une fois que Johnson a rempli son contrat, il ne touche plus d'argent provenant des ventes. Des années plus tard, nombre de ses citations sont reprises par diverses éditions du Webster's Dictionary et du New English Dictionary.
En plus de travailler sur le Dictionnaire, Johnson écrit aussi divers essais, sermons et poèmes durant ces neuf années. Il décide de publier une série d'essais sous le titre The Rambler (« Le Promeneur »), paraissant tous les mardis et les samedis pour deux pence chaque. Expliquant le titre des années plus tard, il dit à son ami le peintre Joshua Reynolds : « Trouver le titre était embarrassant. Je m'asseyais le soir à mon chevet et me résolvais à ne pas aller me coucher avant de l'avoir trouvé. The Rambler semblait le meilleur à se présenter à mon esprit, et je l'ai choisi ». Ces essais, dont le sujet est souvent moral ou religieux, ont tendance à être plus graves que ce que le titre de la publication pourrait suggérer ; ses premières remarques dans The Rambler demandent :
La popularité de The Rambler explose lorsque tous les numéros sont assemblés en un volume ; ils sont ré-imprimés neuf fois du vivant de Johnson. L'écrivain et imprimeur Samuel Richardson, qui apprécie grandement les essais, demande à l'éditeur l'identité de leur auteur ; il sera seul avec quelques amis de Johnson à savoir qui il est. Une amie, la romancière Charlotte Lennox, soutient The Rambler en 1752, dans son roman The Female Quixote (Le Don Quichotte Féminin). Plus précisément, elle fait dire à son personnage M. Glanville : « vous pouvez juger les production d'un Young, d'un Richardson ou d'un Johnson. Répandez-vous en injures contre The Rambler avec une malveillance préméditée ; et à cause de l'absence d'erreurs, changez ses beautés inimitables en ridicule » (Livre VI, chapitre XI). Plus tard, elle affirme que Johnson est « le plus grand génie de l'époque » .
Cependant, toutes ses oeuvres ne relèvent pas du même genre littéraire que The Rambler. Le poème The Vanity of Human Wishes est écrit avec une si « extraordinaire vitesse » que Boswell affirme que Johnson « aurait dû être poète perpétuellement ». C'est une imitation de la Satire X de Juvénal, qui déclare que « l'antidote aux souhaits humains futiles sont les souhaits spirituels non futiles » . Plus précisément, Johnson souligne « la vulnérabilité impuissante de l'individu devant le contexte social » et « l'inévitable aveuglement par lequel les être humains sont dévoyés » . Le poème cependant ne devient pas populaire et se vend moins que London. En 1749, Garrick tient sa promesse de mettre Irene en scène mais le titre est remanié en Mahomet and Irene (« Mahomet et Irène ») afin qu'il « aille bien au théâtre » . La pièce est finalement à l'affiche pour neuf représentations.
Tetty Johnson, malade, passe le plus clair de son temps à Londres et en 1752, décide de retourner vivre à la campagne alors que son mari est très occupé par son Dictionnaire. Elle meurt le 17 mars 1752 et, lorsqu'il l'apprend, Johnson écrit à son vieil ami Taylor une lettre qui, d'après ce dernier, « exprimait le chagrin de la plus forte manière » qu'il ait jamais lue. Il écrit une horaison funèbre pour l'enterrement de sa femme, mais Taylor se refuse à la lire pour des raisons qui nous sont inconnues. Celai ne fait qu'accentuer le sentiment qu'a Johnson d'être perdu et le désespoir que provoque en lui la perte de sa femme ; c'est John Hawkesworth qui doit s'occuper des obsèques. Johnson se sent coupable de la pauvreté dans laquelle il pense avoir obligé Tetty à vivre, et s'en veut de l'avoir délaissée. Il se montre chagrin, et son journal est rempli de prières et de lamentations sur la mort d'Elizabeth jusqu'à la sienne propre. Conne c'est elle qui le motivait, son trépas gêne considérablement l'avancée de ses travaux.
Le 16 mars 1756, Johnson est arrêté pour une dette impayée de 5£ et 18s. Dans l'incapacité de joindre qui que ce soit d'autre, il écrit à l'écrivain et éditeur Samuel Richardson, qui lui a déjà prêté de l'argent dans le passé. Ce dernier lui envoie six guinées pour montrer sa bienveillance, et ils deviennent amis. Peu après, Johnson rencontre le peintre Joshua Reynolds et tous deux se lient d'amitié. L'homme impressionne tellement Johnson qu'il déclare à Reynolds « presque le seul homme que j'appelle ami » . Frances, la jeune soeur de Reynolds, remarque que quand ils se rendent à Twickenham Meadows, ses gesticulations sont si étranges que « ces hommes, femmes et enfants l'entouraient , se moquant ». En plus de Reynolds, Johnson est aussi proche de Bennet Langton et Arthur Murphy ; le premier est un érudit admirateur de Johnson, et un entretien entre les deux hommes les mène à une longue amitié. Johnson rencontre le second pendant l'été de 1754, suite à la ré-édition accidentelle du 190e volume de The Rambler, et tous deux deviennent amis. À ce moment, Anna Williams commence à loger chez Johnson ; elle est un poète mineur, pauvre et presque aveugle. Johnson essaye de l'aider en la logeant et en lui payant une chirurgie de la cataracte qui échoue. Williams, en retour, devient la gouvernante de Johnson.
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Pour s'occuper, Johnson commence à travailler sur The Literary Magazine, ou Universal Review, dont la première parution se fait le 19 mars 1756. Des différends naissent lorsque commence la guerre de Sept Ans et que Johnson écrit des essais polémiques attaquant la guerre. Après le début de la guerre, le Magazine inclut de nombreux examens, dont 34 au moins sont de la plume de Johnson. Quand il ne travaille pas pour le Magazine, Johnson écrit une série de préfaces pour d'autres auteurs, tels que Giuseppe Baretti, William Payne et Charlotte Lennox. Pendant ces années, les rapports entre Johnson et Lennox et ses oeuvres est particulièrement étroit, et elle compte tellement sur lui que Johnson devient « l'évènement le plus important de la vie littéraire de Mlle Lennox » . Plus tard, il tente de produire une nouvelle édition de son oeuvre, mais même avec son support ils n'y parviennent pas. Comme Johnson est très occupé par ses différents projets et ne peut s'acquitter de ses tâches ménagères, Richard Bathurst, physicien et membre du club de Johnson, le pousse à prendre Francis Barber, esclave affranchi, comme domestique. Plus tard, Barber deviendra le légataire de Johnson.
Toutefois, c'est sur The plays of William Shakespeare que Johnson passe la plus grande partie de son temps. Le 8 juin 1756, il publie Proposals for Printing, by Subscription, the Dramatick Works of William Shakespeare (« Projet d'impression, par souscription, de l'oeuvre dramatique de William Shakespeare »), qui soutient que les éditions précédentes de Shakespeare sont mal rédigées et que des correction sont nécessaires. Cependant, la progression de Johnson se fait de plus en plus lente et en décembre 1757, il dit au musicologue Charles Burney que son travail ne sera pas fini avant mars. Mais avant de pouvoir continuer, il se fait à nouveau arrêter en février 1758 pour une dette de 40£. La dette est bientôt payée par Jacob Tonson, qui avait passé un contrat avec Johnson pour la publication de Shakespeare, et Johnson retrouve le courage de finir son édition pour remercier Tonson. Bien que cela lui prenne sept ans de plus, Johnson achève quelques volumes pour prouver son engagement au projet.
En 1758, Johnson commence à écrire The Idler (« Le Paresseux »), une série à parution hebdomadaire, qui paraît du 15 avril 1758 au 5 avril 1760. Cette série est plus courte que The Rambler et beaucoup des qualités de cette dernière oeuvre sont absentes de The Idler. Contrairement à The Rambler qui paraît de façon indépendante, The Idler est publié dans The Universal Chronicle, un journal hebdomadaire ; publication appuyée par John Payne, John Newberry, Robert Stevens et William Faden. Comme l'écriture de cette série ne prend pas tout son temps à Johnson, il publie en plus son roman court Rasselas (que Johnson décrit comme « petit livre d'histoire ») le 19 avril 1759, qui décrit la vie du Prince Rasselas et de sa soeur Nekayah, gardés dans un endroit nommé Happy Valley (« la Vallée heureuse »), en Abyssinie. La Vallée est un endroit exempt de tout problème et où le moindre désir est satisfait sur-le-champ. Le plaisir constant, toutefois, ne mène pas à la satisfaction ; et avec l'aide du philosophe Imlac, Rasselas s'échappe et explore le monde pour être témoin du fait que tous les aspects de la société et de la vie dans le monde extérieur, sont en proie à la souffrance. Il décide de retourner en Abyssinie mais ne veut pas retrouver le plaisir constant qu'il a connu dans la Vallée. Rasselas est écrit en une semaine afin de payer les obsèques et les dettes de la mère de Johnson, et devient un tel succès qu'une ré-édition en anglais voit le jour presque chaque année par la suite. On trouve des références à cet ouvrage dans de nombreuses oeuvres de fiction ultérieures, comme par exemple dans Jane Eyre, Cranford ou The House of the Seven Gables (« La maison aux sept pignons »). La notoriété de Rasselas ne se limite pas aux seules nations anglophones : l'oeuvre est immédiatement traduite en français, en néerlandais, en allemand, en russe et en italien, puis, plus tard, dans neuf autres langues.
En 1762, cependant, Johnson a gagné sa réputation pour sa lenteur à écrire ; le poète Charles Churchill taquine Johnson à propos du délai de production de son édition de Shakespeare, promise depuis longtemps : « pour les souscripteurs, il amorce son hameçon - et prend votre argent - , mais où est le livre ? » . Les commentaires motivent Johnson à finir son Shakespeare et, après avoir reçu le premier versement d'une pension du gouvernement le 20 juillet 1762, s'attèle à cette tâche : plus tôt en juillet, et grâce à Thomas Sheridan et Lord Bute (1713 - 1792), premier ministre, le Roi George III (24 ans) lui alloue une pension annuelle de 300 £ en reconnaissance du Dictionnaire. Bien que la pension ne le rendre pas riche, elle permet à Johnson une vie modeste mais comfortable pour les 22 années restantes de sa vie. Quand Johnson demande s'il doit, en retour, défendre ou soutenir la politique du gouvernement, Bute lui répond que la pension « ne vous est pas accordée pour quoi que ce soit que vous ayez à faire, mais pour ce que vous avez fait » .
Le 16 mai 1763, Johnson rencontre pour la première fois James Boswell, qui a alors 22 ans, dans la librairie de Tom Davies, un ami de Johnson. Boswell deviendra plus tard le premier biographe majeur de Johnson. Les deux hommes deviennent rapidement amis, bien que Boswell ait pour habitude de retourner chez lui en Écosse ou de voyager à l'étranger des mois durant. Vers la fin de l'année 1763, il fonde avec son ami Joshua Reynolds le Literary Club ou simplement Club (« Le Club Littéraire »), un groupe social dont font partie ses amis Reynolds, Burke, Garrick, Goldsmith, et d'autres qui viennent plus tard comme Adam Smith ou Edward Gibbon. Ils décident de se rencontrer chaque lundi à 7 heures au Turk's Head à Gerrard Street, Soho, et bien après le décès des membres initiateurs, ses réunions se poursuivent.
Le 9 janvier 1765, Murphy présente Johnson à Henry Thrale, riche brasseur et député, et à sa femme Hester. Ils se lient très vite d'amitié et Johnson est considéré comme un membre de la famille ; et une fois de plus, il retrouve la motivation de travailler sur Shakespeare. Plus tard, Johnson reste avec la famille Thrales pendant 17 ans, jusqu'à la mort de Henri en 1781, se rendant parfois à Anchor Brewery, la brasserie de Thrale à Southwark. La correspondance de Hester et son journal Thraliana deviendront une source importante de renseignements concernant Johnson après la mort de celui-ci.
Shakespeare de Johnson est finalement publié le 10 octobre 1765 sous le titre de The Plays of William Shakespeare, in Eight Volumes ... To which are added Notes by Sam. Johnson (« Les pièces de William Shakespeare, en huit volumes... complété par des notes de Sam. Johnson ») : les mille exemplaires de la première édition sont rapidement épuisés, et une seconde est imprimée. L'idée innovante de Johnson est d'avoir créé une série de notes qui permet aux lecteurs de mieux comprendre certains passages compliqués des pièces, ou d'autres qui auraient été mal transcrits au fil du temps. Parmi les notes, se trouvent par endroits des attaques visant les éditeurs rivaux de l'oeuvre de Shakespeare, et leurs éditions. Des années plus tard, Edmond Malone, important expert shakespearien et ami de Johnson, affirme que sa « compréhension vigoureuse et étendue a jeté plus de lumière sur l'auteur qu'aucun de ses prédécesseurs ne l'a jamais fait » .
En février 1767, Johnson se voit accorder une audience avec le Roi George III à la bibliothèque de la Reine ; la rencontre est organisée par Barnard, le bibliothécaire du Roi : le Roi, ayant entendu que Johnson allait visiter la bibliothèque, a demandé à Barnard de le présenter à Johnson. Après la brève entrevue, Johnson est à la fois impressionné par le Roi lui-même et par leur conversation.
Le 6 août 1773, onze ans après sa première rencontre avec Boswell, Johnson va rendre visite à son ami en Écosse pour commencer un « voyage aux îles occidentales de l'Écosse » ("a journey to the western islands of Scotland"), comme l'indique son compte-rendu en 1775. L'ouvrage vise à discuter des problèmes sociaux et des conflits qui affectent le peuple écossais, mais également à faire l'éloge de beaucoup de facettes uniques de la société écossaise comme une école pour sourds-muets à Edinburgh. Johnson se sert aussi de cet ouvrage pour prendre part à une discussion sur l'authenticité des poèmes d'Ossian traduits pas James Macpherson : selon lui, ils ne peuvent pas être des traductions de la littérature écossaise ancienne pour la bonne raison que « en ces temps-là rien n'avait été écrit en Gàidhlig » . Les échanges entre les deux hommes sont explosifs et d'après une lettre de Johnson, MacPherson l'aurait menacé de violence physique. Le compte-rendu de Boswell, The Journal of a Tour to the Hebrides (1786), est une première tentative de biographie avant sa Vie de Johnson ; on y trouve des citations et des descriptions, des anecdotes telles que Johnson dansant autour d'un glaive, vêtu d'un costume ou dansant une gigue des Highlands.
Dans les années 1770, Johnson, qui se montrait plutôt hostile au gouvernement plus tôt dans sa vie, publie une série d'opuscules en faveur de diverses politiques gouvernementales. En 1770 il écrit The False Alarm (« La fausse alarme »), un pamphlet politique attaquant John Wilkes. En 1771, Thoughts on the Late Transactions Respecting Falkland's Islands (« Réflexions sur les récentes transactions respectant les Îles Malouines ») mettent en garde contre la guerre avec l'Espagne. Il fait imprimer The Patriot (« Le patriote »), une critique de ce qu'il appelle « faux patriotisme » , en 1774, et le 7 avril 1775 au soir, il fait la célèbre déclaration : « Le patriotisme est le dernier refuge de la crapule » . Il ne parle pas ici, contrairement à une idée largement répandue, du patriotisme en général, mais de l'abus de langage de John Stuart (le ministre patriote) et de ses partisans ; Johnson s'oppose aux « patriotes auto-proclamés » en général, mais valorise ce qu'il considère comme « vrai » patriotisme.
Le dernier de ces pamphlets, Taxation No Tyranny (1775), se montre favorable aux Actes intolérables et répond à la Déclaration des Droits du Premier Congrès continental qui protestait contre la « taxation sans représentation » ("no taxation without representation" était un slogan alors utilisé par les anglais d'Amérique, qui contestaient le manque de représentation au Parlement du Royaume-Uni et par là même, refusaient d'être sujet à des taxes venant de la Grande-Bretagne). Johnson déclare qu'en émigrant en Amérique, les colons « se sont volontairement démis du droit de vote » , mais qu'ils ont toutefois une « représentation virtuelle » au Parlement. Dans une parodie de la Déclaration des Droits, Johnson écrit que les américains n'ont pas plus le droit de gouverner que les habitants de Cornouailles. Si les Américains souhaitent participer au Parlement, dit-il, ils n'ont qu'à déménager en Angleterre. Johnson accuse publiquement les sympathisants anglais des séparatistes américains d'être des « traîtres à ce pays » ; il espère que l'affaire se règlera pacifiquement mais désire qu'elle se finisse avec « la supériorité des Anglais et l'obéissance des Américains » . Des années plus tôt, Johnson disait des Anglais et des Français qu'ils n'étaient que « deux voleurs » qui volaient leur terres aux indigènes et qu'aucun des deux ne méritait d'y vivre. Après que le Traité de Paris (1783) a été signé, marquant l'indépendance des Américains, Johnson est « profondément dérangé » par l' « état de ce royaume » .
Le 3 mai 1777, alors qu'il essaie de sauver le révérend William Dodd (qui sera pendu à Tyburn pour forgerie), Johnson écrit à Boswell qu'il est occupé à préparer une biographie et de « petites préfaces, pour une petite édition des poètes anglais » . Tom Davies, William Strahan et Thomas Cadell ont demandé à Johnson de s'atteler à son oeuvre majeure finale, The Lives of the Most Eminent English Poets, pour laquelle il demande 200 guinées : beaucoup moins que ce qu'il aurait pu exiger. Cet ouvrage, comportant des études critiques aussi bien que biographiques, présente l'oeuvre de chaque poète et est finalement plus complet qu'initialement prévu. Johnson achève son travail en mars 1781 et l'ensemble est publié en six volumes. Johnson, lorsqu'il annonce son oeuvre, dit que son but « était seulement d'assigner à chaque poète une annonce, comme on le voit dans les anthologies françaises, contenant quelques dates et décrivant un tempérament » .
Johnson n'est cependant pas à même d'apprécier son succès, car Henry Thrale, l'ami intime chez qui il vit, meurt le 4 avril 1781. Johnson est contraint à changer de mode de vie rapidement quandHester Thrale commence à s'intéresser à l'italien Gabriel Mario Piozzi. Il retourne chez lui puis voyage pendant quelques temps, après quoi il apprend que son locataire et ami Robert Levet est mort le 17 janvier 1782. Johnson est choqué par cette nouvelle, Levet ayant résidé chez lui à Londres depuis 1762. Peu de temps après, Johnson attrape un rhume qui s'aggrave en bronchite ; il endure la maladie des mois durant. Il « se sent solitaire et malheureux » à cause de la mort de Levet et de celles de Thomas Lawrence, un ami, et de sa gouvernante Williams, toutes ces disparitions dans son entourage lui rendant la vie plus dure.
Bien qu'il ait recouvré sa santé depuis août, il éprouve un choc émotionnel lorsqu'il apprend que Hester Thrale veut vendre la résidence dans il a vécu avec sa famille, et plus que tout, il est affligé à l'idée qu'il ne la verra plus comme auparavant. Le 6 octobre 1782, Johnson va pour la dernière fois de sa vie à l'église pour faire ses adieux à sa résidence et à sa vie passées. La marche jusqu'à l'église l'épuise, mais il parvient à effectuer le trajet tout seul. À l'église, il écrit une prière pour la famille Thrale :
« À Ta protection paternelle, Ô Seigneur, je confie cette famille. Bénis, guide et défends-les, afin qu'ils puissent traverser ce monde et, finalement, éprouver en Ta présence le bonheur éternel, pour l'amour de Jésus Christ. Amen. »
Hester n'abandonne pas complètement Johnson, et lui propose d'accompagner la famille lors d'un voyage à Brighton. Il accepte et reste en compagnie de la famille du 7 octobre au 20 novembre 1782. Quand il revient, sa santé commence à l'abandonner, et il reste seul jusqu'à la visite de Boswell 29 mai 1783 pour partir en Écosse.
Le 17 juin 1783, Johnson subit une attaque due à sa mauvaise circulation et écrit à Edmund Allen, son voisin, qu'il a perdu l'usage de la parole. Deux docteurs sont appelés pour aider Johnson et ce dernier parle à nouveau deux jours plus tard. Craignant que sa mort est proche, Johnson écrit :
« J'espère toujours résister au chien noir, et en temps, le chasser, bien que je sois privé de presque tous ceux qui m'aidaient. Le voisinage s'est appauvri. J'ai eu il fut un temps Richardson et Lawrence à ma portée. Mme Allen est morte. Ma demeure a perdu Levet, un homme qui s'intéressait à tout et qui, donc, avait de la conversation. Mme Williams est si faible qu'elle ne peut plus servir de compagnon. Quand je me lève, je prends mon petit déjeuner, solitaire, le chien noir attend pour le partager, du petit-déjeuner au dîner il continue à aboyer, sauf quand le Dr Brocklesby le tient à distance pour quelques temps. Dîner avec une femme malade, on peut se hasarder à supposer que ce n'est guère mieux que seul. Après le dîner, que reste-t-il à faire à part regarder les minutes passer et attendre ce sommeil que je ne peux guère espérer. La nuit arrive enfin, et quelques heures d'impatience et de confusion m'amènent à une nouvelle journée de solitude. Qu'est-ce qui fera partir le chien noir d'une telle habitation ? »
Johnson est à ce moment accablé par la goutte ; il subit une chirurgie pour se soigner et ses derniers amis, dont la romancière Fanny Burney (la fille de Charles Burney), viennent lui tenir compagnie. Il est confiné dans sa chambre du 14 décembre 1783 au 21 avril 1784.
Sa santé commence à s'améliorer en mai 1784, et il voyage à Oxford avec Boswell le 5 mai. En juillet, la plupart de ses amis sont mort ou partis, et lui-même est en Écosse alors que Hester est devenue la fiancée de Piozzi. Sans personne à aller voir, Johnson fait le voeu de mourir à Londres et s'y rend le 16 novembre 1784. Il part bientôt pour la maison de George Strahan à Islington. Dans ses derniers moments, il est angoissé et est en proie à des hallucinations. Lorsque le physicien Thomas Warren lui rend visite et lui demande s'il va mieux, il s'exclame : « Non, monsieur ; vous ne pouvez concevoir à quelle vitesse j'avance vers la mort » .
A few days before his death, he had asked Sir John Hawkins, as one of his executors, where he should be buried; and on being answered, "Doubtless, in Westminster Abbey," seemed to feel a satisfaction, very natural to a Poet.
De nombreux visiteurs viennent rendre visite à Johnson alors qu'il est alité, malade ; néanmoins, il préfère toujours la seule compagnie de Langton. Burney, Windham, Strahan, Hoole, Cruikshank, Des Moulins et Barber attendent des nouvelles de Johnson. Le 13 décembre 1784, Johnson rencontre deux autres personnes : Mlle Morris, une jeune femme que Johnson bénit et Francesco Sastres, un enseignant italien qui entend quelques-uns des derniers mots de Johnson : I am Moriturus (« je suis sur le point de mourir »). Peu après, il tombe dans le coma et meurt à 7 heures.
Langton attend jusqu'à 11 heures pour informer les autres de sa mort ; John Hawkins en devient pâle et souffre d' « une agonie de l'esprit » , alors que Seward et Hoole décrivent la mort de Johnson comme « la plus affreuse vision » . Boswell remarque : « mon sentiment n'était qu'une grande étendue de stupeur... Je ne pouvais le croire. Mon imagination n'était pas convaincue » . William Gerard Hamilton entre et affirme : « il a créé un abîme, que non seulement rien ne peut emplir, mais que rien n'a tendance à remplir. - Johnson est mort. - Allons au meilleur suivant : il n'y a personne ; -  no man can be said to put you in mind of Johnson    Personne ne peut prétendre ressembler à Johnson » .
Il est enterré le 20 décembre 1784 à l'Abbaye de Westminster et l'on peut y lire :

Filmographie de Samuel Johnson

  • 1
    Crawlspace
    Taux de satisfaction de la communauté
    01%
    (2012)
    un film de Justin Dix
    Pine Gap, base secrète de la CIA dédiée aux manipulations génétiques, ne donne plus aucun signe de vie depuis quelques heures. L’unité de soldats d’élite envoyée sur place découvre...
    1h57
    Ma note :
  • 2
    Le Sens de la vie pour 9.99$
    Taux de satisfaction de la communauté
    45%
    un film de Tatia Rosenthal
    Quel est le sens de la vie ? Pourquoi existons-nous ? La réponse à cette question cruciale est enfin à votre portée ! Commandez dès maintenant "Le Sens de la Vie", notre brochure d...
    1h18
    Ma note :
  • 3
    The Illustrated Family Doctor
    un film de Kriv Stenders
    1h41
    Ma note :
  • 4
    Nos vies secrètes
    (2001 - ?)
    Le quotidien complexe d'un groupe d'amis à Melbourne en Australie est le cadre de cette série qui suit les difficultés de leurs vies professionnelles, sociales et familiales.
    Ma note :
  • 5
    ICQ
    (2001)
    un film de Greg McLean
    Ma note :
  • 6
    Angel Baby
    (1995)
    un film de Michael Rymer
    1h45
    Ma note :

Avis sur les films de Samuel Johnson

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