Analyse #10 : Inferno

Analyse #10 : Inferno

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« Inferno » d’Argento

Histoire du film :

En 1980, Argento sort du succès surprise de « Suspiria ». Profitant de ce gros succès, Argento et Nicolodi annoncent alors que « Suspiria » n’est que le premier volet d’une trilogie qu’ils ont appelés « Les Trois Mères ». La 20th Century fox qui avait déjà produit « Suspiria », décide de leur donner un budget de 3 000 000 de dollars. De l’argent sera également trouvé par le frère de Dario, Claudio Argento, grâce à des consortiums Italiens et Allemands. L’histoire est basée sur un essai de l’essayiste Thomas De Quincey, « Suspiria de Profundis » et surtout d’un poème « Levana and our ladies of the Sorrow » qui décrit que, comme il y a trois destinées et trois grâces dans le monde, il y a aussi trois douleurs et mères des enfer qui gouvernent le monde, Mater Lachrymarum, la mère des Larmes, Mater Suspiriarum, la mère des Soupirs, et Mather Tenebrarum, La dame des Ténèbres. Ayant pourtant participé à l’élaboration du scénario, Nicolodi n’apparait pas dans les crédits, elle dira plus tard qu’elle s’était battue pour voir son nom à l’affiche de « Suspiria », film qu’elle avait déjà coécrite, qu’elle ne voulait pas revivre cette expérience avec « Inferno » et qu’elle a donc laissé les producteurs décider de mettre son nom ou non. Nicolodi avait fait une première esquisse de l’histoire, Argento, alors dans un hôtel New-Yorkais avait écrit la totalité du scénario à partir de cette base. La majorité des décors intérieurs du film ont été tournés dans des studios à Rome, pour ce qui est des extérieurs, ils ont été réalisés à New York, et quelques scènes à Central Park.
Grande nouveauté, « Inferno » est une collaboration entre Argento et Bava. Argento ayant invité son mentor pour participer aux effets visuels du film. Certains paysages panoramiques urbains du film sont des maquettes de table faites par Bava, il réalisa plusieurs sculptures faites pour donner de la grandeur aux décors. Le fils de Bava, Lamberto Bava, était directeur adjoint sur le film. Pour ce qui était de la musique, Argento souhaitait un thème plus délicat que celui de « Suspiria », il a donc choisi le compositeur Keith Emerson, de rock progressif.
Le film aura été très mal distribué par la Fox, pas de sortie cinéma aux Etats-Unis et des diffusions éparses, souvent courtes à travers le monde. A par en Italie, le film est donc rapidement devenu rare, d’autant plus qu’à part aux Etats-Unis où il connut une sortie VHS assez rapidement, il ne sortit finalement en DVD qu’en 2007 dans le monde, en dehors des Etats-Unis, ce qui a conféré au film un statut culte, maudit et mystérieux à travers les années dans les pays comme la France où il était invisible. Ainsi le film fut un gros échec commercial.

Analyse :

Rose Elliot, jeune poétesse newyorkaise, habite un immeuble à l'atmosphère et à l’architecture étrange. En faisant des recherches concernant cet immeuble, elle trouve et achète un vieux livre intitulé "Le Tre Madri" (Les Trois Mères), écrit par Emilio Varelli, architecte alchimiste. Le livre raconte la rencontre de Varelli avec les trois mères des Enfers: Mater Suspiriorum (la Mère des Soupirs), Mater Lacrimarum (la Mère des Larmes) et Mater Tenebrarum (la Mère des Ténèbres). Il leur construit une maison à chacune: une à Fribourg, une à Rome et une à New York. Après avoir lu le livre, Rose commence à penser qu'elle habite dans cette troisième maison de New York, où réside la troisième Mère et commence à être inquiète et à fouiller les environs pour trouver des potentiels indices pour identifier la maison dans laquelle elle se trouve. Elle écrit une lettre à son frère Mark, étudiant en musique à Rome, pour lui demander de venir chez elle, mais cette lettre tombe d'abord sous les yeux d'une amie de Mark, qui commence à s'informer et à s'inquiéter et appelle Mark pour lui remettre la lettre qui lui revient. Elle est assassinée avant d'avoir pu lui parler, Mark découvre la lettre déchirée aux pieds de son cadavre et s'envole pour New York...
« Inferno » est probablement un des films les plus difficiles d’accès de la carrière d’Argento, un film très théorique, la trame scénaristique est assez complexe est compliquée à suivre, sans personnage principal, ni héros, bref un pur film de mise en scène. Un film vraiment déroutant où tout est fait pour déstabiliser le spectateur, comme dans « Suspiria » et la plupart des films d’Argento, le Mal n’est pas caractérisant dans un personnage, mais est diffus, le Mal est partout, dans les décors et dans l’esprit des personnages. Une ambiance terrorisante s’installe dès le début du film sans qu’aucune explication ne soit avancée, le film nous plonge dans un univers surnaturel, remplit de mystères et de signes à interpréter. Tout n’est qu’indices-nous montrant l’existence d’un monde parallèle, une ambiance très onirique et fantasmagorique né des éclairages hallucinants du film, obtenus grâce à des filtres, bleus, verts, rouges, jaunes. Si on peut retrouver l’influence du giallo notamment sur les scènes de meurtres, ici nous ne sommes définitivement plus dans ce genre de film, nous sommes dans le pur film fantastique surnaturel, dans la même veine que « Suspiria », les décors font d’ailleurs beaucoup penser au film précédent d’Argento, « Inferno » est un choc visuel peut-être encore plus impressionnant que « Suspiria », certaines scènes, parfaitement aidées par le décor et une musique onirique, atteignent des sommets d’effroi rarement atteints. Argento se joue toujours autant du spectateur en glissant des fausses pistes partout comme dans « Les Frissons de l’Angoisse », tout dans le film souligne une atmosphère pesante, étrange, ou quelque chose de surnaturel semble se passer, sans que l’on sache quoi exactement, ni ce qui va se passer dans la scène suivante. Vent inexplicables, animaux possédés par un quelconque esprit démoniaque (les chats), une météo apocalyptique, tout dans l’ambiance de « Inferno » suinte le Mal. On retrouve d’ailleurs la thématique de l’eau, représentant le Mal à l’état pur chez Argento, dans la cave d’ « Inferno », la pluie dans « Inferno » et « Suspiria » et la piscine dans « Suspiria ».
En bref, « Inferno » est un objet théorique fascinant, un des meilleurs thrillers surnaturels jamais fait, s’il est très semblable à « Suspiria » on y retrouve une ambiance apocalyptique à couper aux couteaux, chose que l’on a également dans « Suspiria », mais « Inferno » est encore plus poussé sur le travail de l’ambiance, comme si une présence diabolique régnait sur le film, sans jamais qu’on puisse jamais ne la voir, ce qui la rend totalement impalpable. On peut comparer la démarche d’Argento avec ce film avec celui de Lynch sur « Inland Empire », c’est-à-dire une œuvre ultra expérimental, dédiée aux fans inconditionnels du réalisateur qui explore son cinéma et son art dans ses plus profonds traumatismes, jusqu’au bout. « Inferno » est infernal, un travail d’esthète, de maître, une certaine vision de l’enfer, et le paradis des fans d’Argento.

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