I Love you Michael Shannon

Les mégastars sont tout en haut, à se la couler douce dans le penthouse de la renommée. Will, Johnny, Brad, Scarlett, Leonardo ou Angelina peuvent par leur simple nom doper les résultats d'un film au box-office. Juste en dessous il y a la B-list pleine d'apprenties vedettes et de wannabees que nous allons vous apprendre à aimer...

Cher Michael,

Autant le dire tout de suite, j'ai eu un vrai crush sur toi en courant voir The Runaways cette semaine. Ta filmo est longue comme la muraille de Chine, on t'a vu dans tous tes états en bientôt vingt ans de carrière, mais là c'est le coup de foudre, LA révélation :

Comment résister à ton interprétation toute en nuances, à la fois paternaliste et hystérique, du mythique producteur et défricheur de talents Kim Fowley ? On est à tous les coups transcendé par tes apparitions réussies dans la peau du pygmalion excentrique qui lança le premier all-girl rock band. Le style glam du personnage et la troublante androgynie qui va avec choquent d'abord, ta virilité et ton impassibilité légendaires sont sérieusement remises en cause ici, mais très vite on en redemande. Tu ferais même presque passer Kristen Stewart et Dakota Fanning pour deux pisseuses à deux francs insupportables et capricieuses, si de temps en temps, tu ne venais pas calmer le jeu de ces jeunes furies. Car face aux impétueuse ados rebelles, tu resteras de marbre, comme tu sais si bien le faire.

A 36 ans, tu as fait un bon bout de chemin depuis tes débuts au théâtre et dans des séries TV. On t'a vu passer en coup de vent chez Schumacher, Cameron Crowe et deux fois chez Michael Bay, puis Oliver Stone te révèle un peu plus dans World Trade Center (Shannon / Stone héhé).

Du haut de tes 1m91, avec ta carrure de boxeur poids lourd, discrètement et très progressivement tu as réussi a te dégager de la masse des second rôles facilement oubliables. Le déclic vient sans conteste avec deux films. D'abord auprès d'un "certain" public dans Bug de William Friedkin en 2006. Puis sous les applaudissements unanimes du grand public dans Les Noces Rebelles de Sam Mendes en 2008. Ta prestation qui ressort comme le mal du film, l'élément perturbateur qui vient entâcher l'univers diaphane du film, et les robes trop blanches de Kate Winslet te vaut d'être nommé à l'oscar du meilleur second rôle en 2009.

Avec Les Noces Rebelles tu t'es fait un nom, depuis, tu tiens la tête d'affiche de plusieurs films, toujours en attente de sortie en salles chez nous... Premier exemple : The Missing Person, dans lequel tu incarnes un détective privé à la recherche d'une personne disparue après le 9/11. En voici un extrait qui nous fait remarquer à quel point tu joues avec ton corps, massivement présent dans l'image, ici re-serrée dans le décor étriqué d'un compartiment de train :

Juste après, c'est une collaboration avec Werner Herzog qui débute avec Bad Lieutenant et se poursuit avec le rôle titre dans My Son, My Son, what have ye done?, réalisé dans la foulée et dont on attend désespérément la distribution française. En adaptant un fait divers singulier (en 1974, alors âgé de 34 ans, Mark Yavorsky, un apprenti comédien vivant seul avec sa mère tua cette dernière avec un sabre dans une sorte de reproduction d'une scène de la tragédie grecque "Oreste"), Herzog a dû trouver matière à explorer la psyché de ce tueur dément qui emprunte ton visage carré Frankensteinien et tes yeux presque aussi globuleux que ceux de Peter Lorre. Voici un extrait pour le moins onirique et perché, qui ne fait que rappeler la présence de David Lynch à la production du film :

En attendant de te voir en misfit à sa maman digne d'un Anthony Perkins dans ce tant attendu Werner Herzog, on se consolera en te cherchant dans 3 épisodes de la série événement produite par Martin Scorsese, Boardwalk Empire.