I wish, i wish, i wish

Interview du trio de réalisateurs de La Fée

Rencontre | Par Lisa Revil | Le 14 septembre 2011 à 14h46

Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy font de nouveau équipe pour la comédie burlesque La Fée (sortie le 14 septembre). Le trio artistique, qui avait déjà réalisé Rumba et Iceberg, nous livre son conte de fée réaliste.

C'est l'histoire de Dom, veilleur de nuit dans un hôtel du Havre qui rencontre Fiona, une fée maladroite lui proposant d'exaucer trois voeux. Ce scénario basique de conte n'est en réalité qu'un prétexte pour enchaîner les gags et les trouvailles visuelles insensées emportant les protagonistes dans des aventures démentielles. De la danse sous-marine à une course-poursuite abracadabrante, la fée est un hymne optimiste à la différence qui va surprendre !

Nous avons rencontré pour vous ces trois artistes, ils nous racontent leurs projets et leur vision du cinéma :

D'où vient l'idée du scénario de la Fée ? Qu'est-ce que cette figure mythologique représente pour vous ?

Fiona Gordon : C'était plutôt basé sur un personnage qui n'a pas de chance, que sur la figure même de la fée. Notre Fée, elle n'est pas tout à fait comme elle devrait être, elle n'arrive pas à arranger tous les problèmes. C'est une Fée foireuse (rires).
Bruno Romy : Ce qui était touchant, c'est que ce veilleur de nuit est très solitaire, puis cette femme arrive et lui dit simplement « Je suis une Fée ». Cela a été notre point de départ pour inventer et mettre en scène ces gags.

Ce personnage magique évolue dans un décor et une histoire réaliste. Pourquoi avoir choisi un tel paradoxe ?

F.G : Ce qui est beau, c'est l'idée que la magie, c'est dans notre quotidien. On a tous la possibilité d'être la fée des autres. Il n'y a pas de message dans nos films, on veut juste montrer que ce qu'on aime dans la vie, c'est ce coté maladroit. Le fait que l'on est tous un peu handicapé.
Dominique Abel : La magie que l'on aime nous, c'est aussi dans la poésie, dans l'élan. On joue avec les codes du conte de fée, car ça nous amuse. Cette incartade dans l'imaginaire on l'a dans tous nos films, même si ce ne sont pas des contes de fées.

La phrase « prends ton temps » revient souvent dans le film, c'est une devise pour vous ?

B.R : Là, c'est un vrai message, c'est le seul message du film peut-être !
F.G : C'était involontaire, mais en même temps c'est un message. On dit toujours qu'une comédie doit être rapide et rythmée, mais nous on trouve notre bonheur dans la lenteur, la douceur et l'appropriation d'un milieu et de gens; et pour ça il faut prendre son temps.

Pourquoi avoir choisi de garder vos prénoms dans le film ?

B.R : En fait, on en a marre de chercher d'autres prénoms.
F.G : Garder nos vrais prénoms nous rapprochent des spectateurs dans la mesure où ça leur dit : c'est nous qui vous parlons.
D.A : On n'est pas dans l'interprétation des personnages. On parle de nous, de notre fragilité. C'est un peu comme si on était des Laurel et Hardy, féminin/masculin. On change d'aventure à chaque film mais c'est toujours les mêmes personnages qui reviennent
F.G : Quand on improvise, on ne pense pas à créer des personnages. Evidemment, on y met une grande part clownesque mais c'est quand même nous. On ne cherche pas à jouer quelqu'un d'autre.

Le succès de L'Iceberg a-t-il changé quelque chose dans votre façon de travailler ?

D.A : Peut-être en nous donnant plus de temps. Pour L'Iceberg, on avait coupé des plans car on n'avait plus assez de temps pour les tourner.
F.G : Avoir des contraintes c'est toujours intéressant. Dans L'Iceberg, le contrat c'était peu de temps, peu d'argent. Cette contrainte nous a fait du bien, chaque projet a ses contraintes et c'est bien. Au final, ça amène des petites trouvailles, des détails que l'on aurait peut-être pas eu sans ces contraintes.
B.R: Selon moi, plus ça va, plus c'est difficile car on n'est de plus en plus exigeant avec nous même en tant que réalisateurs.


"Fiona, t'es où ?" extrait de L'Iceberg

Vous travaillez ensemble depuis 1993, pouvez-vous nous raconter cette rencontre artistique ?

D.A: Fiona et moi jouions une petite pièce de théâtre en Normandie et on a rencontré Bruno. Il était en train de préparer son premier court métrage et on s'est bien entendu. Il nous a embauché comme acteurs puis on s'est associés en tant que réalisateurs sur notre premier court-métrage.

Fiona est canadienne, Dominique belge et Bruno Français. Que pensez-vous que ce muti-culturalisme apporte à l'équipe et à vos créations ?

D.A : Ce sont les personnalités qui apportent quelque chose mais sûrement que nos origines jouent aussi. Ce qui est difficile, c'est de trouver les bonnes personnes avec qui on a une alchimie artistique et qui souhaite travailler sur un style particulier.
F.G: Ce n'est pas forcément lié à l'endroit où l'on est nés, même si Bruno aime bien sa région et donc ça nous influence. Moi je n'ai pas d'ancrage, j'ai beaucoup voyagé et je n'appartiens à rien.
D.A: Peut-être que la culture dans laquelle Fiona a grandi et les films qu'elle a vus et que je n'ai pas vus l'on influencés indirectement. Il y a sûrement un peu d'humour anglophone dans ce qu'on fait.

L'équipe (des acteurs aux monteurs) est la même depuis votre premier film : Merci Cupidon. Est-ce pour recréer le dynamisme d'une troupe de théâtre ?

D.A: C'est pas le but mais c'est la conséquence (rires). On aime travailler avec des gens qui s'investissent dans le projet comme une troupe. Pas seulement quelqu'un qui est là pour faire son petit travail dans son coin. On veut une équipe qui nous regarde et qui nous aide à aller là où on veut aller.
F.G: C'est un peu inhabituel, d'avoir trois réalisateurs, c'est aussi inhabituel de trouver des gens qui veulent faire quelque chose de collectif.
D.A: Mais ça marche et c'est un plaisir partagé.
F.G: C'est plus qu'un plaisir, c'est un plaisir créatif !

En interview, vous déclarez que les membres de l'équipe sont choisis car ils adhèrent à votre vision créative, quelle est-elle ? Pouvez-vous nous l'expliquer ?

F.G: Justement, nous, on n'a pas de vision écrite (rires). Il adhère à ce néant. Parfois, les gens qui font les décors et les lumières, nous disent « bon, qu'est-ce que vous voulez comme lumière » mais nous on sait pas car on est en train de créer. Certaines personnes comprennent ça et d'autres pas.
D.A: On est toujours dans la recherche et dans le partage. On ne cherche pas à recréer des codes, on n'est pas dans le rétro mais plutôt dans une recherche atemporel et inter-discipline : ça peut aller de la danse contemporaine au cirque jusqu'à quelque chose de plus épuré.

À ne pas rater...
Des choses à dire ? Réagissez en laissant un commentaire...
Les derniers articles
On en parle...
Listes populaires
Télérama © 2007-2024 - Tous droits réservés - web1 
Conditions Générales de Vente et d'Utilisation - Confidentialité - Paramétrer les cookies - FAQ (Foire Aux Questions) - Mentions légales -