Rencontre avec le golden boy de l'horreur

Jason Blum : “Notre gouvernement EST un film d’horreur"

Dossier | Par | Le 21 novembre 2017 à 17h05
Tags : Hollywood

Jason Blum, et le cinéma d'horreur, c'est d'abord une histoire de chiffres. Une histoire de films à petits budgets, comme Happy Birthdead, en salles en ce moment, qui font des recettes à faire pâlir les plus grands studios. Caroline Besse, de Télérama, s'est entrenue avec le producteur de films devenus des franchises à succès (Paranormal Activity, American Nightmare) et prochainement d'une série. En attendant d'être nommé aux Oscars pour Get Out ?

Blumhouse Productions, maison fondée en 2000, a vraiment décollé en 2007 grâce à Paranormal Activity (Oren Peli, 1999). Ce « film prodige » au budget riquiqui de 15 000 dollars, mettait en scène une famille témoin de phénomènes surnaturels dans sa maison, sur le principe du found footage. Le bouche à oreille et la campagne de communication, basée sur la terreur ressentie par les spectateurs, lui ont permis d’engendrer 193,4 millions de dollars de recettes mondiales. « C'est le film qui a tout changé pour nous », explique Jason Blum, joint au téléphone depuis Los Angeles. Début des succès à la chaîne. Avec une règle simple : fabriquer des films avec un budget de moins de 5 millions de dollars, comme 90 % de ceux produits par Blumhouse.

« American Nightmare correspond très bien à ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis »

Insidious (James Wan, 2011) récolte ainsi 97 millions de recettes pour un budget de 1,5 million. Suit Sinister, réalisé par Scott Derrickson (77,72 millions de recettes mondiales pour un budget de 3 millions), puis The Bay (Barry Levinson, 2012) : 30,6 millions de dollars de recettes pour un budget de 1,6 million. Vient enfin American Nightmare (James DeMonaco, 2013), qui aura deux suites (en 2014 puis en 2016), pour des recettes globales de 319,7 millions de dollars.

Jason Blum analyse le succès de cette franchise, qui sera bientôt adaptée en série : « American Nightmare correspond très bien à ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis. Vous savez, on a ces folles lois sur les armes. Et à chaque fois qu’il y a des tueries, le gouvernement pense que la meilleure réponse est de proposer plus d’armes. American Nightmare va plus loin encore : si on continue à dire “toujours plus d’armes”, on peut s’attendre à ce qu’un jour on nous dise que certains crimes sont légaux ! D'ailleurs, j'adore le titre français [dans les pays anglophones, le film s'appelle The Purge] » 

« J’aurais préféré que Get Out fasse moins d’argent et qu’Hillary soit présidente aujourd’hui... »

En parlant de l'Amérique et de ses tares, Get out, autre grand succès de la société, a bénéficié, selon Jason Blum, de l'élection de Donald Trump. L'histoire de ce thriller autour d'un couple mixte (lui noir, elle blanche), sorti en février 2017 aux Etats-Unis, soit un mois après l'investiture du président milliardaire, a engendré 253,4 millions de dollars de recettes mondiales, pour un budget de 4,5 millions. « L'administration actuelle est sensationnelle pour l'industrie des films d'horreur. C'est notre meilleure année. Je pense que Get Out a réalisé quatre fois plus de recettes que si Hillary Clinton avait été élue présidente », a déclaré Jason Blum en octobre dernier au New York Times.  Avec nous, il précise sa pensée : « Notre gouvernement EST un film d’horreur. Donc je pense que les gens ont encore plus envie de voir des film d’horreur. Je pense sincèrement que Get Out a fait ce score “grâce” à eux. Mais je vais vous dire quelque chose : j’aurais préféré que le film fasse moins d’argent et qu’Hillary soit présidente aujourd’hui...»

Jason Blum se dit «aujourd’hui un peu moins intéressé par les films très sanglants et ultra violents, et davantage par les films dramatiques, comme Get Out, même si nous avons distribué le film d'Eli RothThe Green Inferno (2013) qui est ultra violent. Si la violence a quelque chose à dire, je suis d’accord. Mais la violence juste pour la violence, non. » L’escarcelle de Bluhmouse ne contient pas uniquement des films de cannibales : la société a aussi coproduit le premier film grand public de Damien ChazelleWhiplash (2014), et les deux derniers M. Night ShyamalanThe Visit (2015) et Split (2017), dont la suite, Glass, est attendue pour 2019. 

Sa dernière production, Happy Birthdead, est l'histoire d'une étudiante coincée dans une boucle temporelle d'une journée à l'issue de laquelle elle se fait assassiner par un tueur masqué… Un slasher qui flirte avec la comédie. Le titre original est Happy Death Day. Quand on lui dévoile le titre français, Jason Blum n'est plus aussi convaincu que pour American Nightmare, et s'interroge : « Mais pourquoi ? » dans un grand éclat de rire. Avant d’imaginer Chris Pratt dans un film d’horreur. « Il serait vraiment bon. » Et pourquoi pas dans le rôle du psychopathe Michael Myers, pour le nouveau volet de la franchise Halloween, coproduite par John Carpenter lui-même ? 

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