Un jour, ma bêêêêête viendraaa !

La Belle et la bête / La Belle et la bête

Le remake de la semaine | Par Marie Piot | Le 8 novembre 2010 à 17h06

Cette semaine, le remake n'en est pas vraiment un, mais la comparaison des deux films vaut les honneurs de notre rubrique. On se penche sur La Belle et la bête adapté par Jean Cocteau d'un côté, Walt Disney de l'autre, deux long-métrages inclassables, tant leur divergences n'ont d'égal que leurs qualités respectives.

L'origine
Publiée pour la première fois en 1757 par Madame Le Prince de Beaumont, le conte de La Belle et la bête est adapté au cinéma en 1946 par Jean Cocteau. Le script se rapporte non seulement au conte de fée, mais aussi à une pièce de théâtre belge de 1913. De fait, le cinéaste français reste relativement fidèle au récit originel, ne supprimant que quelques éléments de l'histoire, tels que les fées par exemple.

En voici un premier extrait :


J'ai soif extrait de La Belle et la Bête

La Belle de Cocteau est une Cendrillon en puissance : benjamine d'une famille de six enfants, la jeune fille est traitée comme une domestique par ses soeurs. Elle sauve son père des griffes de la bête, après que celui-ci ait cueilli une rose pour elle dans le jardin du monstre.

La Belle de Gary Trousdale et Kirk Wise, réalisateurs pour le compte de la Major, est l'archétype de la princesse cherchant sa place dans le monde. A la différence des demoiselles que sont Blanche-Neige, Cendrillon et Aurore (La Belle au bois dormant), Belle est révoltée et instruite (non pas que les autres soient stupides...mais clairement plus dociles), conservant néanmoins un fort contact avec la nature.


Belle extrait de La Belle et la bête

Somme toute, Disney aura préféré une version simplifiée de l'histoire, créant néanmoins le trouble autour de Belle, de par sa singularité. Elle semble libre de ses mouvements, vaque à ses occupations comme cela lui chante, créant les bavardages des badauds et l'attirance de Gaston.

L'influence française
Pour créer son univers, Disney s'inspire de la diversité des paysages français. Le Bossu de Notre Dame, La Belle au bois dormant (toutefois, Walt Disney a pris le chateau allemand de Neuschwanstein pour modèle), La Belle et la Bête, puis Ratatouille aux cotés de Pixar...

Sans être chauvin, l'hexagone possède de convaincantes caractéristiques que sont les contes de Perrault, des peintres de renom et une histoire culturelle hétéroclite. A l'instar de Cendrillon en 1950, les créatifs hollywoodiens stylisent La Belle et la bête à la française. L'action tout d'abord, se situent dans nos campagnes, aux alentours de la vallée de la Loire, que les directeurs artistiques visitèrent avant la production.


Belle ( Reprise ) extrait de La Belle et la bête

Il est possible de déceler une réelle influence de peintres romantiques tels que Jean Honoré Fragonard et François Boucher. En outre, quelques "Bonjour", "Baguettes" et "Monsieur" agrémentent la première scène musicale.


Belle extrait de La Belle et la bête

Le monde féerique

Les premiers classiques Disney ne semblent pas concrètement situés, tout simplement parce que le monde du conte de fée se veut intemporel et imaginaire. Et s'ils s'inspirent de lieux bien réels, les concepteurs souhaitent pour autant conserver les décors dans une nébuleuse enchanteresse.

Exemple avec le prologue du dessin animé, projeté sur des vitraux :


Prologue extrait de La Belle et la bête

Les deux films conservent le caractère onirique du conte. Ce qui est logique venant d'un Disney, le dessin-animé étant avant tout destinée pour un public d'enfants, l'est beaucoup moins pour un réalisateur tel que Jean Cocteau. Paradoxalement, son oeuvre fût une véritable source d'inspiration pour la version américaine.

Dans l'univers de la Bête, les objets sont animés. Cocteau s'inspire secondairement d'un autre conte, La Chatte blanche, pour mettre en image la malédiction subie par le château : les domestiques sont réduits à de simples mains mouvantes.

Hollywood romance le tout en de gracieux numéros musicaux :


Histoire éternelle extrait de La Belle et la bête

Prouesses artistiques
Dans leurs contextes respectifs, les deux oeuvres prennent le risque de soutenir une technologie encore à l'essai. Etrangement, La Belle et la bête est le premier film d'animation des studios Disney se basant sur un scénario rédigé dans son intégralité avant l'animation. Au préalable, les dessinateurs proposaient leur idées en fonction des storyboards, ce qui constituait une perte de temps et d'argent.

Jean Cocteau met en scène avec brio une beauté dérangeante. Il aborde psychanalyse et surréalisme, afin d'élaborer un monde ensorcelé. Effets spéciaux et décors se réfèrent aux illustration de Gustave Doré


Fin extrait de La Belle et la Bête

Dans le cas qui nous préoccupe, il ne peut y avoir de choix. Chaque film est un bijou dans son domaine, son époque, rendant l'arbitrage futile.

Il ne vous reste plus qu'à savourer les deux et les considérer tels qu'ils sont, à leur juste valeur.

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