Rencontre au Festival du Cinéma Américain de Deauville

Laura Dern : "Tourner un Star Wars, c'est comme être sur un plateau de Lynch"

Dossier | Par | Le 7 septembre 2017 à 16h40

Il y a longtemps que les organisateurs du Festival du cinéma américain de Deauville voulaient la fêter, la recevoir. En rencontrant Laura Dern, dans un salon de l'hôtel Normandy, Frédéric Strauss, de Télérama, s'est dit qu'ils avaient bien fait d'insister.

Personne n'a oublié le duo dingue qu'elle formait avec Nicolas Cage dans Sailor et Lula (1990), la Palme d'Or de son complice David Lynch, qui la dirigea dans Blue Velvet (1986), Inland Empire (2006) et vient de la retrouver pour Twin Peaks : The Return. Personne n'a oublié, non plus, sa performance physique et spirituelle dans Jurassic Park (1993), où elle donnait un sens fort à une réplique évoquant un monde dont les femmes hériteraient, après la disparition des hommes, bouffés par les dinosaures.

Personne n'oublie Laura Dern, mais Hollywood semble être souvent passé à côté d'elle, faute de savoir quoi faire d'une singularité qu'elle a le don de mettre partout, grande et gauche et gracile tout à la fois. Lynch, lui, l'adore, bien sûr, justement pour cela.

« Je trouve fou que Meryl Streep soit payée un cinquième de ce que reçoit Tom Cruise pour le même nombre de jours de travail »

A Deauville, l'actrice, qui vient d'avoir 50 ans, a montré qu'elle était parfaitement en phase avec les différentes manières de faire son métier aujourd'hui. Comme Nicole Kidman et Reese Witherspoon, ses partenaires dans la série Big Little Lies réalisée par Jean-Marc Vallée, elle s'est mise à initier des projets à la télévision, notamment Enlightened en tant que productrice ou, en tant que réalisatrice, une collection de courts métrages sur le cancer du sein (Call me crazy : a five film).

Sur la question de l'inégalité des salaires entre hommes et femmes dans le cinéma américain, elle s'est exprimée avec une fermeté tranquille : « Je trouve fou que Meryl Streep soit payée un cinquième de ce que reçoit Tom Cruise pour le même nombre de jours de travail. On voit tout ce qu'il reste à faire ! Mais aujourd'hui, plus les femmes sont provoquées sur ce terrain, plus elles se font entendre. »

« A des années d'intervalle, David Lynch est resté le cinéaste qui provoque ce genre de réactions et cela me rend très heureuse »

Interrogée sur les films et les comédiennes qui l'inspirent, elle cite Emmanuelle Riva dans Amour (2012), avant de déclarer sa flamme à Pedro Almodóvar : « Si seulement j'avais appris l'espagnol, je pourrais le supplier de me donner un rôle ! C'est incroyable que je ne sois pas dans son univers ! Je suis dans le monde de David Lynch alors je dois être dans celui d'Almodóvar, avec toutes ces femmes que je n'oublierai jamais ». Une idée lumineuse, qui montre une ouverture au cinéma dans toute sa diversité, une sensibilité au travail des réalisateurs.

Au sujet de l'incontournable Lynch, Laura Dern partagea cette réflexion simple et aiguisée : « Quand Twin Peaks a commencé à passer à la télévision, les gens disaient : c'est fou, on n'a jamais rien vu de pareil ! Aujourd'hui, mon fils regarde la nouvelle saison de Twin Peaks et il dit : c'est la chose la plus folle que j'aie jamais vue. A des années d'intervalle, David Lynch est resté le cinéaste qui provoque ce genre de réactions et cela me rend très heureuse ».

Pour cette alliée enthousiaste des artistes, née dans le monde du spectacle (ses parents sont les comédiens Bruce Dern et Diane Ladd), l'avenir proche ressemble à un coup de théâtre, avec un rôle dans le nouveau Star Wars : les derniers Jedi, en décembre. La diversité encore, sans perdre le fil conducteur de sa drôle de carrière.

« Quand j'avais 7 ans, je jouais dans ma chambre avec un sabre de jedi en plastique, aujourd'hui on m'appelle pour que je le fasse pour de bon, alors je dis évidemment oui ! En plus, j'aime beaucoup le réalisateur des Dernier Jedi, Rian Johnson. C'est un jeune homme radical et plein d'idées, qui a un grand sens du récit mythologique. Tourner un Star Wars, c'est comme être sur un plateau de David Lynch : on regarde autour de soi et on ne comprend rien à ce qu'on voit ! »

Laura Dern s’est volontiers prêtée au jeu de l'interview post-it. Et elle en a fait un grand moment.

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