Ne lisez pas si vous n'avez pas regardé Twin Peaks : The Return

Le Cauchemar de Laura

Dossier | Par Joseph Boinay | Le 8 septembre 2017 à 15h10
Tags : Série tv

Voilà, c’est terminé. Des millions de téléspectateurs se sont enfoncés dans leur fauteuil Ikéa, la tête entre les mains, médusés : l’apex de la série voyait tous les pronostics d’élucidation s’effondrer en même temps que les corps lourds et désemparés dans leur KNOPPARP orange. Laura Palmer pousse un cri de douleur cauchemardesque, le même qu’on a entendu régulièrement pendant trois magnifiques saisons étirées sur 25 ans, et toutes nos attentes s’éteignent : encore une impasse, en contradiction totale avec ce qui apparaissait comme le dénouement tant attendu. The end. Allez tous mourir. Rideau (rouge).

Ce n’est pas spécialement nouveau, une des composantes les plus fascinantes de David Lynch étant de prendre le contrepied systématique des figures dramatiques classiques. Ici, c’est permanent et presque toujours incroyablement drôle ou touchant : quand les frères mafieux se prennent d’amitié pour Dougie alors que tout laisse présager le contraire (la scène pourrait d’ailleurs être un merveilleux clin d’œil moqueur à la lourdeur emphatique du fameux « what’s in the box » de Seven), un peu partout ailleurs dans ce qui serait un équivalent lynchien du Mr. Chance de Being There

Dans tous les textes, le même travers : oublier le dernier plan

Une hypothèse intéressante pour dénouer le fil de l’intrigue de Twin Peaks saison 3 et, partant, de l’ensemble de la série, serait pourtant de comprendre le dernier plan comme étant, plutôt qu’un point de suspension soumis à toute spéculation, une conclusion tout ce qu’il y a de plus éloquente et rationnelle, au regard du cinéma de David Lynch. Et à cet égard bien plus terrifiante que l’espèce d’ataraxie dans laquelle voudrait se blottir la raison face à l’échec de ses motifs. D’abord totalement sous le choc moi-même, j’ai cherché compulsivement des traces de preuves d’une possible saison 4 qui viendraient justifier cette fin sèche, insensée, jusqu’à me rendre à l’évidence : le chemin tortueux que je souhaitais prendre n’était pas le bon, la série n’a pas été pensée pour être continuée, à l’inverse des deux précédentes. Il est possible qu’elle le soit par la suite, mais elle n’a pas été écrite en ce sens. J’ai donc décidé de ne pas me dérober face à l’adversité et me suis attaqué à ce dernier plan. 

De tous les textes que j’ai pu lire à l’issue du show, le même travers a été pris : oublier ce dernier plan ; chacun chez soi, sans doute prostré et ému, a battu en retraite pour chercher ailleurs : « c’est ce qui fait la beauté du geste de Lynch, de laisser cette grande tache grise » ; le spectateur peut y fantasmer un ailleurs insondable et s’employer consciencieusement à fonder l’exégèse de tout ce qui n’est pas ce dernier plan. Et c’est là sans doute la clé de l’énigme, qui épouse si merveilleusement toute la trame de Twin Peaks, si tant est qu’on voudra bien accorder à mon hypothèse quelque pertinence. Comprendre notre tentative de fuite devant ce plan est aussi ce qui permet de comprendre ce que la fuite a de constitutif dans le corps de la série. On voudrait bien que la Black Lodge existât, mais il n’en est rien. On voudrait continuer à prendre des chemins de traverse pour se dérober encore, mais l’absolue crudité du réel vient nous barrer la route. 

Ne laissons pas trop longtemps notre lecteur dans l’attente et venons-en à l’argument

Cette conclusion en forme de démonstration, on pourrait la formuler très simplement : tout ce qui a pu apparaître depuis le premier plan de la série jusqu’au dernier n’est que le cauchemar de Laura, dont les éléments fantastiques ne sont que l’expression symbolique du refoulé. À y regarder de plus près, c’est bien plus angoissant que le refuge dans un arrière-monde qu’on pourrait désigner par les fameuses « loges ». Il n’y a pourtant pas vraiment de mystère au fait d’appeler loge ce qui n’est que la figure de l’inconscient sur le grand plateau de cinéma qu’est le monde (ou en tout cas celui de Lynch). C’est que Lynch n’est pas le chaman barbu un peu branlot qui fume sa pipe au chanvre pour évoquer, par hasard, la gnose. Juste un type manifestement dans une totale névrose d’abandon.

Les obsessions de Lynch sont nombreuses et traversent tous ses films, mais s’il en est une qui synthétise toutes les autres, c’est la séparation et ce qu’elle induit. Être éloigné de soi-même, être séparé de son frère, de sa femme : voilà ce qui fonde le sentiment tragique chez Lynch. Tragique qui s’exprime toujours dans la perte (de l’autre, de soi) et donc, dans l’isolement. 

L’horreur et la trivialité du réel contre le fantasme du refoulé

Il existe plusieurs précédents dans la filmographie de David Lynch, mais le plus évocateur reste évidemment Mulholland Drive. Cette dernière saison est truffée de thèmes chers à l’auteur d’abord, aux précédentes saisons ensuite (l’autoroute de nuit, la poursuite en voiture, le rêve éveillé, etc.) mais la structure de l’arc narratif de l’ensemble - en miroir - nous paraît plus pertinente pour analyser Twin Peaks. Elle est évidemment à rapprocher de Mulholland Drive, dont tout ce qui précède le dénouement est un rêve qui s’effrite. À l’exception notable que Laura fait sans doute le chemin inverse : elle est déjà dans le cauchemar et se dirige péniblement vers une possible rédemption. On part de Laura et on finit avec Laura, comme on part de Betty Elms pour finir de la même façon. À l’instar de Betty dans Mulholland Drive, la Laura du dernier épisode est bien moins glamour que ce qu’elle se remémore quand elle est jeune (ou dans la loge) : d’abord figée dans la beauté éternelle d’un joli soap crémeux, elle est maintenant serveuse dans un diner miteux, vieillie, visiblement esseulée dans une maison de banlieue sordide, le cadavre d'un homme sur son fauteuil, un pendentif en forme de fer à cheval autour du cou.

Who is the Dreamer ? 

Il est dit qu’il y a un rêveur. Mais qui rêve ? Le plus évident serait de répondre Cooper, puisque c’est apparemment le personnage principal de la saison, dont on suit les élucubrations aussi molles que drolatiques dans le corps de Dougie et les accès de violence froide dans son doppelgänger maléfique. Notre attente ne se résume presque qu’à une seule chose : recoudre les deux morceaux, retrouver notre Cooper chéri, figure presque tutélaire, dont la permanence et la bienveillance amicale et rassurante nous touche au cœur. Et c’est d’ailleurs un moment de joie indescriptible qui nous assaille lorsqu’il reprend toute sa hardiesse dans l’épisode 16. Mais Cooper se rendort et se réveille une dernière fois, sous les traits nouveaux d’un certain Richard, bouclant ainsi son propre arc narratif (il est dit au premier épisode par le Géant qu’il doit se rappeler de « Richard et Linda », Linda est en fait Diane, avec qui il a passé une dernière nuit d’amour). Pourtant, le mystère du dernier plan reste entier, l’horreur est à son apogée. Si ce n’est pas avec l’éveil de Cooper que s’arrête le récit, on peut donc légitimement affirmer que le rêveur dort encore. On pourrait s’employer à éliminer un par un chaque personnage, dont aucun ne laisse de témoignage satisfaisant sur sa nature.  

Anamnèse

Il n’y a qu’un personnage qui n’existe pour ainsi dire pas dans tout le récit, c’est-à-dire qu’il n’intervient qu’à la marge (et c’est assez normal puisqu’il est prétendument mort) : Laura Palmer. La Femme à la Bûche appelle Hawk pour lui dire que le cercle est presque complet et que « Laura est l'unique »... Ou plutôt est-elle la seule à exister. Non pas que Lynch en a décidé ainsi il y a 25 ans, mais on peut imaginer que c’était le meilleur moyen pour lui fermer le ban, eu égards à ses propres marottes. 

Dans cette perspective parfaitement lynchienne, il faut imaginer que ce corps mort originel n’est que la projection symbolique de la rêveuse, figure allongée, en sommeil dans le récit qu’elle a construit, pour échapper à sa propre vérité. Corps enveloppé d’une bâche, en chrysalide, protégée par le rêve, manière de se détourner de l’horreur. Dans la black lodge (l’inconscient, toujours), Laura dit : « Je suis Laura Palmer. Je suis morte. Pourtant, je vis » signe qu’elle est n’est vraisemblablement morte qu’à l’intérieur. Elle enlève la face de son visage, révélant une intense lumière à l'intérieur : autre fonction symbolique qui accréditerait que c’est en elle qu’il faut chercher. Lorsque sa mère Sarah se fait draguer dans un bar par un camionneur agressif, elle ouvre aussi son visage (comme Laura avant elle) mais lui dévoile les ténèbres. C’est probablement l’équivalent de la fameuse « clé » reliant les deux femmes dans Mulholland Drive (qui n’en sont qu’une). Par ailleurs, l’entité démoniaque qu’on appelle l’Expérience s’appelle aussi « Mother ». Plus loin, Leland Palmer implore Cooper de retrouver sa fille. Ainsi, c’est de la quête de Laura, qui n’est en fait pas plus morte que vous et moi (sauf si on en croit Pacôme Thiellement) que se fonde la trilogie, et non pas d’un prétendu meurtrier, puisque personne n’est mort. A ce propos d’ailleurs, le récit est assez clair : Cooper « efface » la mort de Laura en la sauvant de son assassinat. 

Il n'y a pas de gnose derrière Twin Peaks, gnose dispensée par un vieux prêtre barbu, pas de gnose qui supposerait les figures du Bien et le Mal comme antéposées au récit, où plutôt dont le récit se ferait le véhicule. Le Bien et le Mal (Mother, Bob, Bad Cooper, une explosion atomique, des clodos zombies, le Bras armé, Leland Palmer ou quelque nom qu'on veut leur porter) sont tout le contraire : le fantasme de notre propre perte projeté sur un substrat et qui pourrait être la manifestation de passions tristes : un mensonge de soi à soi. Si ce « mal » à l’œuvre dans Twin Peaks, peut aussi s'appeler « l'Expérience », c'est précisément parce que ce bien et ce mal qu'on veut bien nommer ne sont que les deux pièces de notre propre incomplétude. Incomplétude que Lynch cherche sans cesse à exprimer, soit par l’isolement, soit par la confrontation soit par la réunification. Le Bad Cooper et son double bienveillant représentent la lutte que se livre Laura avec elle-même, entre incursion de l’inconscient et déni, pour que le Cooper rassemblé lui permette de se révéler à elle-même. Ainsi, toute l’enquête de Cooper sur sa mort ne serait que le cheminement de l’esprit torturé de Laura, qui n’est morte que symboliquement : il s’agit pour elle de remonter à l’origine de cette fracture psychologique. Que Cooper soit placé dans le corps de Dougie, si lent, est une ruse de l’esprit de Laura pour endiguer ce dévoilement de soi à soi.

Il y a toujours chez Lynch quelque chose d’extrêmement rationnel

Tout est affaire d’attente et de retrouvailles dans la saison 3 ; qu’on retrouve ses proches ou que l’on se retrouve soi-même. C’est d’abord le spectateur qui retrouve des personnages qu’il attendait depuis 25 ans. C’est Briggs qui retrouve sa tête (le spectateur pour le moins), Ed et Norma qui s’unissent enfin, Nadine révélée, Cooper qui se retrouve lui-même ainsi que son grand amour (Diane) grâce à divers éléments faisant, eux aussi, le lien avec le passé (le café, les insignes, etc.). Or Laura ne se retrouve pas, ou plutôt semble percevoir que ce mensonge de soi à soi qui est son rêve se fissure, qu’elle se rapproche d’elle-même, bien qu’en lutte : en revoyant sa maison, elle pousse le cri qu’elle avait déjà poussé un quart de siècle avant, maison dans laquelle on suppose que règne le fantôme de sa mère (ou bien est-elle cachée au premier étage…). Rappelons ce fait énoncé plus haut : le géant parle de « Richard et Linda » dans le premier épisode et c’est ainsi que Cooper et Diane se prénomment dans le dernier épisode : la boucle est bouclée, c’est entendu. On peut donc considérer que le cheval blanc dans la black lodge qui réapparait sous forme de grand médaillon chez Laura Palmer est une autre démonstration possible que la loge n’est que la version fantasmatique de son environnement fracturé et que le récit trouve sa conclusion ici, chez et dans Laura.

Reste que presque tout ce qui constituait la trame de Mulholland Drive trouvait une justification, le double fantasmatique résonnait dans le réel. Il est tout à fait possible de comprendre l’énorme écheveau de pistes prises, d’abord comme éléments narratifs et thèmes chers à David Lynch et Mark Frost, mais aussi comme d’autres ruses de la rêveuse pour rendre le chemin vers elle (comme pour le spectateur) plus tortueux encore.

Là où une série dispose normalement de nombreux cliffhangers et autres rebondissements pour s’assurer bien superficiellement une audience, Lynch cherche à perdre davantage son spectateur afin qu’il entre dans une forme de transe où ce ne sont plus les éléments de l’intrigue qui conduisent à la connaissance, mais un « sentiment » hérité de signes, de symboles, d’impressions, rien qui ne soit par ailleurs incohérent, bien au contraire. Car il y a toujours chez Lynch quelque chose d’extrêmement rationnel, du point de vue psychologique et symbolique, et tout ce qui pourrait apparaître comme l’émanation véritable du fantastique est toujours en fait le résultat d’un cauchemar à élucider. Ces signes sont nombreux, je ne vais pas les énoncer tous, mais en voici quelques-uns :  

  • Un personnage porte un message à Laura : Nadine, qui rejoint l’antienne du psychiatre à « se dépelleter de la merde », autrement dit à s’exhumer soi-même. Nadine est en paix avec elle-même parce elle est sortie du déni. Et quoi d’autre qu’un mort pour se « dépelleter » ?
  • Le fait qu’il soit souvent demandé « Is it future, or is it past ? » doit également indiquer qu’on est dans un rêve, par nature intemporel. Cette intemporalité permet de relier tous les événements entre eux de façon symbolique plus que chronologique : Laura serait la première à savoir qu’il y a deux Cooper (dans la page de son journal intime retrouvé), ce qui indiquerait encore que c’est son rêve.
  • Audrey Horne qui ne sait pas « qui elle est » serait sans doute le doppelgänger de Laura.
  • Les plans sinistres avec sa mère enragée, dont celui où elle fracasse le portrait de Laura, ainsi que le dernier, indiqueraient que la piste du père est un autre leurre (et toute la saison 1)
  • L’électricité qui foudroie et remet Cooper en place : symboliquement, il faut à Laura un électrochoc et Cooper est le fil conducteur. C’est d’ailleurs cet événement qui va précipiter le dénouement. 
  • Quand Cooper arrive chez Laura, intrigué, il lui demande si c’est bien ainsi qu’elle s’appelle, ce à quoi elle répond par la négative : il s’agit manifestement d’une fuite, d’un mensonge ou d’une amnésie. 

Le dernier épisode, magnifique odyssée à la fois lente et angoissante, est la parfaite synthèse de toute la saison : c’est Anubis qui conduit Laura Palmer au poids des âmes ou vers elle-même, patiemment, car il faut retarder l’échéance terrifiante le plus longtemps possible, pour croire à une simple balade alanguie, une balade qui n’en finit pas. Un peu avant, dans le rêve de Cooper, la nuit du supposé meurtre de Laura Palmer, il lui tient la main pour la ramener chez elle et l'éloigner de sa propre mort, inévitable. Lorsqu'il se retourne, elle a disparu et il entend ses hurlements de terreur : elle se dérobe encore. Sur le chemin vers son ancienne maison, elle se sent poursuivie par une autre voiture. A l’image de la première séquence de Mulholland Drive, c’est encore une duperie. Elle raconte enfin superficiellement à Cooper des morceaux de sa vie à Odessa puis s'endort : encore une tentative d’évitement (ou de résignation prostrée). Les voitures qui fondent sur l’asphalte sont les véhicules de folie chez Lynch, ou pour le moins du dévoilement. 

Laissez-vous bercer par le trouble

Quand on arrive vers la maison, encore, l’inconscient veut se battre, en invoquant des personnages qui n’existent plus ou qui ont eu tendance à se dérober dans les précédentes saisons (Mrs. Chalfont, Mrs. Tremond, qui ont abrité BOB ou la Bras Armé). Lorsqu’enfin la masse de signes fait s’écailler les résistances, Laura pousse le cri terrifiant qu’on connaît et qui signe la fin. C’est bien dans cette maison et c’est bien de sa mère que vient sa prostration. Il est tout à fait imaginable que le viol de Laura par son père ait effectivement eu lieu, mais pas sa mort, et que cette mort n’est que le refoulé de Laura face à une réaction de rejet et de folie de sa mère. Nous n’en saurons pas plus et à vrai dire, peu importe : l’existence d’un trauma est réel et tout le reste n’est qu’un voile à ce réel.

Structurellement, la tentation de penser Lynch comme un mystique qui croirait dans des forces occultes ou un arrière-monde me paraît aussi bête que de croire soi-même en la Black Lodge. On sait Lynch adepte de la méditation transcendantale, mais il y a fort à parier que pour quelqu’un dont les cauchemars sont si saillants, il ne s’agit que d’un apport pragmatique, un onguent ; il faut y voir, avant une métaphysique, une recherche d’apaisement, de structure. 

Lynch se nourrit de la forme du genre au cinéma pour servir sa narration : 

  • le soap ou le mélo ont une fonction double : à la fois une critique nuancée de l’American Way of Life mais aussi l’évocation du sentiment amoureux ; sentimentalisme amoureux qui permet de rendre plus douloureux l’expérience de la perte, perte exprimée par :
  • le fantastique l’horreur et/ou la science-fiction pour évoquer le symbolisme du refoulé
  • la figure du buddy movie pour exprimer la fraternité et la bienveillance
  • le polar, l’enquête ou le road movie pour servir de fil rouge au cheminement psychanalytique. 

Sur le plan particulier de la saison 3, on assiste à un étirement des séquences, qui correspond à la fois à ce que Laura repousse, mais également à une tentative de reprise en main de la durée, où, à l’accélération toujours grandissante du rythme, au montage-cut, Lynch oppose la lenteur de l’attente vraie (de l’attente juste). Il y a probablement un jeu avec le spectateur ici, qui trépigne davantage, Lynch redonnant au suspens sa valeur suspensive (absolument infernale en même temps que majestueusement belle dans le final), en refondant le ressort comique non pas sur la précision du rythme, mais sur son allongement, et enfin en épousant la volonté de se « retrouver » (et ce, de quelque manière que ce soit) à l’œuvre dans toute la saison et dont le précédent le plus spectaculaire serait Une histoire vraie, road movie calme comme un lourd fleuve. 

S’il y a donc une conclusion à apporter à toute votre confusion, la voici : ne soyez pas troublés. Ou plutôt si : laissez-vous bercer par le trouble, en n’omettant pas de reconnaître ce qui vous hante. Et de vous réveiller tiens. 

Au revoir, Laura Palmer. Et à bientôt.

"Ceci est l’eau. Et ceci est le puits."

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83 commentaires
  • user_3452192
    commentaire modéré On ne négocie pas avec les théoristes
    11 septembre 2017 Voir la discussion...
  • JohnnyCowboy
    commentaire modéré @user_3452192 Meilleur commentaire du web entier.
    11 septembre 2017 Voir la discussion...
  • Sleeper
    commentaire modéré @JohnnyCowboy j'avais fait une MC un peu dans le même esprit http://www.vodkaster...grace/324375#Sleeper
    11 septembre 2017 Voir la discussion...
  • zephsk
    commentaire modéré @user_3452192 https://media.giphy....DvCTHuc3JK/giphy.gif
    13 septembre 2017 Voir la discussion...
  • zephsk
    commentaire modéré @Polo42 Je ne dénie à personne le droit d'explorer toute la mythologie lynchienne, bien au contraire (et effectivement, je n'en avais ni le temps, ni la place, ni forcément l'envie.) Ça peut d'ailleurs être passionnant dans une démarche cohérente de réflexion sur l'oeuvre. J'ai davantage de mal avec les charlatans qui cherchent à vendre leur came en travestissant le matériau pour soutenir leur prêche, quelques atours de fun dont ils peuvent se parer.
    Il est encore tout à fait loisible de penser qu'une hypothétique quatrième saison bouleverserait ma lecture (pourquoi pas le rêve de Laura imbriqué dans un autre ? On n'est plus à ça près...)
    Mais c'est précisément dans cette durée et cette temporalité (qui irriguent toute la saison 3) que je fonde mon analyse et ça me fait me rendre compte que le parallèle avec Friedrich est ma foi plus pertinent encore maintenant que j'y pense, au regard de l'aspect généalogique et sous-terrain de sa pensée : rien n'est plus trompeur que de figer ce qui est en mouvement.
    Pour ma part j'en ai fini avec ma réflexion, j'ai bien digéré tous les remugles et la beauté de la série. Je la laisse infuser et j'en reprendrai bien une nouvelle tasse un de ces 4.
    En attendant je sors de "Ça" et la dimension psychologique (on ne peut plus revendiquée) fait bien pâle figure à côté.
    Bonne nuit les petits
    13 septembre 2017 Voir la discussion...
  • zephsk
    commentaire modéré Une vidéo qui illustre partiellement mon propos : https://www.youtube....crKM&app=desktop
    13 septembre 2017 Voir la discussion...
  • Charlie
    commentaire modéré Merci @zephsk pour ce super article et la discussion qui s'ensuit.
    15 septembre 2017 Voir la discussion...
  • geordie_blues
    commentaire modéré Polo42, votre analyse est très pertinente et me séduit grandement. Toutefois, comment éviter une lecture plus ésotérique ou mystique quand les écrits de Mark Forst engendrent clairement une lecture en ce sens (et beaucoup moins riche d'ailleurs..) ? Pourquoi insiste-t-il sur cet aspect en écartant totalement une interprétation plus "lynchienne" de cette fantastique série ?
    12 avril 2019 Voir la discussion...
  • Desgaddi
    commentaire modéré @geordie_blues Alors d'abord tu peux me tutoyer :)
    Je ne vois pas bien en quoi une lecture plus ésotérique et/ou mystique de The Return serait "moins riche" ? C'est justement un des sous-entendus que j'ai évoqué dans ma tirade (l'exégèse étant par essence mystique, et donc riche à mon sens)
    Concernant le travail de complément effectué par Frost (que je n'ai pas lu en entier je précise), il relève d'une démarche encyclopédique voire explicative qui va assez à l'encontre de la matière que j'ai cherché à travailler et à analyser dans Twin Peaks -> à savoir la série et les films (FWWM et Missing Pieces). C'est un parti pris qui n'appartient qu'à moi (et je serais prêt à le remettre en question si l'envie me prenait de lire les bouquins de l'univers étendu), et je pense d'ailleurs que chacun peut aborder une mythologie comme il le sent. (Le principe d'autorité dans une mythologie existe t-il ?)
    Très personnellement (car c'est un peu la seule chose dont je peux parler honnêtement et sans erreur) : j'ai d'abord vu les 2 premières saisons, puis les films et enfin The Return. Entre temps j'ai grandi et ai progressivement développé des intérêts (voire des obsessions) pour certains aspects de cette oeuvre, plus que pour d'autres : l'esthétique, la dimension spirituelle, la position artistique face aux courants contemporains de la culture pop, le ludique de la narration, des intrigues, les questionnements philosophiques induits, et bien sûr l'amour pour les personnages. À la fin de mes visionnages j'ai, comme tout le monde, cherché à résoudre le puzzle (tout en sachant intuitivement que c'était impossible). Aujourd'hui je constate que Twin Peaks m'en a bien plus dit dans les tripes et dans le coeur que dans la tête. Je n'ai plus souvenir de toutes les spécificités narratives et symboliques qui mènent à un sens global de TP. Et comme à l'époque, ça ne me dérange pas. Ça me pousse même à rejouer le jeu. À revivre l'expérience.
    "L'interprétation" d'une oeuvre ne passe pas, à mon sens, par un quadrillage. Une grille de lecture, par essence, est un cadre, conscient, que l'on forge pour se repérer d'UNE façon. Et quand un tel cadre émerge "trop" aisément d'une oeuvre, ce n'est généralement pas bon signe pour les amoureux de l'exégèse. Twin Peaks ne rentre clairement pas dans cette catégorie. L'interprétation que l'on peut en faire, sur le long terme, passe par un oubli naturel du labyrinthe, qui laisse place à une impression. Une suspension dans le temps que Lynch nous a proposé, et dont tout un ensemble d'images nous revient, quand bien même ces images se fondent dans une confusion.

    Pourquoi Frost insiste sur son interprétation ? Parce que c'est la seule qu'on puisse tous faire.
    Je pense sincèrement que Lynch n'a pas "compris" Twin Peaks en cela qu'il n'a pas conscientisé son essence. Une grande oeuvre est toujours plus grande que son public. Dire qu'on a "compris" Twin Peaks, 2001, la musique de Pink Floyd ou Nietzsche c'est très présomptueux. Et c'est ce qui rend ces travaux, ces oeuvres, bouleversantes et, je pense, assez intemporelles.
    12 avril 2019 Voir la discussion...
  • Desgaddi
    commentaire modéré Quand je dis "c'est la seule que l'on puisse tous faire" j'entendais que "l'interprétation de chacun" est la seule que nous soyons tous en capacité de faire. Celle de Frost appartient à Frost.
    Comme il est un intermédiaire entre l'oeuvre et nous, il ajoute des éléments à l'histoire. Mais ce sont des ajouts qui n'appartiennent qu'à lui, nous ne sommes pas tenus de connaitre en détail pour interpréter Twin Peaks.
    C'est ça que j'essaye globalement de raconter.
    12 avril 2019 Voir la discussion...
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