“Sauvés par le gong” charcuté sur Instagram : c'est ça le futur ?

9 novembre 2018
“Sauvés par le gong” charcuté sur Instagram : c'est ça le futur ?

Ça n’est pas vraiment un scoop : la consommation de vidéos déserte la petite lucarne au profit des internets. Youtube est ainsi devenu la première chaîne de « télévision » des 15-24 ans et en 2020, 50% de notre temps passé devant des « images qui bougent » devrait être mobile.

Pas d’emballement toutefois : si beaucoup d’entre-nous regardons toutes sortes de contenus plus ou moins indispensables (à l’instar des fameuses stories Instagram de fin de soirée), les fictions restent alanguies au creux des bons vieux écrans 16/9e dans leur écrasante majorité. Reste que l’avenir commence à chatouiller quelques âmes désireuses de ne pas rater le train en marche. Un train qui aurait tendance à quitter les rails et se prendre pour une fusée… Vous l’aurez compris, on parle des vidéos verticales, jusqu’alors honnies des cinéphiles respectables. Des tentatives, il y en a déjà eu : on pense notamment à Mommy (2014) et son format 1:1 (qui n’est certes pas à proprement parler "vertical") ou au dernier épisode d’Homecoming, qui alterne flashbacks et temps présent en passant d’un format l’autre. Mais jusqu’à présent, ces propositions n’ont toujours existé qu’en opposition à l’imagerie traditionnelle : dans Mommy on s’en libère pour symboliser l’émancipation d’un ado torturé, dans Homecoming elles ne sont qu’un marqueur de la temporalité du récit. Et s’il existe un Festival du film vertical en Australie (avec écran idoine), il s’agit pour l’essentiel de courts-métrages expérimentaux. D’où le caractère assez intriguant de l’initiative de NBC, qui a décidé de rediffuser un dinosaure de la série adolescente : Sauvés par le gong (1989-1993), ses amourettes fluos et son mauvais goût au frontispice des bandanas. Jusqu’ici c’est déjà curieux, mais le pari un peu dingue et inédit du network américain est de propager l’ensemble des épisodes sur sa chaîne Instagram, reformatés en conséquence, c’est-à-dire en 9/16e. Pour ce faire, certaines scènes difficilement modifiables ont été coupées et l’image recadrée sur les personnages actifs. Cela donne de petites vignettes acidulées (de quatre à cinq minutes) et de qualité un peu médiocres (la faute au zoom), mais totalement visionnables sur son smartphone. Si l’entreprise ressemble surtout à prototype et un moyen d’amener le public à bingewatcher la série par des moyens plus traditionnels, ce premier pas est notable parce qu’il émane d’un géant de la télévision. Il y a là peut-être un signe pour les temps à venir. Et toute proportion gardée, on repense à Fritz Lang, visionnaire, pour qui “Le Cinémascope n'est pas un format pour filmer les hommes, mais les serpents et les enterrements.” Est-ce à dire que le portable redonnera sa dignité à l’humanité debout ?

1 commentaire
  • Sushi_Overdose
    commentaire modéré Je comprends pas du tout l'intérêt de la démarche puisque tu peux très bien regarder des éléments au format 4/3 ou 16/9 en tenant le téléphone à l'horizontal...
    Ca devrait être puni par une cécité immédiate de recadrer du contenu vidéo, c'est de plus en plus employé à la télévision avec les images d'archives : soit l'image est tronquée, soit l'image est horriblement étirée au format 1.85:1. C'est atroce.
    Sinon pour les vidéos verticales, pour en avoir réalisé une, c'est un format qui peut être intéressant ponctuellement sur du court, ou pour des séquences dans un long, mais pas plus. Et les festivals, ou du moins, les sections verticales en festival, commencent à fleurir. Mon film vertical sera d'ailleurs projeté en Italie en décembre.
    12 novembre 2018 Voir la discussion...
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