Big in Japan

Cannes 2015 : La Forêt des songes de Gus Van Sant

Festival / Récompenses | Par David Honnorat | Le 17 mai 2015 à 18h20

Sixième film présenté en compétition à Cannes 2015, La Forêt des songes de Gus Van Sant a essuyé quelques sifflets en projections de presse. Dur dur pour celui qui avait triomphé ici-même en 2003 avec Elephant.

Film américain de 1h50. Avec La Forêt des songes, Gus Van Sant nous emmène pour la première fois de l’autre côté du continent américain, dans la forêt de Aokigahara au Japon, un lieu où les hommes malheureux se rendent pour mourir. Arthur Brennan, interprété par Matthew McConaughey (oscarisé pour son rôle dans Dallas Buyers Club) a bien décidé lui aussi de s’éteindre dans “la forêt des suicides”, mais sa détermination sera ébranlée par un homme (Ken Watanabe), aussi – sinon plus – mal en point que lui. Son désir d'en finir se verra donc remplacé par l'impulsion humaine de sauver son homologue nippon. C’est le début d’une longue errance au coeur de la forêt pour les deux âmes en peine. Elephant avait déjà valu une Palme d'or à Gus Van Sant en 2003, La Forêt des songes lui permettra-t-il de renouveler la consécration ?

Une scène : thérapie de couple

Naomi Watts est endormie sur le canapé, son Mac sur les genoux. Une bouteille bien entamée et un verre de vin signalant qu'elle a bu sans doute pas mal, mais son mari (McConaughey) ne s'en formalise pas. Délicatement (amoureusement ?), il lui retire ses talons pour déposer ses pieds nus sur un coussin. Puis, doucement, il la débarasse de ses lunettes. Une scène préalable nous l'a signalé pourtant, il y a de l'eau dans le gaz et le couple ne va pas aussi bien que le suggère cette charmant attention. En effet, dès son réveil, la dispute éclate. Reproches contre reproches, personne ne gagne et le flashback se clôt sur une porte qui claque. Comme dans un épisode de Lost c'est par ce genre de retours en arrière qu'on comprend peu ce qui a conduit McConaughey dans la forêt des suicides.

Open bar

Cannes peut aussi se consommer tranquillement à la maison. Découvrez nos cocktails cinéphiles, spécialement concoctés pour se substituer aux films sélectionnés...

Il y a généralement deux types de cocktails dans la filmographie de Gus Van Sant. Promised Land, Will Hunting ou A la rencontre de Forrester sont des espèces de Virgin Mojitos doux et sucrés bien différents des mélanges à la fois plus relevés et plus secs que sont Gerry, Elephant ou Last Days. La Forêt des songes appartient à une nouvelle catégorie qui, parce que trop chargée, peut assez vite écoeurer. Mélangez au shaker Wild à Lost in translation en prenant bien soin de retirer toute forme de personnage féminin consistant, puis diluez l'ensemble avec un peu de Gerry. Versez doucement un peu de L'Odyssée de Pi sur la fin pour le questionnement de la frontière entre réalité et fiction en situation de survie.

Cinemojis

Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :

Le juste prix

Pas facile de trouver dans cet océan de déception ce qui pourrait mériter un prix, mais la ferveur avec laquelle McConaughey enchaîne les gamelles au coeur de cette forêt maudite mérite quand même d'être saluée. Parti pour s'y suicider tranquilou à coups de médicaments, Matthew change d'avis lorsqu'il rencontre une bonne âme à sauver. Le film de suicide se change alors en survival et, manque de bol, le sort s'acharne sur notre pauvre personnage principal qui n'arrête pas de se casser la figure. Rien de tel visiblement qu'une petite chute de 6 mètres sur les rochers pour vous redonner le goût de la vie. Allez, c'est cadeau : Prix Benny Hill de la chute à répétition. Avec les honneurs !

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