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Cannes 2015 : le Palmarès des ovations

Festival / Récompenses | Par Florent Dufour | Le 24 mai 2015 à 17h50

Nous avons enregistré chacune des ovations qui ont suivi les projections presse des films en compétition à Cannes 2015. Est-il possible de trouver la Palme d'Or à l'oreille ?

Chaque soir à Cannes, lors de la projection des films en séance de gala, les équipes présentes ont généralement droit à de longues standing ovation. Difficile toutefois de déterminer d'une séance à l'autre si les applaudissements sont destinés au film ou aux personnalités qu'on retrouve émues sur l'écran géant du Théâtre Lumière. Dans les projections presse qui ont lieu soit le matin avec du public dans la grande salle, soit le soir entre journalistes dans la salle Debussy (1000 places environ), l'ambiance est différente et les ovations plus courtes. Il arrive même qu'on entende quelques sifflets. S'il est évident que les préférences de la presse (qu'on peut d'ailleurs retrouver dans tel ou tel tableau des étoiles) ne présagent généralement pas du Palmarès officiel, il est possible de trouver quelques signes dans ces réceptions. Analyse.

La Forêt des songes de Gus Van Sant
Il est 21h et une salle pleine de journalistes vient de découvrir le nouveau bébé du réalisateur d'Elephant. On peut s'attendre à un triomphe, non ? Pas vraiment, le cinéaste américain a déçu et quelques critiques à la mémoire courte n'hésitent pas à y aller de leur «Bouuuuh !». Pour la Palme, cette fois-ci ça parait compliqué...


Marguerite et Julien de Valérie Donzelli
Si l'on se fie au langage corporel des spectateurs assis autour de nous durant la projection, il semblerait que le film soit loin de faire l'unanimité : on s'agite sur son siège, on souffle très fort du nez et de la bouche, on se met la main sur la tête. A priori, il y avait de quoi s'attendre à une bronca dès les 1ères images du générique de fin à l'écran. Mais rien de tout ça, juste quelques applaudissements peu convaincaints, synonymes d'indifférence polie.


Valley of Love de Guillaume Nicloux
C'est à croire que les retrouvailles entre Gérard Depardieu et Isabelle Huppert, dans (quasiment) leurs propres rôles, n'ont pas passionné les foules du Théâtre Lumière en ce jeudi soir : applaudissements peu nourris, et si vous tendez bien l'oreille, on croit même distinguer par 2 fois un bien mystérieux «Oooohhhhh !!» émanant d'un côté de la salle. Le monsieur devait probablement avoir trop chaud, lui aussi.


Notre Petite soeur de Hirokazu Kore-eda
Attention, ceci est un cas un peu particulier : après s'être fait refouler à 2 reprises des projections, nous avons dû rattraper le film lors du dernier jour du festival. Et qui dit dernier jour, dit forcément public moins nombreux. Autre précision : le film a été projeté dans la salle Bazin, qui peut contenir environ 300 personnes. On est donc loin des 2300 du Théâtre Lumière. Néanmoins, quelques applaudissements éparpillés ont tout de même conclu la projection de ce joli film.


Dheepan de Jacques Audiard
Précision qui a son importance : le film a été vu en séance du lendemain, c'est à dire le jour d'après sa présentation en grandes pompes dans le Théâtre Lumière, et donc 2 jours après les projections presse. Il ne faut donc pas trop s'inquiéter de la faible intensité d'applaudissements, qui est principalement dûe aux conditions de visionnage. Parce que le film mérite de toute façon mieux que ça.


Macbeth de Justin Kurzel

Un bien étrange cas que celui-ci : les applaudissements semblent importants, on pousse des cris enthousiastes mais au milieu de ça, un râle long de 2 secondes. Sans doute le cri du coeur du festivalier fatigué après 10 jours à bouffer de la pellicule et à boire du champagne. Car pour être totalement précis, il faut signaler que cette lourde adaptation de Shakespeare a été montrée à la presse à 8h30, et à la veille de la fin du Festival. Il faut reconnaître que c'était un coup assez rude à encaisser.


Louder Than Bombs de Joachim Trier
Une nouvelle projection en salle Bazin, donc pas le plus haut volume d'applaudissements. D'autant plus que le film a été projeté à 22h donc à minuit, l'engourdissement lié à la fatigue pouvait se faire sentir. On constate tout de même une absence totale de huées ou sifflets, alors que le film est visiblement loin d'avoir convaincu la presse internationale. A moins que cette quinte de toux finale ne soit lourde de sens...


Chronic de Michel Franco
Malgré sa fin chelou, le film de Franco semble avoir plu à ses spectateurs. Là encore il s'agissait d'une séance du lendemain, mais malgré ces conditions particulières, les applaudissements sont bel et bien là. On peut même entendre en fin d'enregistrement un sombre individu, placé juste à côté de nous, qui souhaitait montrer avec bruit son enthousiasme en applaudissant à quelques centimètres du micro. Pas sûr que le jury soit sensible à une telle entourloupe.


Le Fils de Saul de László Nemes
Annoncé par Thierry Frémaux comme étant un film potentiellement polémique de cette édition, et alors qu'il semble, le 1er film du jeune réalisateur hongrois n'a pas eu droit à un déchaînement de foule pour sa 1ère projection en plein après-midi (il faut dire qu'en sortant à 18h, le journaliste pense plus à prendre l'apéro). On notera tout de même quelques applaudissements excités en début d'enregistrement, qui marquent un réel enthousiasme très localisée. Avant que le soufflet ne retombe assez rapidement.


The Lobster de Yorgos Lanthimos
Le film un peu fou du cinéaste grec a dû en décontenancer plus d'un, si l'on en croit ces applaudissements ni très longs, ni très intenses. Une personne isolée a pourtant tenté de lancer une seconde salve à elle toute seule. Mais ce fut un échec cinglant.




Tale of Tales de Mateo Garrone

De chouettes applaudissements pour les contes de fées du cinéaste italien. Une réaction positive sans doute liée au fait que son film a eu la chance d'être projeté lors du 1er jour du festival. Alors le journaliste est encore frais, pur et innocent, et préfère garder ses cartouches pour d'autres films.


Mia Madre de Nanni Moretti
Des applaudissements francs du collier pour le dernier Moretti, pendant près de 10 secondes. Présenté à 8h30 dans le Théâtre Lumière, le film semble avoir ému une grande partie de la salle (on a même cru distinguer quelques larmes coulant le long des joues). Les journalistes auraient-ils un coeur ?


Sicario de Denis Villeneuve
Malgré ses allures de thriller comme on en a déjà vu plein, le film a eu droit à une belle salve d'applaudissements. Avec là encore une tentative de relance, toujours ratée. Mais globalement, les journalistes n'ont pas rechigné à se plonger matinale dans le sympathique monde des cartels mexicains.


Mon Roi de Maïwenn
Voilà encore une étrange réception. Car au milieu des acclamations, on peut entendre clairement, et par 2 fois (décidément), un spectateur hispanophone hurler "NEPOTISMO !!". On sent le monsieur énervé de voir le film de Maïwenn présenté en compétition officielle. Cette réaction a-t-elle touché les membres du jury, présents juste derrière nous ? En tout cas Manuel Valls, également assis derrière nous, a ri du nez plusieurs fois pendant le film.


La Loi du marché de Stéphane Brizé
Encore une projection de 8h30 se terminant par de francs applaudissements. Et comment pourrait-il en être autrement, tant le film de Stéphane Brizé remue le coeur et l'estomac, malgré l'heure matinale et le lendemain de soirées ? Et ce malgré l'heure encore matinale. Merci Vincent Lindon et la très belle musique du générique de fin.


The Assassin de Hou Hsiao-Hsien
Le public était visiblement content de retrouver HHH, presque 10 ans après son dernier long-métrage. Et oui, ce que vous entendez en arrière-fond, c'est bien de la musique bretonne.




Youth de Paolo Sorrentino

Belle ovation, bien qu'émaillée de quelques huées éparses mais vite noyées par les acclamations. La durée et l'intensité des applaudissements indiquent clairement que les journalistes ont été touchés. Donc grosse cote pour la Palme d'Or.


Mountains May Depart

La voilà l'ovation, la vraie. Si l'on devait se fier à ces enregistrements, on pourrait en conclure que la Palme d'Or irait sans conteste à Jia Zhangke. Si les journalistes étaient aussi prompts à se lâcher en projections qu'ils se la donnent sur les dance floors, nul doute qu'ils se seraient levés de leur siège pour offrir ne leur seule et unique standing-ovation à Jia Zhangke. Il faut reconnaître que conclure son film sur "Go West" des Pet Shop Boys, c'est assez irrésistible.


Pour les plus assidûs d'entre vous, il ne vous aura pas échappé qu'il manque un film de la compétition à ce palmarès particulier : Carol de Todd Haynes. La raison en est toute simple : trop pris par le film et sa conclusion, nous en avons oublié nos obligations et avons manqué d'enregistrer les réactions du public. Ce que l'on peut vous dire, c'est que les nombreux applaudissements qui l'ont accueilli sont encore dans nos esprits. Et peut-être aussi dans ceux des membres du jury.

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