Femme des années 70

Tout savoir sur Potiche de François Ozon

Garanti sans spoiler ! | Par Simon Bannes | Le 10 novembre 2010 à 14h25

Chaque semaine, on se penche pour vous sur le film qui fait l'événement. Comment est monté le buzz ? Pourquoi le film est incontournable ? Que faut-il savoir pour briller dans la file d'attente ? On vous dit tout sans trop en dévoiler dans notre rubrique « Garanti sans spoiler ! ».

En 2001, l'ancien de L'IDHEC (actuelle Femis) François Ozon qui avait fait une incursion avec un premier long-métrage absurde et remarqué (Sitcom) avait connu un immense succès grâce à Huit Femmes. Comédie policière ludique et populaire, le film réunissait les plus grandes actrices françaises pour un crêpage de chignon général (et musical) savoureux.

Après ce joyeux coup d'éclat, François Ozon était retourné au drame qu'il maîtrise aussi à la perfection, des plus conceptuels (5x2) aux plus noirs (Le Temps qui reste), en passant par le sublime et flamboyant mélodrame Angel.

Après les deux petites productions osées et atypiques que sont Ricky et Le Refuge, Potiche marque le retour tant attendu d'Ozon à la comédie classe et populaire.

A la vue du trailer sans fausse note et parfaitement calibré pour inciter à se ruer dans les salles dès aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de penser à 8 Femmes. D'abord, parce que Potiche est aussi l'adaptation d'une comédie de boulevard jouée sur scène dans les années 80 avec Jacqueline Maillan dans le rôle-titre, ensuite, car les costumes kitsch et colorés ainsi que les décors cartons pâte évoquent la stylisation poussée à l'extrême de 8 Femmes, enfin parce que "la reine Catherine", comme tout le monde s'accorde à l'appeler, rejoue à nouveau devant la caméra d'Ozon pour notre plus grande joie :

Le Casting all-star éclectique
Le tournage très éprouvant pour toute l'équipe de 8 Femmes, avait procuré peu de plaisir à toutes ces grandes actrices qu'il fallait chouchouter une par une. Si le tournage de Potiche fut fatiguant, l'ambiance fut bien meilleure.

Catherine Deneuve prête ses talents d'actrice à la fois classe, drôle, attachante et maternelle à l'héroïne Suzanne Pujol, chargée de reprendre les rennes de l'entreprise dirigée par son mari, blessé suite à une grève générale. Celui-ci est interprété par Fabrice Luchini qui fait ici preuve d'une grande finesse de jeu tant dans le comique sarcastique que dans le registre dramatique.

La fille à papa coiffée comme Farrah Fawcett, est un personnage de peste tête à claque que Judith Godrèche joue avec brio parvenant à la rendre touchante, à l'inverse du frère fils à maman gauchiste joué assez platement par Jérémie Régnier (pourtant remarquable en héros des Amants Criminels, drame pervers de François Ozon datant de 1998). Karin Viard joue, en grossissant la caricature de façon jubilatoire, une secrétaire dévouée corps et âme à son patron mais bien décidée à changer grâce à la nouvelle patronne.

Enfin, le maire communiste de la petite ville du nord de la France, non nommée dans le film, c'est Gérard Depardieu, qui sans en faire trop, n'épate pas vraiment, bien qu'il reste un séducteur tout à fait crédible.

« La Musique, oui, la musique »
La musique originale a été composée par Philippe Rombi, un fidèle collaborateur de François Ozon. Très lyrique et interprétée par un orchestre symphonique, elle n'est pas sans rappeler celle de 8 Femmes. Le reste de la bande originale est composé de tubes des années 70 interprétés par Sylvie Vartan, Johnny Halliday, Boney M ou encore les Bee Gees. A noter : une scène déjà culte dans laquelle Catherine Deneuve fait la vaisselle tout en fredonnant "Emmène-moi danser ce soir" de Michèle Torr, ou encore cette folle danse bien rythmée offerte par le duo mythique Deneuve - Depardieu sur "Viens Faire Un Tour Sous La Pluie" chanté par Il était une fois. Enfin, ajoutons que pour incarner Catherine Deneuve jeune dans les flash-backs successifs qui ponctuent le film, François Ozon a choisi Elodie Frégé, ancienne gagnante de la Star Academy qui ne cesse d'évoquer l'élégance raffinée de Deneuve au fil de ses albums classieux.

Les influences et hommages : du Boulevard à Jacques Demy, en passant par Truffaut
Depuis Sitcom, François Ozon s'est souvent amusé à rendre hommage, ou s'approprier (avec un grand respect et un très bon sens de la dérision) des références. Potiche n'échappe pas à cette envie de vouloir citer habilement des cinéastes. On remarquera avec quel soin le réalisateur à tenu à évoquer Jacques Demy à travers les couleurs vives des costumes qui tranchent parfois avec les décors gris du nord. Ou encore comment il glisse une scène chantée comme dans Les Parapluies de Cherbourg, film qu'évoque l'usine à parapluie du film bien évidemment, tout comme le choix de Catherine Deneuve qui à elle seule contient une bonne partie de la mémoire du cinéma français. Aussi, les retrouvailles de Depardieu et Deneuve évoquent tout autant Truffaut que Claude Berri. Enfin, le contexte de grève et de contestation ouvrière rappelle le drame musical sur les ouvriers révoltés des chantiers navals de Nantes dans Une Chambre en ville.

Marketing ludique
Sur le site officiel du fil Potiche, on peut s'amuser à faire le test "quelle potiche êtes-vous?". De plus, on peut écouter la chanson thème du film chantée par Catherine Deneuve en duo avec son ancien beau-fils Benjamin Biolay, également pygmalion d'Elodie Frégé sur son deuxième album.

Enfin, sur le compte facebook du film, on a pu voir cette superbe affiche japonaise, un brin kitsch et art nouveau, à mettre en parallèle avec celle, italienne, qui tire un peu vers le mauvais boulevard (ce que le film est loin d'être, s'en détachant pour se transformer en mélo comique jubilatoire!) :

Qu'en pensent les blogueurs?
Pour Le Yéti sur Kub3 , « Le dosage de Potiche est fabuleux, touchant une minute, hilarant la suivante et ce avec un rythme endiablé. La gestion des entrées et des sorties, héritées sans doute de la pièce originale, frôle presque le génie avec des scènes splendides ; une séquence en particulier permet à Depardieu de briller comme rarement, passant du rire aux larmes en un instant. ». Nico de Filmosphère évoque une « Comédie aussi improbable que délicieusement barrée, Potiche signe le grand retour de François Ozon après ses errances dramatiques pas toujours heureuses. En retrouvant Catherine Deneuve qu'il avait noyée dans la distribution de 8 Femmes il lui offre non seulement un très grand rôle de composition mais en fait un symbole de libération de la femme. Film féministe jusqu'au bout des ongles, Potiche n'en reste pas moins une pure comédie de moeurs toujours délicieuse, jamais vulgaire, jamais déplacée, mais pas si sage pour autant. Un petit bonheur à savourer pour tant de raisons évidentes. » Enfin Hugo (par ailleurs développeur chez Vodkaster) émet quelques réserves sur Toutestneutral : « Le message sous-jacent du film est délivré avec assez de maladresse pour qu'on n'ait pas vraiment envie de le comprendre ni même s'y intéresser. Le côté un peu ridicule de la scène finale montre bien qu'il n'y aura pas de grands enseignements à tirer de ce conte contemporain, sympathique mais pas indispensable.»

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